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Spectacle 2019 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – D’ores et déjà/Conservatoire/Les deux pigeons

Incontournable de la saison et de la vie de l’École de danse de l’Opéra de Paris, le spectacle annuel est une magnifique vitrine permettant de mettre en valeur toutes les divisions. Les choix de cette année ont représenté un mélange équilibré offrant différents niveaux de challenges aux élèves. Ils ont aussi permis au public toujours nombreux et impatient une ballade chorégraphique roborative. Jusqu’à un dernier ballet, Les Deux Pigeons, proposant un éclairage intéressant sur deux talents en devenir.

Les Deux pigeons d’Albert Aveline – Inès Mcintosh, Benjamin Meslier et les élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris

En ouverture de soirée, c’est avec un réel plaisir que l’on retrouve D’Ores et Déjà  créée en 2013 pour l’École de Danse à l’occasion de son tricentenaire par la chorégraphe Béatrice Massin et le danseur de l’Opéra de Paris-chorégraphe Nicolas Paul, déjà reprise lors du spectacle de 2015. Sur des extraits des Indes Galantes de Rameau, cette pièce dégage une majesté qui sied bien à la solennité d’un tel rendez-vous. Elle a le mérite de faire la part belle aux élèves garçons. En effet, pas moins de 17 danseurs issus de différentes divisions s’y côtoient sur le plateau. Le décor sobre mais élégant est constitué d’un immense cadre doré. Libre à chacun.e d’y voir un clin d’œil aux ors de Versailles ou une porte ouverte entre les générations, entre l’enfance et l’âge adulte. Les danseurs se frottent là à une danse très codifiée, limite un peu rigide que chacun doit s’approprier avec respect mais modernité.

Accueillant cette première partie avec le souvenir quasi intact de la création il y a six ans, on se surprend à regretter une sorte d’élan, de souffle qui portait littéralement les jeunes danseurs précédents. C’est proprement exécuté, dans un profond souci du collectif très appréciable. Mais presque un peu trop sagement quand il eut peut-être fallu y glisser une once d’irrévérence à l’égard de la figure tutélaire du Roi Soleil.

D’ores et déjà de Béatrice Massin et Nicolas Paul – Élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris

Du baroque revivifié au classicisme, il n’y a qu’un pas qu’Élisabeth Platel demande à ses élèves de franchir avec allégresse. Conservatoire d’Auguste Bournonville constitue comme un « marronnier », pour emprunter au jargon journalistique, du spectacle annuel. Et c’est justifié, tant ce ballet apparaît comme une sorte de mise en abyme intéressante autour du thème de la classe de danse. Tout droit sorti.e.s d’un tableau de Degas, danseuses en tutus longs et rubans pastels et danseurs sous la houlette de leur professeur enchaînent les pas à la barre puis au milieu. Toutes les divisions, ou presque, sont représentées et la chorégraphie possède l’infini mérite de mettre en avant le travail du bas de jambe caractéristique du style Bournonville.

Disons le tout net : difficile de se lasser de ce petit voyage temporel dans la danse académique du XIXe siècle. Tout est délicieusement charmant et on prend plaisir à déguster variations et adages. Bien sûr, impossible de ne pas s’arrêter sur les petits défauts car la chorégraphie elle-même nous place en position de professeur prompt à traquer la moindre hésitation ou erreur technique. Mais filles et garçons assurent avec précision, y compris les très jeunes petits rats de sixième division dont on peut sentir de notre place l’excitation teintée d’appréhension de fouler la scène du Palais Garnier.

Conservatoire d’Auguste Bournonville – Élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris

Après l’entracte, Les Deux Pigeons d’après la célèbre fable éponyme de la Fontaine offre l’opportunité aux jeunes danseur.euses de donner vie à des personnages haut en couleurs. Entré au répertoire de l’Ecole en 1978, ce ballet délicieux de Louis Mérante remonté par Albert Aveline incarne une certaine tradition de la maison Opéra de Paris. Danses de caractères, variations, pantomine… Tout est réuni pour mettre en valeur la richesse des enseignements de l’École. Certes, l’intrigue s’apparente a priori à une bluette qui évoque les amours contrariées de la villageoise Gourouli et de son inconstant fiancé Pepio. Mais à y regarder de plus près, l’héroïne se montre finalement plus intrépide, prête à tout pour récupérer son amoureux qui s’est amouraché d’une jolie gitane.

Chaque élève se glisse dans ce ballet avec beaucoup d’allant. Éclipsant les garçons dont les prestations manquent d’aspérité, les deux reines de la soirée sont les deux solistes filles. Inès McIntosh s’empare avec nuances du personnage de Gourouli et donne du reflet à la détermination de la jeune fille. En Gitane, Apolline Anquetil impose une présence affirmée et lumineuse. Toutes deux affichent une technique sûre et de très belles qualités physiques. RV en juillet pour le concours de recrutement du Ballet !

Les Deux pigeons d’Albert Aveline – Apolline Anquetil au centre et les élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris

 

Spectacle de l’École de danse de l’Opéra de Paris au Palais Garnier. D’ores et déjà de Béatrice Massin et Nicolas Paul avec Enzo Cardix, Max Darlington, François Leblanc-Delpech, Benjamin Meslier, Osiris Onambele Ngono, Kylian Tilagone, Tangui Trévinal, Giacomo Ammazzini, Jérémie Devilder, Théo Ghilbert, Aurélien Hoguet, Matt Vuaflart, Rubens Simon, Benjamin Cans, Julien Fargeon, Raphaël Katz, Rémi Singer-Gassner ; Conservatoire d’Auguste Bournonville avec Maïlène Katoch, Sarah Leduc, Marius Rubio, Grégoire Duchevet, Enzo Saugar, Kirill Monero de la Sota, Keita Bellali, Maya Candeloro, Lisa Gaillard-Bortolotti, Coraline Bucciachio, Camille Calazans, Margaux Chabrel, Andrea Irina Chiriacescu, Alycia Hiddinga, Ilona Quenot, Emmy Stoéri, Rebecca Rudolf, Ilona Cabley, Hortense Millet-Maurin, Eve Belguet, Lisa Petit, Maelys Strauch, Mayya Shilova, Tristan Deflorenne, Sasha Bory, Martin Paul, Carlo Zarcone, Justin Fontaine-Tranchant ; Les Deux pigeons d’Albert Aveline avec Inès Mcintosh, Benjamin Meslier, Apolline Anquetil, Grégoire Duchevet, Maya Candeloro, Lisa Gaillard-Bortolotti, Coraline Bucciachio, Clara Mousseigne, Alycia Hiddinga, Gloria Poubeau, Jeanne grimm, Denise Lecomte, Hortense Millet-Maurin, Elizabeth Partington, Léa Fouillé, Maeva Marcolini-Bowes, Margaux Chabrel, Ilona Quenot, Emmy Stoéri, Rebecca Rudolf, Kylian Tilagone, Tangui Trévinal, Daniel Palmes Santana, Matt Vuaflart, Jules Fournier,Osiris Onambele Ngono, Ilona Cabley, Camilla Raina, Giulia Sibella, Diane Adellach, Mathilde Awad, Sayoko Perle Magron, Rose Perrot, Laudeline Schor, Giacomo Ammazzini, Louis Lamoureux, Kirill Monero de la Sota, Valentino Andrei, Jules Fournier, Vincent Vivet, Justin Fontaine-Tranchant, Léon Rambaud, Maelys Strauch, Viktoria Pirigova, Maya Shilova, Aurélien Hoguet, Enzo Cardix, François Leblanc-Delpech, Keita Bellali, Augustin Granel, Camille Dudognon, Prune Kaufmann, Anaïs Maurin-Choukroun, Achille Delaleu-Rosenthal, Elie Nebra. Avec la participation de Fanny Gaïda. Jeudi 4 avril 2019. 

 

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