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Une année au LAAC – Jour de spectacle

Notre année au LAAC se termine… Après avoir suivi pendant toute une saison les élèves de l’Atelier d’Art Chorégraphique créé par Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta, pendant leurs cours de danse et ateliers, place forcément au spectacle pour terminer. Le dimanche 25 juin marquait le dernier jour de cours pour les étudiant.e.s, aussi le jour du spectacle sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées. Pros, apprenties, enfants et amateurs sont monté.e.s sur scène pour présenter leur propre création. Le tout s’est terminé avec Para-ll-èles de Nicolas Le Riche, dansé par lui-même, Clairemarie Osta et les pros. Nous avons vécu toute cette journée des coulisses. 

 

En coulisse

Il est 10h dans le studio Coupole, que nous connaissons désormais bien. Les pros et les apprenties sont en cours de danse, donné par Clairemarie Osta. Avant le spectacle, il ne s’agit pas d’un échauffement, mais d’une véritable leçon, avec corrections et rigueur. Même si ce dernier cours de danse est un peu particulier : « C’était le dernier cours de la saison, le dernier tout court pour certain.e.s qui vont partir la saison prochaine« , explique Clairemarie Osta. L’émotion ne se lit pourtant pas sur les visages, plus concentrés qu’autre chose. Même si Anna le reconnaît : « C’est très dur de se dire que c’est le dernier jour« . Pour d’autres, la fatigue est là : Jesse, Robin et Garance sont en ce moment au Ballet de l’Opéra de Bordeaux pour danser Roméo et Juliette, ils sont arrivé.e.s très tard sur Paris la veille. 

Vers 11h, tout le monde prend possession des loges, les plus grandes se chargeant de la répartition. Chez les apprenties, les plus jeunes, la pression commence tout doucement à monter. « On se sent bien, mais un peu stressée« , explique Maïa. Chacune prend sa place, sa chaise, son coin de miroir, sort son maquillage de son sac, déplie ses costumes. Même sérénité chez Clairemarie Osta. « Nous avons fait le plus dur ! Tout le monde maintenant est en autonomie. Il y a un grand plaisir de partager le travail des élèves avec le public. Je suis très fière« . Pour Manon, une élève pro qui termine son cursus, le spectacle « est l’aboutissement de toute l’année. Après une année dans le studio, nous pouvons nous exprimer, sentir la scène et le public« . Formée à l’École de Marseille et au CNSMDP, c’est dans ce dernier établissement qu’elle a rencontré Clairemarie Osta, alors directrice du département danse. « Elle m’a parlé du projet LAAC que j’ai rejoint. Clairemarie Osta développe tout un intérieur. Sa danse a vraiment une âme. Chaque geste, chaque mouvement, a une histoire, même en cours« .

Vers 11h30, tout le monde descend en scène pour des derniers réglages. Il faut notamment revoir Para-ll-èles, qui se danse avec des parachutes (en soie, spécialement conçus pour le théâtre). Quelques placements sont à revoir. Comme souvent dans un théâtre, le planning ne se déroule pas tout à fait comme prévu, suite à un souci technique, même si le régisseur-plateau se veut rassurant. « Tout va fonctionner, j’ai confiance« , glisse-t-il dans un sourire. « Ça ne se passe jamais comme on l’imagine, mais c’est le miracle de la scène« , continue Anna,  pas encore stressée, mais avec plein de choses à penser en tête. Manon se dit « heureuse » de terminer le spectacle avec cette pièce. « On a tourné avec cette pièce toute l’année. C’est symbolique de terminer par elle. Et c’est magnifique de pouvoir danser avec eux, de pouvoir partager la scène avec eux. Nous apprenons beaucoup à les voir interpréter un rôle, bouger, réagir…. à voir comment ils dansent« . Pour cette dernière répétition, chaque pièce est filée une fois, avec la mise en place des saluts. « On est tous un peu fatigué, mais restons attentifs sur les bras. Et là, vous êtes partis trop tôt« , recommande Nicolas Le Riche. La plupart des créations se font en musique live, avec les flûtistes déjà rencontrées au Louvre – Désirée Belfer, Agnès Boursier et Maïne Pion-Piola – ou le pianiste-violoncelliste Matthieu Lecoq. Certaines apprenties, chignon bien fait, se glissent en coulisse pour regarder. Nicolas Le Riche s’est installé dans la salle pour suivre les répétitions, Clairemarie Osta s’est assise près du piano, dans un coin de la scène. « Soyez attentifs aux espaces, l’un par rapport à l’autre. Ça n’a pas fait ça hier !« , il s’agit de rester concentré, tout comme de contenir certains rires qui fusent parfois en coulisse. 

À 14h, à trois heures du spectacle, l’ambiance a un peu changé dans les coulisses. Les enfants et amateurs sont arrivé.e.s, ainsi que tou.te.s les musicien.ne.s, ce qui crée forcément plus de bruit et d’agitation. Pas question cependant pour Manon de se laisser perturber. « Je me protège, je me ferme, je reste dans mon truc. Et je ne parle pas trop avant de monter sur scène« , souffle-t-elle. Le stress commence à se faire sentir dans les loges. Au milieu de tout ce brouhaha, certains arrivent à garder leur calme : deux ados lisent tranquillement au foyer tandis que Jesse est parti faire une courte sieste chez les machinistes. C’est au tour des enfants et ados de répéter une dernière fois, ils dansent une pièce de danse actuelle. La professeure Julie Suchestow est là en coulisse. « Aux enfants, je vais leur demander de l’énergie, ils se font manger par le trac. Pour les apprenties, au contraire, la scène les réveille !« . 50 personnes sont sur scène pour une dernière mise en place, mais tout se fait dans un certain calme.

 

Place au spectacle

Vers 16h, la concentration règne chez les pros et apprenties. Ça se maquille et ça s’échauffe, parfois des écouteurs sur les oreilles. Il y règne cette ambiance si caractéristique d’une loge de danseuses, où l’odeur de la laque se mêle à l’excitation. Vers 16h45, tout le monde descend sur le plateau. Minutieuse, Emma passe un petit coup de chiffon sur le lino pour enlever une tâche. « Il y a toujours un petit coup de stress avant de commencer le spectacle« , explique Manon. « Mais une que c’est parti, je m’éclate ! Je fais ce que j’ai à faire et je profite au maximum, parce que ça passe toujours trop vite« . Chacun.e marque sa partie, parfois les yeux fermés, se rassure sur certains comptes. Il y a du stress sur les visages, mais aussi des sourires. Le brouhaha de la salle se fait entendre de plus en plus distinctement. À 16h57, c’est l’heure des derniers conseils. « Maintenant, on se calme« , lance Clairemarie Osta aux enfants. « Profitez-bien de tout, et restez concentré. Dès que l’on va en coulisse, plus un bruit ! Et n’oubliez pas : soyez très joyeux quand vous entrez en scène« . 17h02, le noir se fait sur le plateau. 17h03, la voix-off demande au public d’éteindre son portable. 17h04… Le spectacle commence

Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta trouvent leur place en coulisse. Le premier ne quitte pas le régisseur-plateau, donnant quelques tops, veillant à ce que tout se passe bien. La deuxième s’occupe plus des élèves et des coulisses, qui réservent toujours ses petits imprévus. Ainsi avant une pièce de groupe, mouvement de panique : il manque une chaise. Vite retrouvée au détour d’un rideau par Clairemarie Osta. À la fin de la pièce, une apprentie fait un peu de bruit la reposant sienne en coulisse, sous le regard furieux d’une pro. Mais ces incidents s’oublient vite, le spectacle s’enchaîne, chacun.e a des changements de costumes à faire. Les apprenties, notamment, ont droit à une pièce où chacune danse un petit solo, souvent sur pointes. À la sortie, l’une d’elles lève les deux poings en l’air, tout sourire : tout s’est bien passé. Mano, se concentre pour son solo Sens. « Je voulais chercher l’exploration du mouvement, les sensations intérieures. Ce solo part de rien, de la naissance d’être, pour arriver au corps dansé« . Au départ créé pour Anna, c’est finalement Manon qui danse sa propre pièce. 

Au bout d’une bonne heure, place à l’entracte. Et l’ambiance se calme un peu en coulisse : les enfants sont partis s’installer dans la salle, les apprenties se changent en coulisse. Seul.e.s restent les pros. Pour les problèmes de costumes de dernière minute, Nicolas Le Riche applique le système D, soit un coup rapide de scotch noir pour maintenir la jambe du pantalon de Jesse, qui menace de tomber avant Une après-midi. Après avoir dansé, Camille s’assoit au bord d’une coulisse pour observer sa pièce dansée par deux élèves. Clairemarie Osta et Nicolas Le Riche – tout en ne quittant pas le régisseur – commencent à s’échauffer : eux.elles aussi vont bientôt monter sur scène. En coulisse, cela commence de nouveau à s’agiter. Les apprenties sont revenues, mais il faut bien se coller au mur, car les coulisses disparaissent pour Para-ll-èles, et personne ne doit être à vue. Les deux professeurs et leurs élèves pros se retrouvent en scène pour un dernier moment.

Rideau. Applaudissements. Bouquets de fleurs. Rideau. Dans la salle, la lumière s’est rallumée. Sur le plateau, ce sont des embrassades et beaucoup de larmes. Plusieurs pros ont fini leur formation, ils vont partir. Ce spectacle était leur dernier moment au LAAC. « Nous avons eu beaucoup de plaisir à être avec vous, à être surpris par vous !« , lance Nicolas Le Riche. « La porte est toujours ouverte« . Personne ne le sait encore, mais le Danseur Étoile partira l’année prochaine pour diriger le Ballet Royal de Suède, même s’il ne lâche pas le LAAC. « Profitez pleinement des vacances« , continue Clairemarie Osta. « L’année prochaine sera une nouvelle année, avec d’autres surprises, d’autres rencontres« . Pour Manon, cela se fera entre « passer des auditions, prendre des cours au LAAC et d’autres cours ailleurs dans Paris« . Son but est d’entrer dans une compagnie néo-classique. Son rêve ? Les Ballets de Monte-Carlo. « J’adore leur répertoire ! Et c’est une compagnie diversifiée, avec beaucoup de nationalités« . Jesse, Garance et Robin n’ont par contre pas le temps de trop s’épancher : un train les attend, ils doivent être le lendemain demain matin à Bordeaux pour les répétitions de Roméo et Juliette. Ainsi va la vie des artistes. 

 

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