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Portes ouvertes 2016 du CNSMDP

Pendant que les élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris sont en spectacle au Palais Garnier, les classes de danse classique et contemporaine du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse Paris (CNSMDP) font leurs Portes Ouvertes. Pendant deux jours, les élèves montrent un bout de leur classe, dans le lumineux Studio Garnier ou la salle d’art lyrique. La cession 2016 a été passionnante, avec plusieurs nouveaux professeur.e.s dans le cursus classique, et un travail important de répertoire dans les classes contemporaines. Visite de ceux deux journées de danse, instantanés de classe où il est impossible de tout voir (que les classes non citées ne nous en veuillent pas !).

Les DNSP3 classique garçons, classe de Jean-Guillaume Bart

Les DNSP3 classique garçons, classe de Jean-Guillaume Bart

Tout démarre au Studio Garnier en début d’après-midi, avec la classe préparatoire et DNSP1 classique garçons de Bertrand Belem. Petit problème de planning, je n’arrive que pour les saluts, belle classe de jeunes garçons chaleureusement applaudis. Place ensuite au filles, la classe préparatoire classique d’Isabelle Riddez. Il s’agit des premières années, certaines n’ont donc que quelques mois de sport-étude dans les jambes. Il y a tout un travail sur les bases de la technique. La classe démarre avec un adage, « un travail sur le contrôle« , avant de passer aux pirouettes et à la petite batterie. les filles mettent ensuite les pointes. « Plus de chic ! De la danse !« , les encourage leur professeure. La classe se termine par une révérence inspirée d’Émeraude, en hommage à Violette Verdy.

Émeraude, la couleur des justaucorps des filles classiques DNSP1 qui viennent ensuite, la classe de Nolwenn Daniel, nouvellement arrivée. Et c’est un joli coup de coeur. Le niveau monte clairement d’un cran, la technique est assurée, les filles sont musicales et ensemble, formant un joli corps de ballet. « C’est une année très importante« , explique Nolwenn Daniel. « Il y a tout un travail sur l’endurance, aussi la construction d’un fil conducteur : le bas de jambe doit être solide et précis pour que le haut du corps puisse se libérer« . De fait, les exercices sont plutôt longs, faisant aussi travailler le souffle. Sur des musiques du ballet Études (également prises par les autres classes), les élèves enchaînent un exercice de relevés sur pointes, des pirouettes, des tours attitude, pour finir par une diagonale de piqués en tournant. Dans la salle d’art lyrique, les filles d’Étudianse classique passe chacune une variation du répertoire, devant l’oeil de Claude de Vulpian

Les Étudianse classique filles, classe de Claude de Vulpian

Les Étudianse classique filles, classe de Claude de Vulpian

Changement d’ambiance en salle d’art lyrique. La classe Étudianse (qui vient après le Prix) contemporaine propose une reconstruction de Pour l’instant de Daniel Larrieu. Cette expérience a été initiée par Nicole León, une violoniste du Conservatoire. Sur scène, il y a une immense écoute entre elle, le pianiste et les élèves, qui proposent deux interprétations de cette pièce profonde. Puis retour au classique avec les DNSP3 garçons (l’année du prix), menés d’une main de fer par Jean-Guillaume Bart. Les exercices sont non seulement techniques, mais donnés dans une construction particulière, avec des enchaînements de pas pas évidents. Jean-Guillaume Bart fait aussi travailler le style, assumant son héritage de l’école française, faisant beaucoup travailler la vélocité du bas de jambe. Et le professeur n’est pas facile : s’il peut lancer un « Juste ! » net à un élève quand il réussit quelque chose, il n’hésite pas non plus à s’agacer quand les corrections ne sont pas comprises assez vite pour lui. Le niveau est haut, les garçons sont encouragés à briller lors des grands sauts. Le cours se termine avec le passage de la variation de Tchaïkovski pas de deux, bien menée par les élèves qui passent un par un.

Après Wim Vandekebus par les DNSP 3 contemporain, et un joli travail autour du Sacre du printemps de Pina Bausch par les DNSP1 contemporain, retour au Studio Garnier, et retrouvailles avec les DNSP1 classique pour un cours d’improvisation/composition de Sylvie Berthomé. Après une pièce créée par les élèves, filles et garçons enchaînent sur une impro avec comme consigne, selon les groupes : tout ce que l’on peut faire avec ses pieds, avec ses mains ou avec sa tête. Pour ces élèves de danse classique, il s’agit de trouver une autre manière de s’exprimer, loin du langage académique. Les élèves de DNSP1 contemporain prennent la suite pour un cours passionnant de danse contact de Catherine Nicoladzé. La danse contact, qu’est-ce que c’est ? Une danse contemporaine, où le contact (avec l’autre, le public, l’air, les objets…) donne lieu à des improvisations. Le public se place en arc-de-cercle, entourant les élèves. Ces derniers pratiquent quelques exercices sur le travail du poids ou de la pression, avant de se lancer dans une improvisation. Un élève démarre. Un autre entre en scène, cela devient un duo. Puis un troisième, un quatrième, jusqu’au groupe. « Ils doivent avoir conscience du groupe qui augmente sans perdre leur individualité« , explique la professeur. Le tout est très beau. Les élèves sont totalement à l’écoute des autres. Ils se touchent, se portent, cela entraîne un mouvement, une sensation. Il y a l’impression d’assister à une danse très personnelle, très intime. Une jeune danseuse explique d’ailleurs après coup que c’est très étrange pour elle de faire de la danse contact devant un public.

Les DNSP1 contemporaine, classe de danse contact de

Les DNSP1 contemporaine, classe de danse contact de Catherine Nicoladzé

La journée se termine par le formidable cours de danse jazz de Cathy Bisson, pour les DNSP2 contemporain. Son cours est plus classique, en montrant quelques exercices de « barre » (qui se passe au milieu) et une variation sur une musique de Duke Ellington. Cathy Bisson tourne autour des élèves, les corrige, les encourage. « On travaille beaucoup la mobilité de la colonne, un travail particulier de la danse jazz« . L’ambiance est studieuse autant que vivante, chaque élève montre déjà de la personnalité, une présence particulière.

C’est d’ailleurs avec cette classe coup de coeur que j’entame la deuxième journée, et leur cours de contemporain de Cheryl Therrien et son délicieux franglais. La technique est ancrée au sol, mais il y a encore des évocations du classique, avec des grands jetés ou une structure d’exercices (adage, dégagés, etc). Les gestes sont décisifs et beaux. C’est une classe, mais déjà un spectacle. Puis place de nouveau au classique avec les DNSP 2 garçons de Laurent Novis. Et le mot d’ordre : simple et droit au but. Ses exercices ne font pas dans la fioriture, mais sont d’une efficacité redoutable pour la technique. Après des grands battements et des dégagés, place à l’adage (« On soigne les mains et les bras« ), les pirouettes (« On appuie au sol« ), les tours secondes et plusieurs exercices de petite batterie et de sauts, avant les inévitables tours en l’air et doubles assemblées. Le niveau est excellent, les élèves déjà affirmés dans leur technique, c’est une classe très agréable à regarder.

Les DNSP2 contemporaine, classe de danse jazz de Cathy Bisson

Les DNSP2 contemporaine, classe de danse jazz de Cathy Bisson

Petit détour de nouveau, par les DNSP2 contemporain pour « Variation chorégraphique sur le système nerveux ‘Réactions, émotions, intentions' ». Un beau moment là-encore, accompagné parfois par une chanteuse, une pièce qui surprend et charme et où chaque élève a le temps de s’exprimer. Retour ensuite au cours de danse de caractère de Roxana Barbacaru pour les préparatoire et DNSP1 classique. La professeure a fait tout un travail de répertoire : les premières années dansent Coppélia, les deuxièmes le final des Deux Pigeons. Tout est en place, et c’est très beau ! Les élèves terminent par quelques petits passages techniques, entre diagonales pour les filles et sauts à la russe pour les garçons.

Pour les DNSP3 classique, la professeure Isabelle Ciaravola a souhaité faire les choses un peu différemment. Plutôt qu’une classe, elle a voulu mettre ses élèves en condition de spectacle, avec une chorégraphie, des lumières et changements de costumes. L’Étoile a donc préparé quatre petites chorégraphies, sans prétention mais qui font travailler des points précis de la technique, tout en faisant attention aux ensembles. Chaque mini-ballet a ses éclairages (des jeux d’ombres et lumières, des poursuites parfois fortes) et des tuniques spécifiques (dessinées par Isabelle Ciaravola et fabriquées par Ballet Rosa) qui nécessitent un changement rapide… Comme dans un spectacle. Le premier ballet, sur le Chant du cygne de Schubert, fait plutôt travailler les bras et le lyrisme. Le deuxième, sur du Gershwin, est plus piquant et enlevé, faisant particulièrement travailler les pirouettes. Le troisième se concentre sur la technique académique avec l’Adage à la rose de Tchaikovski. La quatrième fait travailler la vélocité sur le Vol du bourdon de Rimsky-Korsakov, avant de finir par une révérence sur L’Hymne à l’amour d’Edith Piaf. Au final, voilà 30 minutes qui passent à toute vitesse, avec quatre filles brillantes et bien mises en valeur. L’un des moments forts de ces Portes ouvertes !

Les DNSP3 filles classiques, classe d'Isabelle Ciaravola

Les DNSP3 filles classiques, classe d’Isabelle Ciaravola

Serguei Soloviev propose un cours plus classique pour les Étudianse garçons. Les élèves sont majeurs, ils ont passé leur Prix, ils sont en insertion professionnelle. Pas d’uniforme pour eux, et un cours qui ne s’embarrasse pas de formalisme. Le professeur reste à sa console pour gérer la musique, laissant les garçons montrer ce qu’ils savent faire. Et comme chaque année avec Serguei Soloviev, on n’échappe pas à la musique soviétique victorieuse pour la coda ! On n’aime ou pas, mais concernant les élèves, ils sont eux-aussi brillants.

Tout se finit en mode spectacle, avec les DNSP 2 et DNSP 3 filles et garçons qui reprennent des extraits de Thème et Variations de George Balanchine. Une reprise bien menée là-encore, montrant toute la qualité de ces classes de danse en plein renouveau. Dommage par contre pour la bande-son grésillante, alors que nous sommes dans l’un des meilleurs établissements d’enseignement musical du monde. L’orchestre des élèves du CNSMDP est en fait à Garnier, pour accompagner les Petits Rats. Quel dommage (et quelle incohérence) décidément, que le CNSMDP n’arrive pas à organiser (ou ouvrir un budget pour) un véritable spectacle pour ses élèves, dans un vrai théâtre, avec un orchestre. La qualité des élèves est pourtant là.

Les DNSP2 et 3 classique fille et garçons - Thème et variations de George Balanchine

Les DNSP2 et 3 classique fille et garçons – Thème et variations de George Balanchine

 

Comments (2)

  • novas

    merci pour cet article
    juste à quel niveaux (âges, classes) correspondent les différentes abréviations? classique et contemporain sont deux formations séparées ou les élèves font des deux (oui je n’y connais rein)
    merci d’avance

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  • taboga

    bonjour
    decu du niveau classique des eleves…cela correspond bien au niveau de la danse classique ne france …je pense que le probleme de l’enseignement est le principal probleme …il n’y a plus de grands maitres et le peu qu’il y a ne sont pas utilisés pour transmettre…
    alors au travail

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