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ÉcoleS de Danse – La Sylphide

Au tournant de l’histoire de la danse et incarnée par Marie Taglioni, La Sylphide, créée par Filippo Taglioni, a marqué le monde de la danse. Symbole de ce génie ailé, il conserve aujourd’hui encore son essence et son romantisme. À travers les différentes écoles qui dominent la danse classique, ÉcoleS de Danse aborde cette fois un ballet emblématique, La Sylphide.

Cette étude est réalisée à partir de recherches, d’un savoir pédagogique personnel laissant place à une marge interprétative.

ÉcoleS de Danse – La Sylphide

Le mythe de La Sylphide – L’École française

Puisant ses thèmes dans la mythologie et l’antiquité, la Sylphide prend racine dans un romantisme en éveil où la nature et le temps face à l’homme évoquent leur supériorité pour mieux en dégager un caractère mystérieux angoissant et infini. La réalité d’une condition humaine limitée de par sa finitude s’affronte au monde onirique qui ne trouve aucune limite dans l’amour, même impossible.

S’ajoute pour ce ballet une révolution technique : l’utilisation des pointes. La parfaite maîtrise de Marie Taglioni a permis d’enrichir le travail de jambe en apportant de la fluidité dans le mouvement du buste et des bras. Dans la même idée, cette quête de modernité est poursuivie par la création de costumes légers et aériens grâce à Eugène Lami visant un certain naturel. Ce premier tutu dit romantique devient une mode auprès des abonnées. « À partir de La Sylphide, le ballet exprime les aspirations d’une époque, sa pensée philosophique, son besoin de beauté spirituelle« , selon André Levinson, historien de la danse.

Image de pureté et de mythe si propre à l’inspiration païenne, le succès de La Sylphide fut transmis jusqu’à aujourd’hui au plus près de l’oeuvre de création sans perdre de sa magie. Deux chorégraphies font référence avec de nombreux points communs.

ÉcoleS de Danse – La Sylphide

Les pères de La Sylphide – École française et style Bournonville

Le ballet naît en 1832 sous la direction de Filippo Taglioni élaborant un rôle à la hauteur des qualités artistiques de sa fille Marie. La technique du bas de jambe s’intensifie grâce aux pointes, au tutu et à l’explosivité des mouvements contrastant avec une indépendance naissante du haut du corps due à la lenteur du geste et la sobriété des ports de bras. Les premières pointes imposent un travail rigoureux des piqués, du pied plat et des 1/2 pointes.

En 1836, Auguste Bournonville assiste à une représentation de La Sylphide. L’engouement est tel qu’il décide de créer une oeuvre de même envergure à Copenhague, usant d’un argument très similaire (certaines mauvaises langues l’accusent de vol du livret). C’est Lucile Grahn qui obtient le premier rôle lui conférant une reconnaissance internationale, sur des décors et costumes identiques de Filippo Taglioni. La musique du français Jean-Madeleine Schneitzhoeffer est par contre remplacée par celle de Herman Lovenskjold.

Ce n’est donc pas Auguste Bournonville qui a inventé La Sylphide. Pourtant, le chorégraphe reste souvent dans l’imagerie collective celui qui créa ce ballet. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette erreur. La Sylphide d’Auguste Bournonville a été reprise pendant deux siècles sans interruption et sans grandes modifications vis-à-vis de son créateur. Le ballet s’est ainsi inscrit dans le style et l’histoire de l’école royale danoise, où les chorégraphies et la pédagogie d’Auguste Bournonville furent garanties grâce à la transmission écrite. De plus, la chorégraphie de Filippo Taglioni s’est vite perdue et n’a pas survécu malgré la tradition orale de l’école française. Même si Auguste Bournonville fut très influencé par le style si particulier de l’école française, il réussit à asseoir la signature de l’école danoise : rapidité du bas de jambe et sobriété des bras. Il réajuste la mise en scène sans avoir recours à la machinerie scénique de l’Opéra de Paris puis intensifie la danse du premier rôle masculin, caractéristique de sa pédagogie.

 

Les Sylphides du XXe siècle

Trois personnalités notoires de la danse contribueront à revisiter, transmettre et conserver l’essence de La Sylphide

Marius Petipa 

D’influence russe, son travail s’unit avec la musique de Riccardo Drigo, commanditaire d’une série de mélodies. Certains extraits musicaux proviennent d’ailleurs du ballet Paquita, période propice au mélange. La création d’une danse écossaise, d’un pas de deux et d’un pas d’ensemble pour les Sylphides marque le travail majeur de Marius Petipa dans cette oeuvre, alors au Mariinsky. 

Pierre Lacotte

Après des années de recherches, Pierre Lacotte redonne les lettres de noblesse à La Sylphide en la faisant rentrer au répertoire de l’Opéra de Paris en 1972. Des danses plus techniques, une présence scénique des artistes féminins et masculins marquent son apport principal aidé par la magie scénique du Palais Garnier, et par sa danseuse de prédilection, Ghislaine Thesmar.

Peter Schaufuss

Huit ans après cette renaissance française de La Sylphide, Peter Schaufuss propose avec succès une version pour l’English National Ballet restant au plus près de l’œuvre d’Auguste Bournonville. De formation danoise et interprète du rôle de James, les danseurs Hans Brenaa et Hans Beck lui transmettent le rôle en dignes héritiers du chorégraphe.

 

Aux portes d’un renouveau esthétique, La Sylphide incarne une période de transition stylistique d’une rare beauté où bourgeonne une technique en devenir dévoilant dans ce foisonnement toute sa modernité. L’éclat de ce diamant ne change que par le choix des interprètes et symbolise toute l’excellence de la danse classique européenne romantique.

 

Comments (1)

  • Texte précédent corrigé:

    Merci pour ce panorama très intéressant.

    Je vous livre ma compréhension symbolique de La Sylphide:

    Au premier niveau: si j’enfermes ce que tu aimes, je meurs (les ailes tombent quand la Sylphide est attrapée par le châle offert par la sorcière)

    Au second niveau: si mon énergie masculine (action, intellectualisme, vue focalisée, possession…) brime mon énergie féminine (intuition, sensation, vue globale, liberté d’être), elle meurt, et tu ne fais que survivre.

    Au troisième niveau:(au sujet du pas de trois) si mes actions concrètes sont inspirées par l’esprit (et non le mental conditionné), je deviens pleinement vivante. Effie symbolisant le concret et la Sylphide le spirituel, l’esprit juste

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