Ballerina Assoluta
Vendredi 22 juin 2012. Légendes du Ballet Russe, avec Ouliana Lopatkina et Maret Shemiunov, au Théâtre Montansier de Versailles. Anna Pavlova et Cechetti de John Neumeier, Danse russe de Mikhail Fokine, La mélodie d’Assaf Messerer, La Rose malade de Roland Petit et La Mort du Cygne de Mikhaïl Fokine.
Il y a des soirées dont l’on attend beaucoup et qui finalement tombent à plat. Il y a des soirées dont on n’attend pas grand chose, et qui se révèlent sublimes. Et puis il y a quelques spectacles, pas fréquents mais il y en a, dont on attend beaucoup et qui sont encore mieux qu’imaginés.
Le spectacle Légendes du Ballet Russe d’Ouliana Lopatkina m’avait laissé un souvenir impérissable il y a deux ans. Le genre à rentrer dans mon Top 5 des plus beaux spectacles de ma vie (tiens, en voilà une idée de billet). En y retournant en 2012, il n’y avait plus la surprise de découvrir ce spectacle si original. Mais l’instant de grâce a bien eu lieu. Peut-être même que c’était encore plus beau que dans mon souvenir.
Chez Ouliana Lopatkina, chaque geste est absolument intenses et réfléchi. Le moindre port de tête veut dire quelque chose, est empli de poésie, de spiritualité. L’on ne parle pas de technique chez elle, mais de beauté. Toute sa danse est belle, avec un grand B comme on dit. C’est la danse classique dans ce qu’il y a de plus sublime, où le moindre pas est transcendé pour se mettre au service de ce qu’elle raconte. Aller voir Ouliana Lopatkina, c’est une expérience en soi. C’est, pendant une heure, voir le temps se suspendre. Une heure de grâce, sans penser à autre chose que ce que l’on voit est décidément magnifique. Oui, ce paragraphe est un peu grandiloquent, mais je ne trouve pas d’autres expressions que « Sublime« , « Magnifique« , « Pure beauté« , « Instant de grâce » et « Magie de la danse » pour parler de cette soirée.
Légendes du Ballet Russe n’est pas un gala comme les autres. Avec ce spectacle, Ouliana Lopatkina veut surtout rendre hommage à trois grandes ballerines, à la danse classique russe, à l’âme russe. Un peu chauvine comme idée ? Il n’y a pas vraiment de sentiment nationaliste dans cette soirée, mais c’est vrai qu’il y a la volonté de défendre cet art dans ce qu’il a de plus grand, à travers quatre de ses icônes : Anna Pavlova, Galina Oulanova, Maïa Plissetskaïa, et forcément Ouliana Lopatkina.
Chaque partie se décompose de la même façon. Un récitant raconte le parcours de chaque ballerine, illustré par un petit film composé d’images d’archive. Cela se conclût par le ballet emblématique de la danseuse concerné, aussitôt interprété, sur scène cette fois-ci, par Ouliana Lopatkina, en compagnie pour les pas de deux de Maret Shemiunov, d’une humilité totale face à cette danseuse (il se doute bien que ce n’est pas vraiment pour lui que le public est venu), mais on ne peut plus investi.
Anna Pavlova et Cechetti de John Neumeier rend hommage à Anna Pavlova. Le chorégraphe s’est inspiré d’une photo de la danseuse pendant un cours pour créer un mini-ballet, retraçant en quelques minutes l’itinéraire d’une classe de danse, du grand plié au pas de deux. Pas grand chose à raconter, si ce n’est l’amour de la danse, et c’est déjà beaucoup finalement. Danse russe de Mikhail Fokine est le ballet de Galina Oulanova. Ici, on ne parle pas forcément de technique dithyrambiques, les pas sont simples, inspirés des danses de caractère. Voilà l’âme russe, cette chose si indescriptible, faite de passion non contenue et de lyrisme.
La mélodie d’Assaf Messerer a remplacé Les Sylphides d’il y a deux ans pour rendre hommage à Galina Oulanova. Ouliana Lopatkina ne danse plus, elle vole sur scène, portée comme une plume par Maret Shemiunov, un voile flottant sur sa silhouette. Un vrai moment de grâce.
La Rose malade salut la danseuse Maïa Plissetskaïa, avant l’arrivée de La Mort du Cygne. Ce ballet a été l’un de succès de chacune de ses ballerines, aujourd’hui repris maintes et maintes fois par Ouliana Lopatkina. Mais elle le danse sans lassitude, comme si c’était la première fois. Ses longs bras s’étirent comme des ailes, vibrent sur la musique, battent une dernière fois avant de se poser doucement. Un moment de grâce je vous dis.
Crédit Photo 3 : Dansomanie
Genoveva
Effectivement, quelle soirée !!!!!!!!!!!!!! inoubliable ! merci Amélie pour les jumelles !
Marie-Charlotte
Au risque de détonner ici, je suis absolument allergique à la Mort du Cygne, même dansé par une aussi belle ballerine. c’est russe, c’est kistch, c’est Disney en tutu et ça pue la naphtaline. Pour le reste du programme, en revanche, ok. Mais je suis déçue qu’une artiste aussi intelligente n’ait pas su résister à ce sommet du lieu commun et de la banalité qu’est le Cygne crevard… 👿