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Shrek, un musical au rabais

Jeudi 16 février 2012. Shrek, le musical au Casino de Paris. Avec Michel Lerousseau (Shrek), Nathalie Lhermitte (Princesse Fiona) et Guillaume Beaujolais (Lord Farquaad). 

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Prendre une sympathique comédie musicale américaine pour la faire découvrir au public français, c’est bien. Y mettre les moyens, c’est encore mieux.

C’est un peu ce dont souffre Shrek, le musical. Créé en 2008, cette comédie musicale est très vite devenue un classique de Broadway, à coup de dialogues bien envoyés et de chansons efficaces. La version française, c’est dommage, en est un ersatz édulcoré.

Pourtant, on sent durant tout le spectacle que la base est bonne. L’histoire se déroule sans temps mort, les personnages sont hauts en couleurs et plus d’une situation fait rire, et pas que les enfants.

Le ton du film, un conte de fée trash, est plutôt bien respecté. Le combat de rots entre Shrek et Fiona fait rire tout le monde, il faut assumer. C’est le « plutôt » qui pose problème. La traduction française semble avoir nettoyé la plupart des passages afin d’avoir une histoire pour enfants, alors que le principe même de Shrek est de s’adresser à tous les public, et finalement surtout au plus grands.

On passera également sur les décors réduits au minimum, et aux costumes qui étaient visiblement faits de bric et de broc (sauvons toutefois le masque de Shrek, véritablement bluffant). Ces détails techniques ont toute leur importance dans ce genre de comédie musicale, où on attend surtout du rêve.

Le manque de moyens s’est une fois de plus fait sentir. On ne peut pas adapter un musical anglo-saxon de ce type sans un minimum de budget. Pour un minimum de budget, il faut tenir un spectacle sur plusieurs mois. C’est donc un pari qu’il faut prendre lorsqu’il s’agit d’une pièce nouvelle en France. Un pari qui n’a pas été pris. Tout le monde n’est pas comme Stage Entertainement avec Le Roi Lion, qui d’office prend place pour une saison. La différence de résultat est criante.

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Et niveau musique ? Victoire, dans Shrek il y a de vrais musiciens… mais plutôt mal insonorisés, impossible de sentir les nuances. Mêmes chose pour les chanteur-se-s, toujours sur le même ton. Les cast anglo-saxon ont de véritables bases de chant lyrique, et cela s’entend, le musical ne souffre pas d’approximation.

Toutefois, un progrès assez net se fait sentir dans l’ensemble de la troupe, depuis les premières adaptations de comédies musicales en France. La musique est donc live, et tout le monde sait vraiment chanter et jouer la comédie. Pour la danse, ce n’est pas encore un concours de claquettes, mais le tout se tenait sur scène. La manipulation des décors et animaux, très présente dans Shrek, semblait encore poser quelques problème, mais la troupe n’est à près tout sur scène que depuis une semaine.

Le travail des personnages principaux est aussi à souligner. Michel Lerousseau joue un Shrek convainquant, pas toujours aidé par ses réparties. Nathalie Lhermitte donne tout ce qu’elle peut en Princesse Fiona, même si elle reste limitée niveau chant.

C’est en fait surtout Guillaume Beaujolais qui chipe la plupart des applaudissements avec un Lord Farquaad absolument irrésistible. Sa chanson du deuxième acte, où il pleure sa célèbre parenté (je vous laisse la surprise) reste l’un des meilleurs moments du spectacle. Dommage que ces moments soient finalement rares dans ce spectacle. Ce Shrek estampillé pour enfants plaira sûrement à ces derniers, mais le manque de saveur se fera trop cruellement sentir chez les plus grands.

Commentaires (3)

  • Déjà quand j’étais à New York je spectacle ne me branchait pas franchement (mais je ne suis pas non plus une grande fan des films). J’étais déçue de voir qu’on choisissait de le reprendre en France alors qu’il y a tant de spectacles magnifiques qui restent coincées dans les pays anglo saxons.
    Après je ne doute pas que la version américaine soit bonne. Ils savent y faire!
    Tu l’as vu?

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  • @Cams: J’avais vu pas mal d’extraits, et ça avait l’air assez efficace. Mais musicalement, on fait mieux tout de même.

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  • Une grosse déception pour moi! Même si je connais bien Lorenzo Vitali Show qui produit le spectacle et qui nous avait proposé il y a quelques temps un bon Hairspray et surtout un excellent Frankenstein Junior, toujours avec peu de moyens. Mais si Hairspray ou Frankenstein peuvent se contenter de peu de moyen, une version de Shrek pour être un minimum crédible se doit d’y mettre les moyens sinon on y croit pas! Je ne me suis toujours pas remis des manipulateurs agitant un drap rouge pour faire le feu…
    En plus ils ont enlevé le miroir magique qui introduisait Fiona à Broadway, du coup le trio chanté par Fiona enfant, ados et adultes arrive comme un cheveux sur la soupe… C’est dommage car j’aime beaucoup cette chanson…
    Heuresement que le cast est bon et qu’il y a Guillaume Beaujolais pour sauver les meubles!

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