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Eonnagata, ou la fusion Sylvie Guillem, Robert Lepage et Russell Maliphant.

Poussé par la curiosité, et par l’envie toujours vivace d’apercevoir la Déesse Sylvie Guillem, je me suis rendu le jeudi 6 janvier au Théâtre des Champs-Elysées pour découvrir Eonnagata, spectacle conçu et interprétée par la so sublime danseuse Sylvie Guillem, le metteur en scène québécois Robert Lepage et le chorégraphe britannique Russell Maliphant.

Sous ce titre assez obscur d’Eonnagata, les trois artistes ont voulu raconter l’histoire du Chevalier d’Eon. Espion hors pair pour Louis XV et Louis XVI, il se déguisait régulièrement en femme pour réussir ses missions. Il mourut à Londres en 1810, dans la misère, alors que la Révolution avait changé la donne. Malgré une autopsie, qui assurait bien qu’il avait tout d’un homme, le mystère autour de sa sexualité continua de persister, et contribua à faire de ce personnage un mythe.

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J’avoue que le choix de cette histoire a beaucoup attisé ma curiosité. Quel intéressant personnage pour un spectacle, avec ce qu’il faut d’aventures, de mystères, de possibilités scéniques et de questionnements. Cela laissait également présager un spectacle en partie narratif, et éviter l’écueil du contemporain un peu trop prise de tête.

Si Eonnagata n’est pas ma grande découverte de la saison, et qu’il ne m’a pas forcément captivé de bout en bout, il propose de nombreuses choses très intéressantes. Tout se déroule en différents tableaux, relatant la vie du Chevalier d’Eon de façon plus ou moins abstraite. L’ambivalence autour de sa sexualité reste l’idée maîtresse, et les trois interprètes s’en donnent à cœur à joie à s’échanger les costumes de ce personnage. Quelques tableaux sont particulièrement réussis : celui du début, très énergique, où les trois dansent de tables en tables, un duo entre un chevalier blanc et un chevalier noir, avec une Sylvie Guillem tourbillonnante, ou encore un solo de cette dernière, tout en ombre et lumière (mon moment préféré je crois).

Quelques passages m’ont laissé plus perplexe, comme les scènes de Kabuki. C’était pour moi une totale découverte du genre, mais ma voisine, qui connaissait ce style, était en totale pâmoison. D’autres tableaux, plus contemplatifs, m’ont carrément fait regarder ma montre, mais ils étaient au final assez peu nombreux.

Evidement, celle que je regardais restait Sylvie Guillem. Sublime à chacun de ses mouvements, à chacune de ses apparitions, avec des levés de jambes toujours aussi déments, à regretter que sa propriétaire n’ait plus l’envie d’en faire un Cygne Noir. Car les parties dansées restaient tout de même très rares. Eonnagata n’est pas un ballet, plutôt une performance scénique. Si Robert Lepage semble s’être bien amusé, le chorégraphe et la danseuse ont un peu oublié leur art. Sylvie Guillem a une présence scénique incroyable et une voix fascinante, mais c’est véritablement quand elle danse qu’elle touche au sublime. Le plus beau passage restait d’ailleurs son solo. Et malgré son très grand engagement, j’ai eu l’impression qu’elle et ses capacités étaient en permanence sous-employées.

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Les trois artistes ont en fait voulu se faire plaisir. Ils ont pu monter un spectacle sur leurs noms, et faire tout simplement et uniquement ce qu’ils avaient envie de faire. Ils y ont mis ce qu’ils aiment : la danse contemporaine, le kabuki, les arts martiaux. Ils s’essayent au théâtre et au chant. Sylvie Guillem, comme je l’ai dit plus haute, joue ainsi la comédie. La voix est magnifique, mais le débit reste un peu rapide (oui, c’est moi qui dis ça). Une aussi grande liberté reste rare finalement. Surtout que j’ai senti chez eux une totale sincérité dans leur engagement, sans jamais (trop) tomber dans la sur-intellectualisation.

Sylvie Guillem reste toujours aussi entière, et elle a bien le droit de faire ce qu’elle veut. Mais ce spectacle, malgré le plaisir de la revoir, reste finalement assez frustrant.

Commentaires (3)

  • emilie

    décidément, j’y étais aussi donc on aurait pu s’y recroiser… je suis d’accord que le spectacle dans son ensemble n’est pas complètement abouti (a un goût d’inachevé), mais de très beaux passages, dont la danse de l’éventail de maliphant ou la scène finale du miroir.

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  • J’avais très envie d’y aller. Le sujet m’intéressais et puis… Sylvie Guillem!

    Mais le côté théâtre et peu de danse m’a un peu dissuadée.

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  • @Emilie : C’est en effet notre semaine ! 😉 Et je te rejoins sur la danse de l’éventail, c’était un très joli moment.

    @Cams : c’est vrai que c’est frustrant… J’ai trouvé les critiques dans la presse assez dures. C’est sûr qu’on aimerait voir plus danser Guillem, ça n’en fait pas un spectacle complètement raté pour autant.  

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