15 spectacles partout dans le monde, plus de 20 ans d’existence, et le Cirque Éloize a toujours l’art de proposer des créations efficaces et truculentes. Saloon, qui tourne depuis deux ans et passe cet automne en France, n’échappe pas à la règle. Voilà 1h30 de show menée tambour battant, entre virtuosités circassiennes à couper le souffle, petites blagues et chorégraphies bien menées. Le tout dans un saloon de cartoon, où les bouteilles volent et le piano déglingué fume, au milieu des pétarades de quelques cow-boys un peu trop endiablés. Un spectacle certes calibré pour plaire et en mettre plein les yeux, mais avec cette coolitude si canadienne qui lui donne tout son charme et sa personnalité.

Saloon – Cirque Éloize

Créé en 1993, le Cirque Éloize est l’une des troupes emblématiques du nouveau cirque. Tout comme sa consœur Les 7 Doigts de la main, la compagnie est aujourd’hui une entreprise qui compte, avec plusieurs spectacles tournant au même moment un peu partout dans le monde. Mais qu’est-ce qui fait que ses spectacles gardent toujours ce parfum d’artisanat, celui qui fait que l’on se sent tout de suite chez soi ? La profonde générosité et sincérité des interprètes, peut-être. Rôdé au millimètre depuis deux ans, Saloon donne ainsi, dès les premières minutes, la sensation d’être devant de vieux amis venus nous raconter une histoire. La faute au feu de camps, à la guitare et au banjo, qui fait que l’on a tout de suit envie de se poser dans ce saloon de carton-pâte. Rien ne manque dans les personnages : le cow-boy beau gosse et un peu frimeur, le balourd de service, la girl tout en jupons, la Calamity Jane qui sait bien ambiancer quand elle se met au piano… Le tout dans un ton volontairement cartoon, avec le bruit des balles qui sifflent façon dessin animé et les clins d’œil évidents à l’incontournable Lucky Luke.  

Emmanuel Guillaume, le metteur en scène du spectacle, a ainsi imaginé cette colonne vertébrale, cet univers qui rappellent au public de tous âges des souvenirs d’enfance. Ce fut ensuite les artistes qui s’en sont emparés pour des numéros sur-mesure. La girl enlève ainsi ses jupons pour un numéro de contorsion. Le lustre qui valdingue depuis un outil de voltige. La Calamity Jane manie le lasso aussi bien que la corde lisse qui se balance du plafond. Le beau gosse jongle comme personne avec de fausses bouteilles de bière, mais que ses comparses se rassurent, il n’en casse aucune. Et quand il faut s’affronter, c’est face-à-face avec une bascule et des sauts périlleux. On rabat souvent les oreilles sur le niveau superlatif des circassiens et circassiennes des troupes québécoises. Mais que voulez-vous, leur virtuosité étourdissante étonne et coupe le souffle à chaque fois, aussi parce qu’ici, elle est toujours portée par une énergie communicative et une spontanéité rafraîchissante. 

Saloon – Cirque Éloize

Saloon a l’art et la manière de mener un rythme de spectacle, entre numéros éblouissants et petits moments de jeu ou de rire, quand ce n’est pas la musique, jouée la plupart du temps en live par les acrobates qui reprennent quelques standards country, qui prend le relais. Ce sont toutes ces petites choses qui amènent le grain de folie indispensable à une machine bien huilée, pour que le plaisir du spectacle et la joie communicative des artistes l’emportent au final. 

Saloon – Cirque Éloize

Saloon d’Emmanuel Guillaume par le Cirque Éloize à la Maison de la Danse. Avec Nathan Biggs-Penton, Andreas de Ryck, Rosita Hendry , Guillaume Larouche, Camille Leclerc, Giovanni Maldonado, Joana Martinho, Trevor Pool, Meghane Poulet, Johan Prytz, Paul Roberto et Owen Winship. À voir jusqu’au 25 novembre, puis en tournée à Paris du 28 novembre au 6 janvier, en tournée en France du 10 au 26 janvier.