Onéguine de John Cranko par le Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène
Onéguine de John Cranko revient au Ballet de l’Opéra de Paris, du 10 février au 7 mars au Palais Garnier, avec une avant-première jeune le 9 mars. Ballet romantique néo-classique donné un peu partout à travers le monde, il a été beaucoup repris à Paris ces dernières années, notamment par la merveilleuse Isabelle Ciaravola qui a marqué le rôle de Tatiana de son empreinte. À tel point que l’on pourrait croire qu’il s’agisse en 2018 de la reprise de trop. Pourtant, les distributions font indubitablement rêver, avec à la fois des Étoiles expérimentées et des prises de rôles qui s’annoncent passionnantes. Une belle série a priori.
La distribution étoilée et qui fait rêver
Mathieu Ganio (Eugène Onéguine), Ludmila Pagliero (Tatiana), Myriam Ould-Braham (Olga), Mathias Heymann (Lenski) et Florian Magnenet (le Prince Grémine) : les 10, 13, 15, 17, 20 et 21 février.
Quatre Étoiles sur le papier, et franchement une distribution qui fait rêver pour la première de cette reprise d’Onéguine, avec beaucoup d’artistes expérimenté.e.s dans les rôles. Avec le départ de Hervé Moreau, Mathieu Ganio s’affiche comme le grand Onéguine de l’Opéra de Paris : longue lignes, danse magnifique et une âme d’artiste à fleur de peau, proposant lors des dernières reprises un personnage aussi complexe que touchant. Lors de la dernière reprise, Ludmila Pagliero était un peu sur la réserve. Mais la danseuse a évolué d’une façon étonnante ces dernières années. Et le couple qu’elle forme avec Mathieu Ganio fonctionne bien. À leurs côtés, Myriam Ould-Braham et Mathias Heymann, extrêmement complices, dansent merveilleusement Olga et Lenski depuis plusieurs années. On aurait d’ailleurs bien aimé voir Myriam Ould-Braham en Tatiana. Florian Magnenet semble tout à fait à sa place Prince Grémine aussi. Une distribution sans faute.
La distribution Tatiana
Audric Bezard (Eugène Onéguine), Dorothée Gilbert (Tatiana), Muriel Zusperreguy (Olga), Jérémy-Loup Quer (Lenski) et Florian Magnenet (le Prince Grémine) : les 11, 14, 16, 23 et 26 février.
À ses débuts, Dorothée Gilbert n’était pas vue comme une tragédienne. Mais en quelques années, l’Étoile a évolué d’une incroyable façon dans son jeu, proposant ainsi l’une des plus belles et touchantes Manon il y a quelques années. Sa Tatiana, avec la maturité en plus, devrait être merveilleuse. Dommage qu’elle ne danse pas avec Hugo Marchand, avec qui elle forme un très beau couple en scène, et ce n’est visiblement pas faute à ces deux artistes d’avoir demandé. Tout comme sur Don Quichotte, Dorothée Gilbert, pourtant la grande Étoile de la compagnie en ce moment, n’a pas forcément une distribution à sa hauteur. Le reste du casting est constitué de danseurs et danseuses aussi honorables qu’investi.e.s, mais qui n’ont pas forcément la même portée dramatique qu’un Hugo Marchand ou qu’un Mathias Heymann. Audric Bezard sera cependant à suivre, avec son premier grand rôle dramatique, tout comme Jérémy-Loup Quer qui n’a pas si souvent que ça les honneurs d’un personnage important.
Les distributions surprises et attendues avec impatience
Hugo Marchand (Eugène Onéguine), Sae Eun Park (Tatiana), Léonore Baulac (Olga), Germain Louvet (Lenski) et Jérémy-Loup Quer (le Prince Grémine) : les 22, 24 et 28 février, les 2 et 6 mars.
La parfaite distribution de petits jeunes ! Hugo Marchand apparaît déjà comme un Onéguine idéal, entre sa danse magnifique et son âme romantique. Voilà un danseur qui sait jouer, qui sait porter un personnage dramatique. Quant à Sae Eun Park, elle est souvent étonnante. Alors que l’on peut la trouver parfois un peu froide, elle surprend d’intelligence dans Jerome Robbins, ou de lyrisme récemment dans Diamants de George Balanchine. Elle pourrait se révéler superbe en Tatiana, à suivre de près. Après des prises de rôle un peu hasardeuses, Léonore Baulac et Germain Louvet sont de retour dans des rôles qui semblent d’emblée très bien leur convenir, même si plus le temps passe, moins je suis convaincue par la bonne idée de les faire danser ensemble (se contenant souvent tous les deux de quelque chose de mignon, quand il.elle.s peuvent étonner en dansant avec d’autres).
Stéphane Bullion (Eugène Onéguine), Laura Hecquet (Tatiana), Naïs Duboscq (Olga), Paul Marque (Lenski) et Alexis Renaud (le Prince Grémine) : le 25 février, le 1er mars. Avec Marion Barbeau (Olga) et Arthus Raveau (Lenski) : les 3, 5 et 7 mars.
Le retour de Laura Hecquet, enfin ! Et dans un grand rôle dramatique pour la première fois, ce qu’a toujours voulu l’Étoile. L’on imagine très bien Laura Hecquet dans ce genre de personnage et de répertoire. Tout comme l’on imagine très bien Stéphane Bullion en Onéguine, qui revient lui aussi dans un grand rôle après plusieurs mois en retrait. Le couple semble bien complémentaire sur le papier, tout pourrait y être équilibré. Dans les seconds rôles, on guettera Arthus Raveau, si rare dans un personnage de second plan, dont la danse cérébrale et romantique pourrait donner un très beau Lenski. Paul Marque voit là une chance de montrer qu’il n’a pas que la technique pour lui, mais aussi une véritable âme d’artiste. Sa partenaire Naïs Duboscq est pour sa part entrée dans le corps de ballet en septembre, à elle d’assurer sa précoce mise en lumière.
Et vous, quelle distribution allez-vous voir ? Laquelle vous tente le plus ?
Emmanuelle
J’ai vu la distribution « Tatiana » et effectivement Dorothee Gilbert a ce truc en plus qui fait qu’elle domine la situation et la distribution. Mais les autres n’ont pas démérité, audric Bezard ténébreux à souhait, Quer et Zusperreguy beau couple contrarié. Je n’ai pas été déçue. Bon ce n’est pas Evan mcKie mais les rôles sont habités et pas de faux pas.
Mélanie
J’ai vu la distribution quatre étoiles de la première et c’était superbe.
La distribution était très équilibrée : le couple Olga/Lenski était admirablement incarné par Mathias Heymann et MOB, amoureux, complices, exquis. Heymann était très présent, sa variation du 2e acte très intense.
Mathieu Ganio était très délicat et musical, comme il sait faire. Il incarnait un dandy distant au-dessus de tout. Peut-être un peu trop distant ?
Ludmila Pagliero était une magnifique Olga, son 3e acte notamment était très puissant et d’une grande émotion. Ce qui est remarquable avec Pagliero, c’est qu’elle exprime ses émotions et l’évolution de son personnage par sa danse : légère au premier acte, elle campe dans son corps son statut de femme, son désespoir, sa colère, son humiliation au dernier. Du grand art.
Marc
Mathieu Ganio un grand Onéguine??? Je n’ai vu qu’un personnage st peu incarné qu’il en devient ectoplasmique, à un point tel qu’il semble parfois seulement marquer les pas. Qui plus est, il se contente de danser à côté de sa partenaire et non pas avec elle. Cela donne des pas de deux où l’émotion fait cruellement défaut malgré l’étonnante Tatiana de Ludmilla Pagliero. Elle trouve enfin un partenaire à sa hauteur au troisième acte où Florian Magnenet, magnifique prince Grémine, nous offre avec elle un duo vibrant, d’une musicalité exceptionnelle. Outre Pagliero, l’étoile de cette distribution c’est Mathias Heymann parfait à tous égards dans le rôle de Lenski.