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Une année au LAAC – Cours et répétition de danse actuelle

Le spectacle de fin d’année du LAAC approche. Pour l’un des derniers épisodes de notre série Une année au LAAC, DALP s’est donc glissé en répétition. Le choix s’est porté sur les apprenties-pro travaillant leur chorégraphie de danse actuelle qu’elles présenteront sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées le 25 juin. La danse actuelle, qu’est-ce que c’est ? Un cours donné par Julie Suchestow qui fait travailler la danse contemporaine, la danse moderne et le hip hop. Un peu de tout alors ?  « Beaucoup de tout« , aime rectifier Nicolas Le Riche. Surtout un cours intense, énergique, très physique aussi. Reportage en cours et en répétition.

 

En cours…

Nous faisons connaissance avec Julie Suchestow dès le mois de novembre, avant une répétition du Faune. Lundi matin, les pros et apprenties se retrouvent dans le studio Coupole du Théâtre des Champs-Élysées pour démarrer la semaine avec leur cours de deux heures danse actuelle. Pour les grand.e.s, la nuit a été courte, avec le Concours Nijinski la veille en province. Mais le cours n’est pas là pour les économiser, d’autant plus que la professeure déborde d’une énergie communicative (même pour nous, simples spectatrices). Tout le monde se retrouve d’abord en cercle pour un échauffement très physique, entre abdos, gainage et étirement. Mais on ne parle pas de douleur. « Je ne veux pas que tu souffres, je veux que tu respires« , lance en souriant Julie Suchestow à Jesse.

 

Puis place à un enchainement au sol. La chorégraphie comme l’apprentissage vont très vite, les groupes s’enchaînent sans souffler. « Allez chercher loin » revient souvent, dans la bouche de la professeure, tout comme « Respire« . Question de contrôle aussi, « On ne se laisse pas chuter. On reste tenu pour ne pas se faire mal« . Pas facile pour ces élèves, ayant essentiellement une formation classique, de se glisser dans cette physicalité. « Courage. Je sais que ce n’est pas votre truc. C’est pour ça qu’on le fait« , encourage Julie Suchestow. Emma fait partie des élèves pour qui la chorégraphie n’est pas facile à apprivoiser. « J’ai un peu de mal, mais ça me fait du bien justement. J’adore ce cours« , explique-t-elle. « C’est difficile physiquement. Il faut beaucoup se concentrer sur son centre. C’est là que l’on se rend compte que l’on en a besoin. On doit vraiment être au-dessus, dans les sauts, dans tout ce qui est contraction. C’est beaucoup plus dur d’enchaîner la chorégraphie quand on n’a pas le centre« . Pour Julie Suchestow, ces cours de danse actuelle apportent beaucoup à ces étudiant.e.s plus familiers.ères de la danse classique. « Cela leur apprend le relâché, la respiration, l’oubli de la forme. Ça les envoie dans un autre univers. Et c’est en même temps extrêmement technique. Ils ne s’en rendent d’ailleurs pas compte, parce que nous passons par d’autres chemins« .

Le deuxième exercice se fait en diagonale, mélange des grands battements et des changements de direction. Les élèves repassent l’exercice, essayant de comprendre la gestuelle. « Cherchez, cherchez, mais au bout d’un moment, il faut trouver« , motive Julie Suchestow. Le troisième passage part sur un ternaire et des pirouettes. « Tu te stresses toute seule. Dès que tu arrives à ta pirouette, tu deviens méchant avec toi-même« , conseille la professeure à une élève. Le quatrième exercice se centre sur des spirales. Puis place à un périlleux travail de portés. « Lui prend l’autre, l’autre s’en sert pour créer un mouvement. Il part dans la direction qu’il a donnée, ou au contraire le pousse« . Chacun.e se place avec un.e partenaire, se lance. Des coups de pied se perdent, souvent dans un éclat de rire. « Laissez le temps au corps« , explique la professeure. « Ne réfléchissez pas trop. C’est de la danse, pas que de la réflexion. C’est du corps, de l’instinct. Et tant pis si c’est bancal« . L’indication « Cherchez » revient souvent comme correction, « parce qu’ils sont responsables. C’est pour ça qu’on passe aussi par un temps d’improvisation ». Et parfois, le mouvement arrive à se suspendre, le geste est compris.

 

… Et en répétition

Retour au cours de danse actuelle quelques mois plus tard, en juin. Le spectacle des élèves du LAAC est dans moins de 15 jours. Pour travailler, la salle est divisée en deux par une barre. Les pros prennent un cours d’un côté. De l’autre, les plus petites apprenties répètent la chorégraphie qu’elles vont danser sur scène. Certaines ne la connaissent pas, elles doivent l’apprendre pendant le cours des plus grandes. Deux petits groupes se forment, l’un mené par Inès, l’autre par Soizic. Au bout d’une heure, les pros sortent du cours, place à la répétition. « On fait une fois sans musique. Puis avec. Puis on corrige« , guide Julie Suchestow. La chorégraphie est forcément plus simple que pour les pros. Mais la danse n’en reste pas moins complexe, rapide, mélangeant les formes, demandant une grande précision dans les comptes. Et la professeure va vite. Pendant que les filles dansent, les corrections fusent, les changements de placement à faire aussi, il faut comprendre vite et appliquer tout de suite. La chorégraphe bouge quelques lignes, réfléchit aux déplacements : il faut faire de la place aux filles qui viennent de s’intégrer dans la chorégraphie.

 

Les corrections portent plus sur l’engagement que sur la technique pure. « Cours Lisa, ne fait pas semblant de courir !« . Et puis voir plus grand, danser plus grand, toujours. « Allez, grande ! Immense !« , lance la professeur pendant le solo d’une élève. « Ça emporte, ça contamine, ça devient de plus en plus grand, ça s’étire, allez !« . Clairemarie Osta arrive pour la fin. Se posent ensuite les questions pratiques : avec ou sans chaussette ? Cheveux lâchés ou queue de cheval ? Les filles filent une dernière fois la chorégraphie. Certaines ont plus d’aisance à s’accaparer cette façon de danser. « Les élèves ont déjà toutes une certaine aisance dans le corps, c’est vraiment la technique classique qui leur a donné. Après, ils ne sont pas forcément solides, au sol par exemple. On voit que c’est un langage qu’ils ne maîtrisent pas, ils peuvent y être très maladroit.e.s« , explique Julie Suchestow. « Mais ils ont cette chose qui est très importante au LAAC : ils ont l’esprit ouvert. Ils jouent le jeu, ils essayent sincèrement. Ils dansent. C’est ça qui est extraordinaire dans cet l’apprentissage : on ne se pose pas de question, on fait les choses. Parce que l’on a envie de jouer et de savoir jouer« .

 

 

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