TOP

Sylvain Groud et Naïssam Jalal – La déclaration

Le chorégraphe Sylvain Groud et la musicienne Naïssam Jalal se sont associés pour une proposition inédite, regroupant sur scène cinq danseuses et danseurs et le quintette Rhythms of Resistance. La Déclaration, conçue conjointement par le directeur du Ballet du Nord et la compositrice syrienne se veut une « ode à la Fraternité et à la liberté« . Créé en 2017, le spectacle  s’est arrêté à la Cité de la Musique de Paris dans le cadre d’un week-end  consacré à la Syrie. La Déclaration se décline en une série de tableaux mêlant sur un même plateau les dix artistes. Mais le projet, pour passionnant qu’il soit, ne trouve jamais son rythme et ne dépasse que rarement le format d’un concert dansé.

La Déclaration – Sylvain Groud et Naïssam Jalal

L’ouverture de La Déclaration est prometteuse. Dans une série de fondus au noir, danseur.se.s et musicien.ne.s sont réunis pour un rituel étrange où l’on semble opérer un tri comme l’écho d’une migration. Ce prélude lance ce spectacle qui se divise en une série de huit tableaux  aux tempos différents. Les danseuses et les danseurs restent à l’avant-scène, les musiciens et musiciennes derrière, dans un dispositif trop classique qui ne se modifie que très rarement. Ce choix complique la promesse d’un spectacle transversal où musique et danse seraient liées étroitement. On attend ainsi en permanence ce moment où l’on dépassera ce format. La salle de la Cité de la Musique renforce cette mise à distance constante. La Philharmonie s’entête à programmer des spectacles chorégraphiques. On pourrait s’en réjouir mais elle ne dispose pas hélas de salles qui répondent aux exigences de la danse. L’auditorium de la Cité de la Musique est conçu pour la musique et ses exigences acoustiques. Dans une configuration classique scène/salle, il écrase les danseurs et danseuses par ses volumes monumentaux. Du sol en latérite rouge évoqué dans la feuille de salle, on ne perçoit rien et cet éloignement de la scène empêche de se plonger dans l’univers de Sylvain Groud.

La Déclaration – Sylvain Groud et Naïssam Jalal

Il y a pourtant de belles choses, comme ces ensembles de corps mêlés qui se déplacent avec une sensualité délicate, des solos en forme de transe, une forte présence scénique des interprètes. Il y manque toutefois une direction qui assumerait la proposition de départ où deux mondes artistiques seraient entremêlés. Or, on reste trop souvent dans un propos purement illustratif. La musique du coup prend le pas sur la danse grâce à la partition écrite par NaÏssam Jalal et superbement interprétée par la Quintette qu’elle dirige, Rhythms of Resistance. La compositrice syrienne, flûtiste virtuose, ne s’enferme jamais dans un genre mais y instille les influences qui l’ont formée. Du free jazz au rap, de la musique africaine jusqu’aux accents plus rock, la musique de La Déclaration suffit à valider ce spectacle qui s’achève sur un final tonitruant où se retrouvent danseurs, danseuses, musiciens et musiciennes. Enfin !   

 

La Déclaration de Sylvain Groud et Naïssam Jalal à la Philharmonie de Paris. Avec Alexandre Bado, Sergio Diaz, Anusha Emrith, Lauriane Madelaine, Julien Raso (CCN de Roubaix) et Naïssam Jalal (flûte et ney), Mehdi Chaïb (saxophone et percussions), Karsten Hochapfel (guitare et violoncelle ), Zacharie Abraham (contrebasse) et Arnaud Dolmen (batterie). Samedi 9 mars 2019. 

 

Poster un commentaire