Don Quichotte : Alice Renavand et François Alu [Ballet de l’Opéra de Paris]
Samedi 8 décembre 2012. Don Quichotte de Rudolf Noureev, par le Ballet de l’Opéra de Paris, à l’Opéra Bastille. Avec Alice Renavand (Kitri), François Alu (Basilio), Amandine Albisson (la Reine des Dryades), Marine Ganio (Cupidon), Mathieu Botto (le Gitan), Florimond Lorieux (Espada), Laura Hecquet (la Danseuse de rue), Guillaume Charlot (Don Quichotte), Hugo Vigliotti (Sancho Pança), Eric Monin (Gamache) et Pierre Rétif (Lorenzo).
Alice Renavand et François Alu ne sont pas forcément le couple plus harmonieux du monde. Sur scène, ce sont des frères et sœurs qui se chamaillent, des cousins-cousines complices ou des amis d’enfance taquins. Mais pas vraiment un couple d’amoureux transis. Tant pis, cette soirée ne racontera pas la plus belle histoire d’amour du monde, mais ce n’est pas très grave, tant le bonheur de danser de ces deux artistes était un véritable régal.
Dès son entrée, Alice Renavand s’empare du rôle. Enfin une entrée qui se remarque d’ailleurs ! La danseuse semble déjà très à l’aise en Kitri. Sans jouer à la fausse ingénue, la voilà en femme fatale, séductrice et glamour, tirant par l’oreille l’encore adolescent qu’est son partenaire. Sa danse est belle, brillante, assurée… et elle est drôle ! Et oui, Alice Renavand ne touche pas que dans les rôles contemporains dramatiques. Elle a aussi un beau sens du théâtre, l’art de la pantomime, elle s’amuse sur scène et elle sait faire rire. François Alu, désormais attendu, ne déçoit pas lui non plus, même si on n’est un peu dans une autre dimension. Il claque deux sauts écarts dès son entrée, et c’est parti. Il n’a que 19 ans, mais donne déjà l’impression de danser ce rôle depuis longtemps tant c’est maitrisé. Les sauts s’envolent, les pirouettes sont délicieuses. Chaque geste est pensé, voulu, réfléchi, la virtuosité n’est jamais là sans raison. Dès qu’il arrive sur scène, avant même de faire un pas, son enthousiaste est communiquant.
Alors les deux ensemble, cela donne un premier acte réjouissant. Tant pis pour les portés à une main, difficiles à faire entre eux, mais on a eu le droit à la place à deux portés poissons précédés d’un « Je jette ma partenaire en l’air pour mieux la rattraper » du plus bel effet. Entraîné par cet enthousiasme, le corps de ballet était très en forme, impliqué, porté par des solistes joyeux : des amies de luxe Charline Giezendanner et Mathilde Froustey, qui décidément s’accorde bien avec François Alu, Florimond Lorieux impeccable en Espada, Hugo Vigliotti déchaîné en Sancho Pança à regarder sous les jupes des filles… On rit, on s’amuse et on se régale.
Le deuxième acte fut à cet égard un peu décevant, déjà qu’il est naturellement un peu longuet, eu égard à la longue scène de pantomime autour de Don Quichotte. Malgré Mathieu Botto tout à fait honorable en Gitant, le corps de ballet semblait accuser un peu la fatigue. Les Dryades étaient totalement désalignées, Amandine Albisson restait crispée en Reine, il manquait de la magie à la scène de la Vision. Alice Renavand y était un peu moins à l’aise et techniquement, ça ne pardonne pas. Mais malgré un début de variation moyen, la danseuse a très bien terminé, et l’on reste au final sur une bonne impression de sa Dulcinée. Le lyrisme gagnerait à être accentué, les bras à être travaillés, mais c’est pour pinailler. La star reste toutefois le Cupidon de Marine Ganio, absolument délicieux de précision et de style. Un petit coup de tête, un doigt délicatement posé sous le menton, une technique de fer et beaucoup de musicalité… Cette variation fut courte, mais quel régal.
Le troisième acte, heureusement, repartit sur de bonnes bases. Alice Renavand et François Alu avaient décidément envie de s’amuser ce soir-là, et la scène de la taverne fut drôle et savoureuse. L’adage fut par contre inquiétant. Les deux danseurs paraissaient crispés, tendus, les équilibres furent tremblotant et pour tous les deux, cela semblait être comme un mauvais moment à passer. Un long moment à passer, cet adage est interminable quand il s’y met. Mais là encore, ce ne fut pas bien grave. Car dès le dernier équilibre terminé, Alice Renavand retrouva toute sa fougue et abattit une dernière variation de haute volée. François Alu sauta encore plus haut, les deux tournèrent en une série de fouettés bien envoyés, et tout le monde termina sur un final enthousiasmant. Le tout encouragé par un public déchaîné (il y avait visiblement des fans), ce qui joue aussi pour passer une bonne soirée.
Si le couple Alice Renavand et François Alu n’a pas forcément été une révélation, cette soirée reste en tout cas très positive pour ce deux artistes. Ce n’est désormais plus un questionnement, mais un fait, lui est exceptionnel. C’est un soliste dans l’âme qui n’a peur de rien. Il a 19 ans, encore vingt ans de carrière devant lui, et très égoïstement, je me réjouis d’avance de ces 20 années à venir.
Pour elle, évidemment, on ne joue pas dans la même cour. N’empêche que cette prise de rôle d’Alice Renavand fut une réussite. Cantonnée dans un répertoire contemporain souvent sombre, où elle excelle d’ailleurs, elle a su montrer qu’elle avait de la ressource. Techniquement, elle n’est pas une Dorothée Gilbert et ne le sera jamais. Mais elle a montré que non, elle ne perdait pas de son charisme une fois les pointes aux pieds, qu’elle pouvait tout à fait tenir un premier rôle d’un grand ballet classique et qu’elle possédait un vrai sens théâtrale et beaucoup d’humour. J’espère que ce succès lui ouvrira d’autres portes quant aux rôles qu’on lui proposera. C’est une artiste qui, à mon avis, peut encore beaucoup surprendre.
Photo 3 © Elendae
Estelle
Wooow ! François Alu a seulement 19 ans ! Je l’ignorais !
Sissi
Merci pour ce compte-rendu ! Je les ai vu mercredi soir et je partage ton avis. Alice Renavand fait une très belle prise de rôle et j’ai hâte de la découvrir plus régulièrement en classique. François Alu est à la hauteur de se réputation, on admire ses sauts et ses pirouettes, sa présence sur scène, à 19 ans c’est impressionnant. En revanche on stressait pour eux dans le pas de deux du 3ème acte, mais que c’est intéressant et plaisant de découvrir de nouveaux danseurs et j’ai hâte de les revoir (pas forcément ensemble !).
Ma représentation préférée de Don Quichotte reste celle du 8 décembre en matinée avec Gilbert et Paquette, un vrai couple, qui s’amuse, fait partager sa joie de danser, drôles, un vrai partenariat, de beaux pas de 2 et de belles variations, un vrai régal !
Léopoldine
j’étais également à la représentation de mercredi mais je dois avouer que je n’ai pas été transportée par ce Don Quichotte. J’avais gardé un souvenir fabuleux de celui dansé aux étés de la danse par la compagnie de Chicago (mais je peux me tromper c’était il y 6 ans à peu près) à l’hôtel de Soubise à Paris.
la j’ai trouvé toute la technique parfaite mais sans émotion … tout cela est sans doute très subjectif
En attendant bonnes fêtes !
LucyOnTheMoon
Merci pour le compte-rendu et les photos !! Je n’avais pris qu’une place, pour le 17, exprès pour la prise de rôle d’Alice – et malheureusement on connaît la suite 😥 (je me console un peu plus facilement d’avoir manqué Alu, car comme vous le dites fort justement on a encore 20 ans pour le voir danser, il y aura certainement d’autres Basilio pour lui)
Heureuse de lire chez tout le monde que sur le plan technique, elle s’en est mieux sortie qu’attendu par certains. Quant à son potentiel « comique », l’ayant applaudie l’an passé en méchante soeur de Cendrillon, je n’en doutais pas un seul instant 😀
Maintenant, j’attends de la voir en Carmen !!
halli
Je ne sais pas si vous allez souvent a l’opéra et si vous êtes tout juste des groupies de telle ou tels, mais ce spectacle avec madame Renavant et ce jeune Alu est calamiteux. Ces danseurs n’ont jamais travaillé la danse classique, tout les défauts sont réunis et le couple est un gag.Il faut sortir un peu avant de s’extasier sur un spectacle qui ne vaut rien et ne représente rien.
hermione
Je n’osais pas trop le dire étant donné les commentaires qu’on lit de gens qui ont l’air d’avoir aimé cette soirée un peu folklo, mais c’est vrai que cette distribution ne reflète pas ce qu’on attend de l’opéra. C’est carrément la mère de kitri et son fils ! Moi je suis sortie abasourdie par tant de contentement de soi après avoir carrément changé la chorégraphie comme on oserait même pas le faire dans un vulgaire gala de province. C’est étonnant comme le niveau de l’opéra a baissé . Ca met très mal à l’aise tous ces applaudissements digne d’un reality show à la Télé J’avais vu la semaine dernière encore à Bastille le même DQ avec une danseuse qui faisait ses fouettés du troisième acte sur deux pieds en avançant vers le public.C’est inacceptable et on ne voit ça qu’ici !
Il faut tous les mettre à la barre et à la badine, comme sur les vieilles photos .
C’est par contre très cher payé pour subir cette autosatisfaction arrogante l
a.
@halli :pardon, Amélie, de répondre à votre place, mais je doute que Renavand et Alu n’aient « jamais travaillé la danse classique »… je ne les verrai que dimanche, peut-être serai-je, comme vous, déçue, je ne veux pas vendre la peau de l’ours etc., mais je trouve très excessive votre remarque. Je reconnais volontiers que le style Noureev se perd, que l’opera n’a plus le style d’il y a10 ou 20 ans, etc. Mais de là à dire qu’ils ne savent pas danser…
halli
e@ A Un festival d’effets ,de genoux en dedans de pointes non tendues, un en dehors très approximatif ,des cinquièmes oubliées, aucune arabesque correcte, aucun portés réussi [Edit modération : pas de remarques physiques SVP], un désastre. Je ne comprends pas si on veut être objectif quel est l’intérêt de présenter une telle association de personnes Ce n’est pas la faute des danseurs qui ont été sollicités pour danser ce DQ. lIs ont certainement essayé de faire de leur mieux, mais le résultat est insupportable pour qui connait un peu le classique et ses exigences à minima.Ce n’est pas un service qui leur a été rendu et on comprend aisément toutes ces blessures y compris chez ce pauvre jeune homme qu’on autorise à se lancer en l’air a tout bout de champ dans un style kamikaze désopilant pour faire genre.
Ellle
Soyons honnêtes et n’exagérons pas dans l’autre sens non plus, mais il est simplement anormal qu’on se congratule en décrétant inoubliable un moment, certes bien meilleur que les autres, mais souffrant d’approximations ! Il n’est pas si loin le Don Quichotte du Bolshoï quand même … Le Problème essentiel vient de la chorégraphie et tant que l’on n’osera pas le dire parce que Noureev … on tournera en rond
lou
Après avoir vu toutes les distributions de Don Quichotte, je donne mon cast ideal:
Kitri: Dorothée Gilbert
un peu par défaut. (elle reste la moins criticable dans l’ensemble .Mathilde Froustey a le physique en photo, mais sa technique se perd sur la durée des 3actes.
En fait, j’aurais aimé découvrir la nouvelle Agnès Letestu…à suivre !
Basilio: Mathieu Ganio
idéalement le personnage ( fougeux, lumineux amoureux, drôle , beau !
et surtout un danseur hors pair qui maitrise toutes les difficultés du rôle avec aisance ).
la Reine ds Dryades: Héloïse Bourdon
sans hésitation : envoutante!
poétique et absolument parfaite ( de la classe, de l’autorité, du lyrisme; une beauté unique et à part et un excellente technique)
la Danseuse de Rues: Laura Hecquet
mystérieuse et subtile (très belle amplitude scénique, une beauté froide qui intrigue, intelligente , voluptueuse et racée.. avec des jambes !!! )
Espada : Florimond Lorieux
très original et une belle personnalité ( fin, élégant, plein de charme, dommage qu’il soit fragile, il a une très belle danse et du style). Un vrai danseur digne de l’ Onp.
le Gitan: Alister Madin
une forte et belle présence (très scénique, excellent interprète, fougueux et vivant, audacieux il aurait pu être aussi un bon Basilio ) qu’est ce qu’il à en moins de Alu ?
le Cupidon: Melanie Hurel
un petit bijoux de perfection classigue (mutine et fraîche, piquante, avec un beau physique et de la classe au service d’ une danse intelligente et nuancée)
Charline et Mathilde étaient deux Amies complémentaires en Espiègleries.
Hèloïse et Laura parfaites et drôles en Amies de Luxe.
La demoiselle d’honneur : Marion Barbeau (adorable et pétillante)
mina
C’est fatigant de lire ces comptes rendus de blgggeurs sans aucune objectivité qui défendent ou attaquent systématiquement les mêmes danseurs quoiqu’ils fassent.
On se demande même parfois s’ils ont vu les spectacles tant le jugement est partial
C’est vraiment des postures de paumés, Quand un spectacle n’est pas à la hauteur,il faut le dire sans crainte et argumenter, ne pas porter aux nues les faiblesses techniques inacceptables d’un couple impossible quand c’est le cas, même si il est sympa. Hermione a raison, ces commentaires ordinaires (ce que j’ai lu par ex autour de la prise de rôle de Froustey ! ridicules d’in-objectivité ) sont devenues des réactions dignes d’un spectacle de télé réalité: aucun intérêt !
MUC
Halli,
Je suppose que pour faire ce genre de commentaires vous êtes une super étoile de la danse et je vous en félicite. Mais de là a traiter une distribution de calamiteuse….. cela dénnote de votre part un manque total de modestie ou/et de la jalousie.Vous n´avez pas aimé et c´est votre droit le plus stricte, vous le dites sans offenser personne ce sera encore mieux. Quels sont en dehors de vous les danseurs sachant danser de par le monde ? Cela serait intéressant de faire partager votre immense savoir.
MUC
@[halli
critiquer la technique je suis d´accord… mais critiquer le physique des gens c´est vraiment de la méchancetée gratuite. Je suppose qu´en dehors d´être une danseuse sublimes vous êtes d´une beauté absoluement parfaite.
Moi j´aime bien le poisson et les poissoniers.
a.
Je sors de cette distrib, je lis ces commentaires…
C’est vrai que Revavand a peiné dans l’adage (j’ai eu peur plus d’une fois), mais leur ai trouvé une intelligence – elle, un charisme, une théatralité, une sensualité, ; lui est certes un peu jeune (est-ce un défaut???), n’a pas le physique opéra, paraît-il, mais de la fougue, de l’esprit (surtout dans l’acte I, après il fut certes un peu tendu – mais qui ne le serait à sa place?), et dans l’ensemble, une vraie joie à les voir.
Je trouve bien d’être perfectionniste, je suis d’acc que le style de Nourrev est un peu perdu, qu’on peut critiquer l’opéra d’aujourd’hui etc. etc. – mais d’une part la danse n’est pas de la gym, d’autre part… eh bien, c’est peut-être le destin des compagnies, de s’essouffler un peu avant que quelqu’un surgisse et donne un nouveau style, non? N’est-ce pas là l’histoire même de la danse? Lifar, Noureev, ont permis cela…
Certes ce n’était pas le don quichotte de ma vie, mais de là à dire tant de mal d’eux, j’espère qu’ils ne lisent pas tous ces commentaires… et s’ils les lisent, je dirai comme cet après-m : bravo! …
c’est dur la vie d’artiste!
et si ça vous fatigue de lire les blogueurs, eh bien, pourquoi les lisez-vous
Colette
Ayant vu la soirée du 14 si je ne me trompe pas, avec Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio, j’en suis ressortie bien contente 😀 .
Peut-être qu’au lieu de critiquer injustement les physiques des danseurs vous devriez vous rappeler que la danse est un art qui a pour but de transmettre des émotions.
Je suis d’accord que c’est encore mieux lorsque les genoux sont en dehors , les pointes sont tendues, mais si dès son entrée, Alice Renavand s’empare du rôle et qu’elle a un beau sens du théâtre, peut-être que c’est l’essentiel pour l’instant, ceci étant une prise de rôle.
Et si la virtuosité n’est jamais là sans raison comme le dit Amélie, je ne pense pas que l’on puisse parler de festival d’effets…
karen
C’est clair qu’il ne faut pas le dire comme ça peut être, mais moi j’ai vu les deux spectacles avec cette distribution Renavand/Alu et c’est clair que c’est quand même inquiétant pour l’opéra de paris de n’avoir à proposer que des danseurs en difficultés peu importe pourquoi, pas prêts,manque de travail, pas le physique, trop jeune, trop vieux, pas le niveau, bref..on attend autre chose en allant à l’opéra que de trouver des danseurs de bonne volonté qui font tout (ou pas) à l’arrache, avec dans la salle un genre fan club qui pousse des cris à chaque « prouesse », style ouf ! c’était pareil avec Froustey d’ailleurs. Pour remettre les choses en place il suffit de regarder simplement la vidéo avec Dupont ou Letestu pour comprendre qu’il y a un fossé entre les deux versions et que ce n’est pas de la médisance de vieille danseuse aigrie et jalouse ( de quoi mon dieu ! ) mais une bien triste réalité. Retour à la barre (comme dit l’autre) et surtout un peu de sérieux de la part des décisionnaires pour ne pas exposer tous ces pauvres danseurs au grand n’importe quoi. Si « la danse est un art qui a pour but de transmettre des émotions » c’est le cas de le dire !
Melodiz
Spectacle enthousiasmant que celui de la matinee d’hier. De vraies et belles decouvertes que MM. Renavand et Alu, une belle danse, de la fougue et du caractere. Idem pour le corps de ballet. Vous m’avez fait rever et voyage. Un grand bravo!
Anne
Il y a en effet un fossé entre la distribution Renavand / Alu (vue le 23/12) et celles de Dupont / Legris et Gilbert / Paquette (vues en vidéo). J’ai cependant passé une matinée très agréable. Ils n’ont pas la virtuosité des « anciens » de 2002 mais cette représentation respirait une joie de danser et un enthousiasme que je n’ai pas ressentis chez Gilbert / Paquette. Alu doit encore apprendre à se lâcher côté interprétation mais cela se comprend quand on sait que c’est son 1er grand rôle. Et il offre des variations tellement éblouissantes que ça compense bien. Alice Renavand m’a quant à elle surprise par son sens du comique. Mention spéciale aux seconds rôles, surtout Laura Hecquet en Danseuse des rues qui m’a impressionnée par sa présence et la maîtrise de sa danse.
Certes, ce ne sont pas de grandes étoiles et pour une représentation de l’ONP, on pouvait sans aucun doute s’attendre à mieux. Cependant, n’est-ce pas un signe de dynamisme pour une compagnie que de laisser parfois la scène à de jeunes espoirs ? Ceux qui sont considérés aujourd’hui comme les plus meilleurs danseurs se sont bien vus confier des 1ers rôles alors qu’ils n’étaient que sujets (Ganio dans Don Quichotte, Letestu dans le Lac des Cygnes…) et ils n’avaient probablement pas leur niveau actuel alors.
Tiphaine
Bonjour à tous, j’ai longuement hésité avant de livrer mes impressions tant les commentaires divergent. Je trouve que certains commentaires (ici ou ailleurs) sur l’Opéra et ses danseurs sont quelques fois un peu irrespectueux mais passons, chacun son avis et ses goûts après tout.
J’ai vu trois distributions différentes qui m’ont apportées trois sentiments différents.
Tout d’abord Gilbert/Paquette, mon premier de la série. J’y suis allée avec un peu d’appréhension car en 2007, Karl Paquette m’avait vraiment déçu. Au final, une bonne représentation avec une Kitri très joueuse et un couple qui marche bien mais je n’en suis pas ressortie hyper emballée non plus, la danse était belle, bien faite mais pour moi pas transcendante. En revanche, je retiens particulièrement Alister Madin, très captivant et Marion Barbeau nous ayant fait une démonstration de ce qu’est la technique et la propreté de l’école française avec de sublimes pirouettes.
J’ai ensuite vu le couple Froustey/Alu. Une représentation sans répétition (même si je ne cache pas mon plaisir à avoir vu ce couple, on peut se demander si c’est bien sérieux de mettre un couple sur scène sans répétition) Elle est sublime, tellement heureuse de danser, elle nous absorbe dans l’histoire, pas besoin de faire d’effort. Elle fait preuve, je trouve, d’une superbe technique (qui vient en renfort à certain moment du manque de répétition à deux- par exemple: les tours à la seconde dans le pas de deux final). Lui est extraordinaire – ses sauts, olala, j’en suis encore bouche bée – même si son interprétation est encore un peu verte. Le couple passe très bien. Certes, il y a des couacs mais ceux-ci sont très vite oubliés tellement ce couple est réjouissant, on se dit presque: enfin de la danse!!!! Sarah Kora Dayanova est vraiment dans son élément en danseuse de rue, très caractérielle et imposante et les 2 amies (Séverine Westermann et Lucie Clément) sont parfaites ensemble. Techniquement, ce n’était pas parfait mais c’était une superbe représentation, et un couple que, je l’espère, nous reverrons dans de grands rôles.
Enfin, j’ai vu Pagliero/Ganio. Ayant lu des avis très divergeant sur elle, je ne savais pas à quoi m’attendre mais j’étais contente de le voir lui. Au final, c’est la représentation la plus au point, ils sont synchro, dynamiques et elle a une technique à couper le souffle (cf. les fouettés avec l’éventail, très impressionnant). D’ailleurs le pas de deux du mariage est vraiment vraiment bien (pour ne pas utiliser l’adjectif parfait!!!), il m’a rappelé celui de Dupont/Legris dans la maitrise et l’engagement. Personne n’en a beaucoup parlé mais Charline Giezendanner était un superbe Cupidon, pleine de finesse de charme et de piquant mais aussi avec beaucoup de tendresse pour Don Quichotte. Je suis ressortie de la représentation la tête dans les étoiles!!!
Au final, je suis contente de ces trois représentations, avec de belles découvertes: Marion Barbeau, Allister Madin et François Alu que je ne connaissais pas mais qui pèserons maintenant dans mes choix de distributions. Trois Kitri différentes mais qui m’ont chacune touché à leur manière. Je préfère l’acte 1 de Mathilde sur celui de Dorothée ou Ludmila. Les deux derniers actes sont à égalité!!! Mathieu Ganio est mon meilleur Basilio (mais François Alu n’est pas loin!!). Héloïse Bourdon est une bonne Reine des Dryades, avec un bon mix d’autorité et de lyrisme. Le corps de ballet m’a semblé très bien, peut-être un peu moins pour les Dryades. Autre chose que j’ai beaucoup aimé dans ces représentations, c’est tout le travail théâtral des personnages (surtout Gamache et Lorenzo) et toute la vie du ballet, tout ce qui se passe autour de ceux qui dansent.
On a beau critiqué l’Opéra, cela reste une excellente compagnie, après ce que la direction choisit de faire, c’est une autre histoire.
Virginia L
N’ étant pas sur Paris, j’ aurais voulu le voir pour me faire mon opinion.
a.
Quel mouvement sur ce blog!
Les désaccords qui s’y manifestent sont finalement aussi vieux que la danse elle-même – à savoir se résument à savoir ce qu’est la danse. Bien sûr qu’on ne peut rien sans technique, et que chacun ici regrette un peu les difficultés techniques rencontrées par certains danseurs, mais ces querelles montrent aussi combien la question de la nature de l’art persiste… La renaissance connaissait les mêmes conflits dans la peinture : Bellori disait du Caravage qu’il n’avait pas d’idées… et d’autres vomissaient les maniéristes…
ça fait plaisir de voir que dans l’indifférence des ministres de la culture pour la danse classique en France, restent quelques acharnés, comme nous, qui se battraient pour une conception de la danse!
James
Don Quichotte est le ballet joyeux, gai, trépidant par excellence; Quand on a eu le plaisir de voir la chorégraphie de Alexander Gorsky, on ne peut être que déçu par la prestation donnée.
Amélie
@ Tous et toutes : Et bien cette distribution n’a laissée personne indifférent-e visiblement !
@ Estelle : Je me demande s’il n’a pas soufflé ses 20 ans depuis, de toute façon, ça reste très jeune pour ce qu’il fait !
@ Sissi : Idem, je suis curieuse de les revoir, mais avec d’autres partenaires.
@ Léopoldine : Je pense que c’était par le San Fransico Ballet… C’est souvent ce que l’on reproche à l’Opéra de Paris, être parfait techniquement mais un peu froid.
@ LucyOnTheMoon : C’est vrai qu’elle m’avait aussi bien fait rire en soeur de Cendrillon ! Techniquement, elle a assuré ce qu’il fallait de façon très intelligence. J’ai hâte aussi de la voir en Carmen !
@ A. : Merci d’avoir réponde à ma place ! (j’étais en vacances et loin d’un ordinateur). Rien à rajouter.
@ Halli et Hermione : « Ces danseurs n’ont jamais travaillé la danse classique »… Euhh… Je peux comprendre qu’Alice Renavand ne séduise pas tout le monde, mais ne tombons pas dans la caricature de la critique non plus.
@ Elle : Qu’on soit clair : cette soirée n’était pas inoubliable, mais considérant le tout (prise de rôle, peu de répétition ensemble), ils s’en sont bien tirés. Au-delà de ça, j’ai vraiment cru à leur histoire, j’ai ri, j’ai aimé leur engagement, et ça compte aussi pour passer une bonne soirée. Au delà de la chorégraphie, je me demande si le problème ne vient pas du coaching générale de la troupe et du calendrier.
@ Lou : Merci pour ce long bilan ! Je vous rejoins sur certains d’entre eux, mais j’aurais donné la palme du Cupidon à Marine Ganio. Quand à son frère, je regrette de ne pas l’avoir vu danser, suite aux changement de distributions.
@ Mina : Si les blogs vous fatiguent, arrêter de les lire ! Pour ma part, j’essaye d’être la plus objective possible, et de le dire quand je n’ai pas aimé. Je suis désolée, mais ce soir, j’ai passé une bonne soirée.
@ Colette : L’idéal est d’avoir la technique et l’interprétation 😉 Mais dans ce cas, la deuxième n’a jamais souffert du premier, c’est ce qui compte (et ce n’est pas toujours le cas à l’ONP, on voit de temps en temps des danseurs visiblement à la peine dans des rôles principaux, et leur interprétation en souffre).
@ Karen : Sans sombrer dans la nostalgie sur Youtube, ce n’est pas mentir de dire qu’il y a un creux des générations en ce moment. Cette série de DQ s’en est finalement mieux tiré qu’on ne pouvait l’espérer au début, mais il manquait des distributions d’éclat.
@ Melodiz : Merci de partager votre enthousiasme !
@ Anne : Complètement d’accord avec vous. François Alu a le droit de ne pas être parfait, surtout pour son premier grand rôle.
@ Tiphaine : Merci pour ce long commentaire ! Un couple qui a eu le temps de bien travailler ensemble, ça se voit tout de suite. Ludmila Pagliero a eu de la chance par rapport aux autres danseuses, c’est aussi ce qui lui a permis de s’améliorer au fur et à mesure des représentations, d’après ce que j’ai pu lire.
@ James : Vous lancez un long débat 😉 Je n’ai pas l’expérience pour comparer telle ou telle version, mais celle de Noureev a sans conteste ses imperfections.