Les adieux à la scène humbles et émouvants de Laetitia Pujol
Laetitia Pujol, Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris, a fait ses adieux à la scène le samedi 23 septembre. Ils étaient à l’image de sa carrière : humbles (la ballerine n’a jamais été seule en scène), simples, émouvants, avec beaucoup de monde autour d’elle. Laetitia Pujol a fait ses derniers pas sur la scène du Palais Garnier avec le Défilé, entourée de toute la troupe en permanence, comme si elle avait besoin de soutien pour un moment qu’elle n’avait pas forcément toujours voulu, ayant souhaité au départ partir en toute discrétion. Le public, debout pendant plus de 20 minutes à l’applaudir, lui a montré qu’elle allait beaucoup manquer.
(nb : l’Opéra national de Paris n’ayant pas souhaité accréditer DALP sur toute cette série de Joyaux, y compris lors de cette soirée d’adieux, cette chronique ne s’est pas faite avec une place presse).
Difficile, lors d’une soirée d’adieux, de faire une véritable critique du spectacle. Laetitia Pujol dansait dans la première partie de Joyaux de George Balanchine, Émeraudes, un ballet qu’elle a beaucoup dansé, entourée de l’un de ses grands partenaires Mathieu Ganio. L’on sentait toute leur complicité pendant le pas de deux. Puis l’Étoile s’est élancée pour sa dernière variation. Libérée, musicale, joyeuse un peu, créant un personnage qui n’appartient qu’à elle, Laetitia Pujol a montré pendant ces quelques minutes seule en scène (les seules de la soirée) tout son savoir-faire, sa façon d’aborder la danse. Eleonora Abbagnato lui a apporté un joli contrepoint avec la délicate variation de la Sicilienne.
Après Joyaux, Laetitia Pujol a souhaité danser le pas de deux de Sylvia de John Neumeier avec l’un de ses autres grands partenaires, Manuel Legris. Et c’est d’un coup toute une autre époque – que l’on croyait définitivement terminée – qui revient sans prévenir sur la scène du Palais Garnier. Il fallait entendre les applaudissements pour Manuel Legris des coulisses avant que le rideau ne se lève, puis ceux du public quand la lumière de la scène s’est allumée (le pas de deux démarre avec le danseur seul en scène). C’est drôle, voilà toute une période de spectatrice que je n’ai pas connue, et qui est pourtant profondément ancrée en moi tant la génération du dessus en a parlé. Sur scène, deux Étoiles d’une autre époque, un ballet que l’on n’a plus vu depuis longtemps, pourrait-on dire une autre façon de danser aussi ? Les glorieuses années 1990 et début 2000, qui ont marqué même ceux et celles qui n’allaient pas encore à l’Opéra à ce moment-là, ont fait ainsi un retour inattendu, aussi furtif que précieux.
Laetitia Pujol a démarré ses saluts, devant le grand rideau rouge, poussée par Manuel Legris tant elle semblait ne pas vouloir être sur scène seule. L’on se demandait pourquoi donc, ensuite, un Défilé. Ce fut pourtant le point d’orgue de la soirée. Passons sur les habituels chouchous de l’applaudimètre (Myriam Ould-Braham et Dorothée Gilbert chez les danseuses, Marie-Agnès Gillot ovationnée dont c’était le dernier Défilé, Laetitia Pujol bien sûr ; la ligne François Alu/Arthus Raveau, Hugo Marchand – impérial dans Diamants -, Mathias Heymann et Mathieu Ganio chez les danseurs) pour arriver directement à la pose finale. Timidité ? Humilité ? Discrétion ? Laetitia Pujol ne semble pas vouloir être devant. Elle y est poussée par ses collègues, et par toute la troupe en pose derrière, qui l’applaudit. Pendant ainsi 20 minutes, l’Étoile a salué, entourée de toute la compagnie. Celle qui n’avait pas forcément eu envie d’être seule en scène pour ses adieux a souhaité être entourée de toute la troupe, tout le temps, même pendant la pluie d’étoiles dorées, comme un dernier soutien.
Laetitia Pujol ne voulait pas être seule en scène. Alors elle a fait venir avec elle plein de monde pour venir saluer, allant les chercher un.e par une. pour les amener avec elle sur l’avant-scène. Et voilà toute sa vie de ballerine qui a défilé. Il y avait sa professeure Noëlla Pontois, sa directrice d’École Claude Bessy. Il y a eu ses directrices de compagnie Brigitte Lefèvre et Aurélie Dupont. Il y avait bien sûr ses partenaires de toujours Mathieu Ganio, Wilfried Romoli (spécialement applaudi par les Petits rats bien en pose derrière), Emmanuel Thibault, Jean-Guillaume Bart, Benjamin Pech et même Marc Moreau que l’Étoile est allé chercher dans le corps de ballet. Il y avait ses collègues et grandes amies comme Isabelle Ciaravola (et leur longue accolade), Agnès Letestu, Marie-Agnès Gillot qui a absolument tenu à la laisser devant lorsqu’elles sont venues saluer toutes les deux, Mélanie Hurel, Clairemarie Osta, aussi une Quadrille dont c’était le dernier Défilé et que Laetitia Pujol a tenu à faire saluer seule, devant. Et puis ses deux enfants, son mari, et tant d’autres…
Le public, lui, est resté debout pendant ses 20 minutes d’embrassades, à applaudir l’Étoile sur le départ. Il y avait cela de touchant et de très émouvant que Laetitia Pujol semblait presque étonnée de cet élan d’amour, de respect pour sa carrière, de remerciement. Tout semblait sur scène joyeusement improvisé, au gré des coups de coeur de l’Étoile, au gré des ami.e.s et personnes chères à son coeur qu’elle apercevait en coulisses. Pluie d’étoiles dorées, bien sûr. Et le rideau se baisse, définitivement.
pirouette24
Pour moi les plus beaux adieux auxquels j’ai pu assister . Laetitia Pujol était certes aimée du public, mais ce qui m’a frappée c’est à quelle point elle avait l’air d’être aimée de ces pairs; je n’ai jamais vu autant de gens et de grands noms de la danse entourer une étoile. Son humanité, son humilité ont du marquer la compagnie dans un milieu si difficile. Je me souviendrai ,pour ma part, de son début de carrière sur une technique d’aplomb et brillante, avant d’être distribuée sur des rôles d’interprétations où elle me bouleversa à chaque fois. Elle n’était pas la plus glamour ou la « belle » ,mais curieusement reste celle dont je me souviens avec précision des spectacles où elle dansait, chaque fois elle me « restait » dans la tête les jours suivants. C’est ce que j’attends d’une artiste et d’une interprète.Merci.
Pignot
Une merveilleuse Gisèle
Parfaite…..inoubliable. …jamais egalee et j en ai vu des dizaines. …
LucyOnTheMoon
Humble et émouvante, tout est dit ! je luis souhaite une très belle suite de parcours…
Pascale Maret
heureusement, on peut la revoir dans le DVD de Giselle, en compagnie de Nicolas Le Riche, Wilfrid Romoli et Marie-Agnès Gillot : belle brochette !
cecilouh
La quadrille se nomme Noemie Djiniadhis . Un beau geste d’une grande étoile, la classe jusqu’au bout .
innova 2017
Laetitia Pujol est une vedette exceptionnelle, elle apporte l’art de la danse à un nouveau niveau. Je l’aime beaucoup. Ne la voyant plus, elle est très triste.
bouaridj
cc, Laetitia plujol est la tante d’une de mes amis ( Assia le guen barro ) et quand elle m’en a parler elle ne m’a dit que du bien sur sa tante ,évidemment je suis aller me renseigné très vite et j’ai vue que c’était une des meilleure danseuse étoile que je n’avait jamais vue je suis subjuguer en la voyant du reve se déploit en moi je fait de la danse classique et contemporaine moi aussi , et je n’ai qu’une envie ses d’etre comme elle!!!