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Aurélie Berland et Mié Coquempot ouvrent le festival June Events

June Events, l’estival festival du CDC – Atelier de Paris qui se déroule à la Cartoucherie de Vincennes et dans divers lieux partenaires, vient d’ouvrir ses portes. Pour inaugurer sa 11ème édition, deux chorégraphes françaises se sont partagé l’affiche : Aurélie Berland avec Pavane… [miniature et miroir] et Mié Coquempot avec 1080 – Art de la fugue. Une soirée toute en contraste.

Pavane… [miniature et miroir] d’Aurelie Berland

June Events, qui se tient du 1er au 17 juin, est donc lancé, et avec lui la saison des festivals. Moment fort de la programmation du CDC – Atelier de Paris, cette nouvelle édition, comme en témoigne la pièce de Mié Coquempot pour sa soirée d’ouverture, met une fois encore l’accent sur les liens qui unissent danse et musique. 40 rendez-vous dont 7 créations et nombre de premières parisiennes, invitent 25 compagnies françaises ou internationales, émergentes ou déjà renommées, à présenter leurs travaux, un peu partout dans la capitale. Car outre le délicieux écrin champêtre que constitue la Cartoucherie, le festival se déploie cette saison au Centquatre, au Théâtre Paris-Villette, mais aussi au Musée de la Chasse et de la Nature, au Panthéon ou dans divers jardins et places.

Aurélie Berland, justement, est l’une des interprètes de Sur le fil de Nacera Belaza qui se jouera à la Cartoucherie. C’est là aussi qu’elle a présenté en ouverture de festival sa première pièce de groupe en tant que chorégraphe, pour quatre danseuses dont elle-même, Pavane… [miniature et miroir]. Celle qui, formée au CNSMDP à la notation Laban, reconstruit régulièrement des pièces de répertoire à partir de partitions, y revisite à la manière d’un palimpseste le chef d’œuvre de José Limon, The Moor’s Pavane. Dans une première partie, miniature, elle réduit ce quatuor inspiré d’Othello en un solo. Dans une seconde, miroir, elle le redéploie en un nouveau quatuor, entièrement féminin.

Pavane… [miniature et miroir] d’Aurelie Berland

À moins d’être un.e spécialiste de José Limon, retrouver l’œuvre originale dans sa Pavane… n’est pas chose évidente. Elle en élude jusqu’à la musique d’Henry Purcell, remplacée ici par une composition du performeur Marc Baron, Un salon au fond d’un lac. Mais le propre d’un palimpseste n’est-il pas d’effacer de premiers écrits pour les remplacer par de nouveaux ? Qui plus est, en transformant la partition Laban, outil habituel de mémoire, en un outil de création, elle donne à voir une œuvre qui peut se goûter même sans référence. Pavane… est une pièce de danse minimaliste, élégante, où le mouvement pur et la géométrie des déplacements tiennent lieu de dramaturgie. Fondée sur de multiples changements de directions, sa chorégraphie n’est pas sans évoquer un autre grand nom de la danse américaine, Lucinda Childs.

À l’épure d’Aurélie Berland, répondait en deuxième partie de soirée la profusion baroque de Mié Coquempot qui présentait sa dernière création, 1080 – Art de la fugue. Cette ancienne interprète de Peter Goss, Daniel Larrieu (qui, lui, clora le festival) ou de William Forsythe, déjà auteure d’une trentaine de pièces, a pour habitude de mêler les disciplines et de travailler avec des compositeurs contemporains, le plus souvent joués live. Elle se confronte ici pour la première fois au répertoire « classique », en mettant en danse l’œuvre éponyme de Jean-Sébastien Bach, sommet de l’écriture contrapuntique. Fascinée par cette partition et son mystérieux inachèvement, elle entreprend de créer par la chorégraphie, « un face à face entre structure musicale et pensée sociale« .

1080-Art de la fugue de Mié Coquempot

Un danseur, d’abord, s’essaie à un numéro d’équilibriste sur un bas muret blanc qui longe le fond de scène. Puis les tableaux s’enchaînent, plateau nu bordé par des rangées de portants dans lesquels les dix interprètes, sous le regard bienveillant de La Bourrette, créateur des costumes, viennent piocher fraises, crinolines et corsets revisités. Les scènes chorales sont d’une très belle composition et d’une musicalité remarquable, si bien que souvent, l’oreille s’attache à la partition du clavecin, de l’orgue ou du piano selon le danseur que l’œil suit. Las, l’introduction de textes savants ou comiques, de longs tableaux érotico-burlesques, comme un retournement inopiné de tapis de scène, du blanc au noir, ont en ce qui me concerne brouillé le message et gâché la fête. Mais le public, lui, largement composé de professionnels ce soir-là, n’a au contraire pas boudé son plaisir.

1080-Art de la fugue de Mié Coquempot

 

Pavane… [miniature et miroir] d’Aurélie Berland. Avec Aurélie Berland, Claire Malchrowicz, Louise Hakim et Lola Atger. 1080 – Art de la fugue de Mié Coquempot. Avec Julien Andujar, Jérôme Brabant, Ashley Chen, Alexandre Damasse, Charles Essombe, Léa Lansade, Philippe Lebhar, Maud Pizon, Nina Vallon et Pascal Saint-André. Jeudi 1er juin 2017. Le Festival June Events du CDC Atelier de Paris continue jusqu’au 17 juin.

 

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