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Le Miami City Ballet aux Etés de la danse : épisode 1

Mercredi 6 juillet 2011. Symphony in Three Movements, Tarantella et Ballet Imperial de George Balanchine, Afternoon of a Faun de Jerome Robbins. Par le Miami City Ballet au Théâtre du Châtelet.

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C’est un joli vent de fraîcheur qui a soufflé mercredi au Théâtre du Châtelet. Le Miami City Ballet se produisait pour la première fois à Paris hier, et démarrait par la même occasion trois semaines d’Etés de la danse qui promettent d’être savoureuses.

En première impression, que retenir généralement de cette compagnie ? Pas de ligne parfaite du côté des ballerines, avec un haut du corps plus en force qui risque de choquer quelques regards trop habitués à l’Opéra de Paris. Un travail des mains différents et plus marqués, un dynamisme et une énergie communicative très « américan show », une vélocité assez impressionnante, particulièrement chez les danseurs (ça tricote et ça technique, aucun doute là-dessus), le tout enveloppé d’un véritable sens de la musique.

Les quatre ballets présentés étaient des découvertes pour moi. Oui, je ne suis qu’une débutante. Un programme très bien choisi, avec quatre ballets phare des deux chorégraphes piliers de la compagnie, Balanchine et Robbins, et qui mettaient bien en valeur les qualités de la troupe.

Symphony in Three Movements. 

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Ouvrir cette série de spectacles par ce ballet, indéniablement, ça en jette. Quelques petits cris d’admiration résonnent dans la salle dès le lever de rideau, avec une diagonale de filles toute en blanc sur fond de cyclo bleu, très éclairées. Le premier mouvement est facilement enthousiasmant avec ce génie de Balanchine pour faire bouger un corps de ballet, dans un ensemble très (cinémato)graphique. La gestuelle est résolument néo-classique, avec des déhanchés et des lignes de bras cassés symboles de ce style. Ça se croise et s’entrecroise avec une belle vivacité.

Les solistes, et surtout le pas de deux du deuxième mouvement, m’emballent un peu moins. Malgré le dynamisme inhérent à la chorégraphie, et l’envie visible des danseur-se-s, le tout semble un peu tristounet, comme un exercice de style qu’il faut bien dérouler.

Afternoon of a Faun

Oui, je sais, la version avec Le Riche et Abbagnato est tellement subliiiiiiiime. Pour ma part, ce ballet fut une découverte, donc sans comparaison possible, et j’ai beaucoup aimé.

Une salle de danse, un danseur qui s’échauffe, et le miroir en guise de public. D’emblée, le soliste (Carlos Miguel Guerra) sait créer une ambivalence. Il s’échauffe et s’étire comme un danseur, mais quelques gestes de Nijinski transparaissent dans ses poses. Sommes-nous véritablement dans une salle de danse ?

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La ballerine/nymphe (Jennifer Carlynn Kronenberg) va donner lieu à un joli jeu de séduction. Elle est belle, elle le sait, et aimerait bien séduire ce danseur. Ce dernier ne dirait pas non à la proposition, mais ne préfèrerait-il pas son reflet dans le miroir à celui de sa partenaire ? S’ensuit un pas de deux charnel et mystérieux, qui se termine pas un baiser raté et un faune esseulé. Joli moment un peu étrange.

Tarentella

En résumé, un pas de deux de cinq minutes de pure énergie. Sans pause. Et quand je dis sans pause, c’est sans pause, la musique et les pas n’arrêtent jamais d’aller à toute vitesse. On en ressort presque aussi essoufflé que le couple, qui abat les difficultés techniques tout sourire ultra-bright. Un petit moment de kiff, même s’il faut assumer la coiffure pour la danseuse.

Ballet Imperial

Et comme tout bon spectacle, savoir garder le meilleur pour la fin. Ballet Imperial est là-encore un pur ballet Balanchine, pas d’histoire, juste 35 minutes de danse. Le style est beaucoup plus classique que dans Symphony in Three Movements, mais la base est le même : de longs moments de corps de ballets très étudiés, entrecoupés de pas de deux et pas de trois.

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Comment tenir 35 minutes sans avoir finalement pas grand-chose à dire, en tout cas aucune histoire à raconter ? Le mystère de Balanchine. Comme l’explique Edward Villella, « Balanchine a toujours chorégraphié en écoutant la musique. Pour lui, c’était la musique qui exprimait le ballet et la danse ». Ballet Imperial en est un parfait exemple. Le chorégraphe a su allier jusqu’au bout danse et musique, et la troupe a su transcender l’ensemble. C’est beau. Pas émouvant, juste beau, mais quand cela est poussé à ce point-là, le beau se suffit à lui-même.

Voilà donc une bien belle soirée, qui promet un festif mois de juillet à Paris. Je suis curieuse de voir la troupe dans d’autres ballets, un peu plus de Robbins, ou des œuvres plus contemporaines.

Spectacle présenté dans le cadre des Etés de la danse. Représentations du Miami City Ballet, cours publics et projections de films au Théâtre du Châtelet jusqu’au 23 juillet.

Commentaires (2)

  • Capricorne

    C’est une belle compagne, et en véritable connexion avec la musique !!! Ce n’est pas à l’Opéra qu’on risque de voir ça…Allez-y les reines et princes de glace qui boudez la musique (pou ne pas dire « méprisez »), et prenez-en de la greine !
    Une danse qui nous transporte et qui nous fait vibrer, c’est ce qu’on veut voir, et pas payer des fortunes pour voir des « danseurs » désabusés qui se déplacent comme des fonctionnaires de la Poste sur la scène de l’Opéra.
    Vive les américains et la GENEROSITE !!!

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  • @Capricorne: Je vous rejoins sur vos compliment sur la compagnie, quelle générosité en effet, cela fait plaisir. Mais je reste plus indulgente sur l’Opéra de Paris, pas forcément au mieux de sa forme en ce moment, mais qui garde de nombreuses qualités. 

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