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Noos et Religieuse à la fraise – Première escale sous forme de duos au festival (Des)illusions

Le deuxième opus du festival (Des)illuisons est lancé. Pour ouvrir les festivités : deux duos réunissant un homme et une femme, deux formes courtes écrites à quatre mains, présentées l’une à la suite de l’autre dans la cabane du théâtre Le Monfort. Le premier, Noos, de et avec les circassiens Justine Berthillot et Frédéri Vernier est une petite merveille poétique, intime et néanmoins spectaculaire. Le second, Religieuse à la fraise, réunit la danseuse Kaori Ito et le comédien Olivier Martin-Salvan dans une sorte de farce légère où les protagonistes jouent de leurs différences.

Noos de Justine Berthillot et Frédéri Vernier

Noos de Justine Berthillot et Frédéri Vernier

Lorsque le public pénètre dans la salle, Frédéri Vernier est assis sur un sol de carton ondulé qui pourrait être sable, Justine Berthillot gis sur ses jambes, inerte. Il scrute les pieds, les mains de sa comparse, puis les laisse retomber tels des poids morts. Ses grands yeux calmes semblent s’interroger, nous interroger. Peu à peu, à force de manipulations tendres ou brutales, le corps de la jeune femme reprend vie, s’érige à la verticale, jusqu’à rejoindre les sommets, portée dans les airs par son partenaire. Mais après ce moment d’apothéose où les regards des deux protagonistes pétillent d’une radieuse complicité, c’est son corps à lui qui se fatigue, s’étiole. C’est alors la voltigeuse qui doit tenter de soulever, de redonner vie au porteur…

D’une recherche sur le main à main qui n’aurait pu être que formelle (comment porter l’autre dans différents états de corps, que se passe-t-il lorsque c’est le plus frêle qui manipule le plus massif ?), Justine et Frédéri créent un spectacle empli de sens et d’émotions. Ils interrogent avec humour et poésie, sans oublier le spectaculaire, le rapport à l’autre, le nous. Leur duo évoque tout aussi bien les relations d’amitié, de couple ou parent/ enfant, dans lesquels les rapports de force et une certaine violence se mêlent à l’entraide, à la tendresse, au don de soi. Noos charme, interroge, fait sourire mais aussi trembler lorsque Justine Berthillot s’envole ou que Frédiri Vernier la porte par le cou. Cette pièce d’une grande finesse est une vraie réussite !

Noos de Justine Berthillot et Frédéri Vernier

Noos de Justine Berthillot et Frédéri Vernier

Vient ensuite Religieuse à la fraise, fantaisie dans laquelle la danseuse Kaori Ito et Olivier Martin-Salvan jouent de tout ce qui les oppose. Elle est Japonaise, lui Français. Elle est danseuse et chorégraphe, lui comédien et chanteur. Elle pèse 40 kg, lui 120. Créant une série d’images étranges et souvent drôles, ils mêlent leurs cultures, leurs disciplines, leurs physiques antagoniques. Curieux monstre à deux bustes partageant d’abord le même bas de jogging noir, ils s’observent, s’étreignent et plus tard se bâtent, version sumo ou enfants turbulents et malicieux.

Aussi séduisante que soit cette pièce drôle et légère, aussi investis que soient ses interprètes qui semblent s’y amuser beaucoup, elle tourne un peu court, le propos n’allant pas au-delà du pur divertissement. Si les enfants présents dans la salle semblent ravis, cette Religieuse-là laisse l’adulte que je suis sur sa faim.

Religieuse à la fraise de Kaori Ito et Olivier Martin-Salvan

Religieuse à la fraise de Kaori Ito et Olivier Martin-Salvan

Quoiqu’il en soit, passer un moment dans le fourmillant et si convivial Monfort est un réel bonheur. Dégustez un délicieux gâteau au châtaignes tranquillement lovés sur un transat, entourés de grappes de spectateur.rice.s auxquel.le.s se mêlent les artistes et vous vous croirez loin de Paris. Pour que le plaisir soit plus complet ce jour-là, peut-être aurait-il simplement fallu inverser l’ordre des représentations. Le badin Religieuse à la fraise aurait sûrement fait une belle mise en bouche pour l’intense Noos.

Religieuse à la fraise de Kaori Ito et Olivier Martin-Salvan

Religieuse à la fraise de Kaori Ito et Olivier Martin-Salvan

 

Noos et Religieuse à la fraise au théâtre Le Monfort dans le cadre du festival (Des)illusions. Noos de et avec Justine Berthillot et Frédéri Vernier. Religieuse à fraise de et avec Kaori Ito et Olivier Martin-Salvan. Samedi 12 mars 2016. Le Festival (Des)illusions à voir jusqu’au 3 avril.

 

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