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Le Lac revisité de Dada Masilo

Swan Lake de Dada Masilo est de retour à Paris du 10 septembre au 6 octobre au Théâtre du Rond-Point.

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Dans chaque festival, il y a toujours un spectacle « buzz » : celui dont on ne parlait pas forcément au début mais qui enthousiasme tout le monde. Lors de la dernière Biennale de la Danse de Lyon, le spectacle buzz était sans conteste le Swan Lake de la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo. Quoi, encore un Lac ? Oui, mais celui-là, il détonne.

Des hommes et des femmes en tutus blanc, saluant cérémonieusement. Oui, le Lac des Cygnes, c’est un peu poussiéreux parfois. Jusqu’à l’arrivé du bouffon (celui de la Reine ?), qui va bousculer tout ça. Oubliez les images des grandes ballerines romantiques se pâmant sous le clair de lune, il vous raconte un tout autre Lac, bien plus marrant, dans un monologue complètement hilarant. Dada Masilo est tombée amoureuse du Lac des Cygnes adolescente. Et quoi de plus belle déclaration d’amour que de montrer toute l’universalité du propos ? Car Le Lac, c’est tout à fait une histoire du XXIe siècle.

Siegfried, beau et grand jeune homme, est poussé au mariage par sa mère et la société toute entière. Il promet du bout des lèvres, regarde intriguée la jeune fille, mais son cœur est ailleurs. Du côté du Cygne noir, un homme sculptural est énigmatique (et un solo magnifique sur la Mort du Cygne de Saint-Saëns. Définitivement après les Trocks, cette pièce est une histoire d’hommes). Comme dans la version de Petipa, Siegfried en oublie ses promesses. Sauf qu’ici, pas de lac où se noyer. Juste une jeune fille triste et déçue qui vit son premier chagrin d’amour, et un garçon décontenancé de provoquer autant de chagrin. Et au milieu de quelques larmes, beaucoup de rire et de fêtes joyeuses et déjantées.

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Ce Swan Lake n’est pas une caricature de l’original. Ici, on ne cherche pas à singer les ballerines, même si la chorégraphie de Petipa y est omniprésente. La danse de Dada Masil, c’est un mélange fulgurant entre danse classique et danse africaine. Les danseurs et danseuses pirouettent et tapent des pieds, roulent des hanches et posent leurs bras façon cygne. Et cela fonctionne incroyablement bien. Cette danse est ultra-vivante, entrainante, novatrice. On redécouvre la chorégraphie à travers de nombreuses allusions, tout en se laissant surprendre par des danses africaines au milieu de pointes de pieds tendues. Les costumes ne sont pas non plus étrangers à ce melting-pot. Tout le monde est en tutu blanc. Chez les femmes, cela évoque la ballerine classique… et chez les hommes, ces bouts de tulle prennent l’allure de pagne africain.

La musique de Tchaïkovski trouve aussi un tout autre échos. Dada Masilo s’est principalement servie de la musique originale, en découpant des petits bouts, sans forcément respecter l’ordre des choses. Et là encore, la façon dont la chorégraphie africano-contempo-classique se fond formidablement bien sur les accords de Tchaïkovski est surprenante. L’on redécouvre la rythmique des danses du premier acte, la poésie du solo du violon (magnifiquement dansé par Dada Masilo, étonnante danseuse), la dynamique des scènes du mariage, éclatantes de joie sur les danses zoulou et les youyous de bonheur. Là encore, les kilos de poussières qui pèsent parfois sur l’image de Tchaïkovski tombent en miettes pour lui redonner toute son universalité.

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Mais au-delà de ces redécouvertes, l’impression que laisse ce Swan Lake est plus directe. En un mot : so fun ! C’est un Lac qui s’amuse, qui joue avec les codes et qui ne se prend pas la tête. Inutile donc d’y chercher un message politique. Certes, des cygnes dansées par des ballerines noires, pour nos yeux d’européens et d’européennes, ce n’est pas courant, mais l’on n’est pas ici dans une attitude revendicatrice. Idem pour les tendances gay de Siegfried (puisque de toute façon, Siegfried est gay dans toutes les versions du Lac, non ?). C’est d’abord une question de danse, et la danse, derrière les images compassés des grands ballets classique, c’est avant tout un grand moment de joie.

Le seul regret porté sur ce Swan Lake rester finalement le final. Un trio, certes très beau, en longs tutus noirs, mais sur la musique entendue jusqu’à l’écoeurement d’Arvo Pärt. La magie est un peu cassée, alors que l’ultime solo de Siegfried se suffisait très bien comme fin.

Swan Lake de Dada Masilo jusqu’au 28 octobre au Musée du quai Branly. Cours publics les samedi 20 et 27 octobre à 16 heures, et le dimanche 21 octobre à 13 heures. Rencontres avec Dada Masilo le dimanche 21 octobre à 18h15 et le jeudi 25 octobre à 21h15 (après les représentations).

Spectacle en tournée en France jusqu’au 16 février 2013.

Commentaires (6)

  • C’est un succès tout à fait mérité que cette version du Lac des Cygnes !
    Parmi tous ceux que j’ai pu voir durant cette année, ce spectacle reste un très gros coup de coeur ! Même si j’aurais également apprécié une autre fin.

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  • Joelle

    Je me réjouis de la découverte samedi prochain !!!

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      • Oui, tout à fait ! c’est ce qu’elle a expliqué à la fin du spectacle.

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  • Sissi

    J’ai vraiment hâte de découvrir ce spectacle, j’en entends parler depuis longtemps et il fait l’unanimité… vivement vendredi prochain !

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  • Joelle

    On en revient ! C’était génial ! Nous y avons traîné par les cheveux une amie allergique aux tutus, et elle a beaucoup aimé (sauf les tutus bien sûr ! 🙂 )
    Je sais que dans les mois à venir, je vais voir pas mal de Lac des Cygnes dans des versions diverses et variées… Et bien je crois que je vais garder en mémoire le « balancer » des tutus/popotins de ces Dames sud-africaines qui sont plus musclées que nos égéries du Palais Garnier ou du Bolchoï 🙂
    L’adaptation de Dada Masilo (et elle-même en tant que danseuse), les chants/les cris, tout est génial.
    Nous avons adoré aussi la dernière partie, beaucoup plus triste certes, avec un jeu de lumières sublime.
    Standing ovation à la fin pour Dada et sa troupe ! Allez-y sans hésiter ! C’est vraiment super !

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