Les Étés de la Danse 2016 – Le New York City Ballet à Paris du 28 juin au 16 juillet
Attention, événement ! Le New York City Ballet est l’invité du festival Les Étés de la Danse 2016. La troupe américaine, qui n’était pas venue à Paris depuis 2008, s’installe ainsi au Théâtre du Châtelet de Paris du 28 juin au 16 juillet, pour trois semaines de spectacles. Au programme : beaucoup de George Balanchine, le maître de la danse classique américaine et fondateur du NYCB, et quelques oeuvres de la nouvelle génération de chorégraphes néo-classiques. Une belle occasion de (re)découvrir le répertoire américain, l’ADN du New York City Ballet, porté par une nouvelle génération d’Étoiles brillantes.
Les Étés de la Danse
Depuis 12 ans, les Étés de la Danse invitent en fin de saison à Paris une grande compagnie internationale, pour trois ou quatre semaines de spectacle. Le festival reste souvent l’une des seules occasions, en France, de voir danser une troupe de ballet étrangère. La programmation est résolument américaine : l’Alvin Ailey American Dance Theater est un habitué des Étés de la Danse et vient régulièrement, le San Francisco Ballet est venu deux fois, le Miami City Ballet y a proposé une formidable tournée en 2011, la Paul Taylor Dance Company a aussi été invitée… La venue du New York City Ballet, la grande représentante de la danse classique américaine, est donc de toute logique.
Le New York City Ballet
Le New York City Ballet a été fondé en 1948 par George Balanchine. Ce dernier, né en 1904 à Saint-Pétersbourg, a démarré sa carrière dans les Ballets Russes. L’histoire démarre en fait en 1933, avec la rencontre du chorégraphe et de l’entrepreneur Lincoln Kirstein, qui rêve d’une grande troupe de danse américaine. Cela aboutit d’abord à la création d’une école en 1934, la School of American Ballet, aujourd’hui l’école rattachée au New York City Ballet. Dès 1948, George Balanchine propose à Jerome Robbins de devenir le directeur artistique adjoint de la compagnie. Ces deux chorégraphes fondent tout le répertoire du New York City Ballet, et plus généralement de la danse classique américaine.
Le New York City Ballet a depuis élargi son répertoire, et donne de temps en temps Le Lac des Cygnes ou La Sylphide. Mais la majeure partie de son répertoire est constituée des oeuvres de George Balanchine et Jerome Robbins (plusieurs dizaines de ballets pour chacun).
À la mort de Balanchine en 1983, Peter Martins (l’un des grands interprètes du chorégraphe) devient co-directeur avec Jerome Robbins, avant de diriger pleinement la compagnie depuis 1990. Peter Martins a créé plusieurs ballets pour la troupe américaine, et a surtout fait émerger toute une nouvelle génération de chorégraphes néo-classiques. Benjamin Millepied (qui était aussi Principal au NYCB) y a fait ses premiers pas de chorégraphes, Justin Peck ou Christopher Wheeldon aussi, Alexeï Ratmansky y revient régulièrement. Cette saison, pas moins de sept créations étaient ainsi programmées, certaines de chorégraphes inconnus comme le Français Nicolas Blanc.
La troupe compte aujourd’hui 90 danseurs et danseuses, réparti.e.s en trois grades (Corps de ballet, Soloist et Principal). L’immense majorité viennent de la School of American Ballet.
George Balanchine
La tournée parisienne du New York City Ballet aux Étés de la danse est placée sous le signe de George Balanchine : sur les 20 ballets présentés, 14 sont signés du chorégraphe, et trois programmes lui sont entièrement consacrés. Le public parisien peut sembler blasé de George Balanchine, très (trop ?) souvent donné à l’Opéra de Paris cette saison. Sauf que le New York City Ballet ne danse pas du tout de la même façon ce répertoire.
Pour le New York City Ballet, George Balanchine est la base de tout. Les artistes de la troupe apprennent à le danser depuis leurs débuts à l’École de Danse, un peu comme les élèves de la Vaganova apprennent à avoir des bras de cygne. La technique américaine est très différente de la technique française. Énergie, vitalité, grande musicalité, virtuosité en sont les maîtres-mots. Autrement dit, voir danser du George Balanchine par le New York City Ballet est une tout autre expérience que de le voir danser par l’Opéra de Paris. Une occasion de (re)découvrir vraiment ce génie de la danse, qui se place entre Marius Petipa et William Forsythe.
Les ballets présentés – Quel spectacle aller voir
Le New York City Ballet présente cinq programmes différents, ainsi qu’un gala, réunissant à chaque fois quatre ou cinq ballets. En plus des 14 oeuvres de George Balanchine, la compagnie propose un ballet de Jerome Robbins, deux ballets du directeur Peter Martins, un ballet de Christopher Wheeldon, un ballet de Justin Peck et un ballet d’Alexeï Ratmansky. Le programme est globalement grand public, avec beaucoup de « tubes » de George Balanchine. Un choix qui a un peu déçu le public d’habitué.e.s : tous les ballets de George Balanchine présentés lors de cette tournée ont déjà été donné à Paris, et certain.e.s auraient voulu plus de nouveautés ou de ballets moins connus.
Soirée Balanchine en noir et blanc – Apollon (Balanchine/Stravinsky), The Four Temperaments (Balanchine/Hindemith), Duo Concertant (Balanchine/Stravinsky), Symphony in Three Movements (Balanchine/Stravinsky)
La soirée idéale pour découvrir la danse de George Balanchine, avec quatre de ses ballets les plus connus. Le chorégraphe a été le premier à aller dans l’abstraction. Il s’est débarrassé des tutus pour des costumes rappelant la tenue de travail : collant noir et t-shirt blanc pour les hommes, justaucorps noir pour les femmes. D’où l’appellation des ballets « black & white ». Symphony in Three Movements et The Four Temperaments en sont les parfaits exemples, mêlant grand ensemble de corps de ballet, demi-solistes, couple d’Étoiles… et une danse virtuose. Apollon est plus ancien, montrant plus l’appartenance de George Balanchine aux Ballets Russes (c’est d’ailleurs pour cette troupe que le ballet fut créé en 1928).
Soirée Balanchine/Tchaïkovski – Serenade (Balanchine/Tchaïkovski), Mozartiana (Balanchine/Tchaïkovski), Tchaikovsky Piano Concerto No. 2 (Balanchine/Tchaïkovski)
En bon élève de la Vaganova, George Balanchine voue un culte à Marius Petipa et Tchaïkovski. Il a composé bon nombre de ses ballets sur les oeuvres du compositeur russe. Ce programme est l’occasion de découvrir l’immense importance de la musicalité dans l’oeuvre du chorégraphe, et plus généralement dans la technique américaine. Les ballets de George Balanchine sont abstraits, ils s’inspirent avant tout de la musique, de la construction de la partition. Ballet emblématique, Serenade est l’un des tous premiers pour le NYCB, s’inspirant d’une classe de danse.
Soirée Balanchine/Martins/Robbins – Western Symphony (Balanchine/Kay), Tarantella (Balanchine/Gottschalk, Kay), The Infernal Machine (Martins/Rouse), Barber Violin Concerto (Martins/Barber), West Side Story Suite (Robbins/Bernstein).
Voilà une soirée idéale pour découvrir toute l’énergie et la vitalité de la danse américaine. Western Symphony s’inspire de l’ambiance Far West (comme son nom l’indique) sur des mélodies traditionnelles. Tarantella est une ode à la virtuosité éclatante. Et faut-il vraiment présenter West Side Story Suite de Jerome Robbins ? Il s’agit de l’adaptation en ballet de la célèbre comédie musicale. À ne pas rater ! Peter Martins y présente aussi deux de ses pièces.
Soirée Wheeldon/Ratmansky/Peck – Estancia (Wheeldon/Ginastera), Pictures at an Exhibition (Ratmansky/Mussorgsky), Everywhere We Go (Peck/Stevens)
Une soirée pour découvrir la jeune génération de chorégraphes néo-classiques anglo-saxons, dont la France est passée à côté avant l’arrivée de Benjamin Millepied. Si Christopher Wheeldon a été plus inspiré, Pictures at an Exhibition est l’une des oeuvres majeures d’Alexeï Ratmansky. Everywhere We Go montre toute la patte de Justin Peck, chorégraphe qui sait jouer de l’espace et de ses interprètes comme personne.
Soirée Balanchine, New York-Paris – Walpurgisnacht Ballet (Balanchine/Gounod), Sonatine (Balanchine/Ravel), La Valse (Balanchine/Ravel), Symphony in C (Balanchine/Bizet).
Une soirée présentant des ballets moins connus de George Balanchine, si ce n’est le fantastique (et tube) Symphony in C. Le travail sur la musique de Ravel du chorégraphe est admirable, donnant une toute autre ambiance à ses ballets. La Valse en prend des tons presque dramatiques et narratifs. Sonatine est un clin d’oeil à la danse française, ce sont d’ailleurs les artistes français Violette Verdy et Jean-Pierre Bonnefous qui l’ont créé.
Le stage de danse
Depuis quelques années, les Étés de la Danse proposent un stage de danse pour les avancés et professionnel, en lien avec la programmation. Cette année, le stage prend des formes de master-class autour de la technique américaine, réservées aux pré-pros et pros dès l’âge de 13 ans, sur la scène du Théâtre du Châtelet. Les cours sont donnés les vendredi 8, samedi 9, mercredi 13, jeudi 14 et vendredi 15 juillet de 9h à 10h30, animé par un membre différent de la compagnie chaque jour.
Un « Movement Workshop » pour les enfants est aussi organisé : le lundi 4 juillet de 10h30 à 11h30 (enfants de 5 à 8 ans) et le jeudi 7 juillet de 10h30 à 11h30 (enfants de 9 à 12 ans), dans le Grand Foyer du Théâtre du Châtelet.
L’ensemble de ces cours est donné en anglais.
Toutes les infos pratiques, les réservations des spectacles ou l’inscription aux master-class sont à retrouver sur le site des Étés de la Danse.