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Les Plumes d’or de la saison 2019-2020 sont attribuées à…

Quelle étrange saison que cette saison 2019-2020 qui vient de se terminer ! Une saison arrêtée prématurément, sans festival, et qui soulève encore de nombreuses questions pour la rentrée. Une saison vivante aussi, riche de découvertes et d’interprètes enthousiasmants, comme marquée par de lourdes grèves en décembre. Alors qu’a retenu de cette saison la rédaction de DALP ? Quels sont nos coups de coeur en scène comme en ligne par le confinement ? Les Plumes d’or de la saison 2019-2020 sont attribuées à…

 

Les Plumes d’or d’Amélie Bertrand

Plume d’or du spectacle – A Quiet Evening of Dance de William Forsythe. Vu un peu plus tard que les autres lors de la tournée du spectacle au Théâtre du Châtelet. Mais cela valait le coup d’attendre. Tout est là, tout est dit, tout est juste, rien n’est de trop. Quand William Forsythe nous donne une leçon de chorégraphie avec des interprètes brillants. 

Plume d’or des chorégraphes – La compagnie XY et Rachid Ouramdane pour Möbius. Une écriture chorégraphique étonnante, dans les airs, qui joue sur le vertige et l’envol. Le meilleur des rencontres entre cirque et danse. 

Plume d’or du spectacle mal-aimé – Body and Soul de Crystal Pite. Le spectacle a reçu le Grand prix de la critique. Mais les critiques, pourtant, l’avaient étrillé lors de la première. Certes, Body and Soul n’est pas un chef-d’oeuvre et a ses longueurs. Mais voilà une pièce construite, faite pour le Ballet de l’Opéra de Paris et ses qualités, qui donne à danser à tout le monde et fait briller ses personnalités. On était tout de même bien loin des récentes créations fumeuses et entrées au répertoire vite vues vites oubliées, accueillies pourtant avec plus d’indulgence.   

Plume d’or de la production – Coppél-i.A. de Jean-Christophe Maillot par les Ballets de Monte-Carlo. Une relecture intelligente, plantée dans notre siècle sans renier le ballet d’origine, où danse, décors, costumes et partition forment bien un tout. Un ballet que l’on espère voir tourner pour prendre toute son ampleur.

Plume d’or du Gala – Les 70 ans de l’English National Ballet. Un programme d’une formidable richesse et très intelligemment construit, l’on se réjouit décidément à chaque fois que l’on voit cette troupe en scène. Bravo encore une fois à sa directrice Tamara Rojo !  

Plume d’or du Laissons parler les femmes – Yours, Virginia de Gil Harush par le Ballet du Rhin. Peut-être en attendais-je trop, tant cette compagnie propose une programmation stimulante avec la direction de Bruno Bouché. Mais convoquer l’une des grandes figures du féminisme pour pondre autant de clichés sexistes, je dis non. Malgré tout le talent indéniable du chorégraphe.

Plume d’or de l’interprète – Le casting sept Étoiles de la première de Raymonda : Dorothée Gilbert, Hugo Marchand, Stéphane Bullion, Sae Eun Park, Hannah O’Neill, François Alu et Paul Marque. Tous merveilleux ! Et un corps de ballet au diapason. Une première qui ne fait qu’accentuer ce goût de gâchis en pensant à cette saison blanche et à la façon dont cette institution est gérée. 

Plume d’or du dernier spectacle avant la fin du monde – Le Boléro de Maurice Béjart avec Diana Vichneva sur la table rouge, un soir de fin février, alors que l’idée du confinement semblait encore si loin mais que l’orage grondait déjà.

Plume d’or de la révélation – Les filles du renard pâle vues à Circa. Bien dans leurs pompes et leur époque, Virginie Fremaux et Johanne Humblet sont des funambules étonnantes, toujours bien entourées d’ami-e-s musicien-ne-s ou circassien-ne-s pour des spectacles originaux et poétiques non dénués d’un certain empowerment. Ça bouillonne de créativité et d’humour.

Plume d’or du feel good spectacle – la comédie musicale Funny girl portée par la truculente Christina Bianco au Théâtre Marigny. Drôle, bien mené, troupe extra et personnage principal qui sort des clichés : un régal ! 

Plume d’or du regret confiné – Les Étés de la Danse 2020 et son programme vraiment alléchant, même si l’English National Ballet et le Het Nationale Ballet seront là en 2020.

Plume d’or de la découverte confinée – Olivia Lindon et ses mini-vidéos mêlant cinéma et danse avec humour et originalité.

Plume d’or de la compagnie confinée – Le New York City Ballet et sa superbe programmation de ballets en ligne, d’autant plus appréciée que les oeuvres de George Balanchine et Jerome Robbins se font rares en vidéo. Et une occasion de plus de voir la belle génération d’Étoiles américaines, mises en avant comme il se doit dans cette programmation. Soulignons aussi la saison en ligne du Stuttgart Ballet, avec un choix plus restreint mais de grande qualité, qui a plongé dans ses archives. 

Plume d’or du cours en ligne – Tiler Peck. Parce que la barre de Tiler Peck à 19h faisait partie du rituel de nos journées confinées. Et tous les cours en ligne de Noëllie Coutisson pour DALP, qui nous a fait bouger dans la bonne humeur jusqu’en juin.

Plume d’or de toutes les ondes de courages – À tous les danseurs et danseuses du monde entier privées de leur moyen d’expression, spécialement aux artistes américains qui se dirigent vers une année sans spectacle. Haut les coeurs à tout le monde, on vous attend de pied ferme en scène ! 

 

Les Plumes d’or de Claudine Colozzi

Plume d’or du spectacle – A quiet evening of dance de William Forsythe. Créée le 4 octobre 2018 au Sadler’s Wells Theatre de Londres, elle a marqué la 48ème édition du Festival d’Automne. Servie par de beaux interprètes, cette pièce est un condensé de l’art chorégraphique du grand Bill.

Plume d’or de l’interprète féminine – Dorothée Gilbert. Dans le rôle titre de Raymonda ou Giselle, sur des vidéos confinées filmées par son amoureux James Bort ou donnant un cours en live, l’Étoile assure et irradie de sa douce assurance.

Plume d’or du chorégraphe – Christian Rizzo. Qu’il chorégraphie Magma, le duo volcanique entre Andrés Marín et Marie-Agnès Gillot ou Une maison, pièce pour quatorze danseurs, le directeur du Centre de Chorégraphie National de Montpellier prouve qu’il est bien une figure majeure du paysage chorégraphique français.

Plume d’or du documentaire – Danser sa peine de Valérie Müller. C’est la rencontre entre deux univers. D’un côté, Angelin Preljocaj. De l’autre, cinq détenues de la prison des Baumettes à Marseille. Entre les deux, la danse comme trait d’union. 

Plume d’or des adieux à la scène – Akram Khan. On avait beau s’y être préparé, ça fait quand même quelque chose de savoir que l’on verra plus sa silhouette élégante et musculeuse. Si l’on sait déjà qu’il continue son chemin en tant que chorégraphe, on a du mal à s’habituer à l’idée de ne plus voir Akram Khan sur scène.

Plume d’or du regret confiné – Les revisites de la chorégraphe Dada Masilo suscitent toujours beaucoup d’attente. D’où l’excitation autour de sa version du Sacre du Printemps qui devait être créée au festival de Marseille. Il faudra encore patienter…

Plume d’or du feuilleton de la saison – Les adieux d’Eleonora Abbagnato. D’abord annulée en raison de la grève de décembre 2019, la représentation de ses adieux à la scène a également été reportée. On espère que la saison 2020-2021 qui s’annonce compliquée fera une place à ce moment important dans une carrière. L’Étoile (et ses fans) ne mérite pas de partir en catimini.

Plume d’or de la découverte confinée – Jeanne Morel. On l’a découverte grâce à ses instantanés chorégraphiques sur son petit balcon d’abord destinés à son père, médecin dans l’Est de la France. Sa créativité artistique dépasse largement le cadre de ses danses miniatures.

Plume d’or de la directrice de compagnie – Tamara Rojo. La patronne de l’English National ballet n’a pas chômé pendant le confinement. Tous les jours, elle a donné un cours en direct de sa cuisine. La preuve qu’on peut être une très grande danseuse, une directrice de compagnie talentueuse et mouiller le justaucorps avec élégance et empathie pour ses danseur-se-s et au-delà.

 

Les Plumes d’or de Jean-Frédéric Saumont

Plume d’or du spectacle – Avant que la longue nuit de l’isolement ne s’abatte sur le monde entier, Damien Jalet et Kohei Nawa nous ont offert avec Vessel au Théâtre de Chaillot un moment d’une beauté inouïe. Jamais la collaboration entre un chorégraphe et un plasticien n’aura engendré une osmose aussi parfaite, à tel point que scénographie et mouvement ne font plus qu’un. Comme si les deux artistes inventaient devant nos yeux un nouveau genre. Cette métaphysique des corps servie par des interprètes exceptionnels, Vessel, dernier spectacle avant confinement, fut un cadeau du ciel pour affronter ces temps compliqués. Damien Jalet est un immense artiste : il se réinvente à chaque spectacle.

Plume d’or de l’interprète masculin – Mathieu Ganio a repris les chaussons et la cape d’Albrecht sur la scène du Palais Garnier pour rejouer ce rôle qu’il a interprété avec les plus grandes ballerines et sur les scène les plus prestigieuses. Le temps a passé, les sauts ne sont plus aussi hauts et il esquive désormais les fameux entrechats du deuxième acte. Qu’importe ! L’essentiel est ailleurs, dans cette maturité artistique phénoménale qui lui permet d’exécuter toutes les nuances du personnage : un premier acte chevaleresque, armé de séduction juvénile et un second où le danseur exprime la quintessence du ballet romantique à faire tirer les larmes. Aux cotés de sa partenaire Dorothée Gilbert, Mathieu Ganio aura sauvé cette saison délétère de l’Opéra de Paris. On brûle de le retrouver sur scène.

Plume d’or de l’interprète féminine – Aussi crispant que soit son spectacle solo Soulèvement inutilement encombré d’un propos politique trop banal pour susciter l’intérêt, Tatiana Julien nous a fasciné dans la salle Firmin Gémier du Théâtre de Chaillot transformée en dispositif bi-frontal. La danseuse qui cultivé l’androgynie, dévore la scène, la cannibalise d’un bout à l’autre emportant avec elle le public, avec des lignes superbes et une virtuosité virevoltante. On en oublie les scories du spectacle pour ne voir que le corps dansant de Tatiana Julien déjà repéré cette saison dans Infini de Boris Charmatz. Elle revient la saison prochaine au Théâtre de Chaillot. Tant mieux !

Plume d’or des regrets confinés – Le printemps promettait un feu d’artifice pour l’œuvre de Pina Bausch, avec la reprise 33 ans après sa création du Château de Barbe-Bleue au Théâtre du Châtelet, et qu’une troupe éphémère de danseur-se-s africain-e-s devait s’emparer du Sacre du Printemps, chef-d’œuvre de la dame de Wuppertal. La crise sanitaire a eu raison de ce face-à-face prometteur. Rien n’est perdu. La Villette annonce la reprise de Barbe-Bleue la saison prochaine. Et gageons que cette superbe aventure du Sacre dansé par une troupe africaine retrouvera le chemin des salles françaises sous peu.

Plume d’or du film de danse – Un film qui serait à la fois un spectacle de danse : c’est la performance réalisée par Alla Kovgan avec Cunningham, film en 3D qui retrace avec des documents d’archives la carrière du maître américain en y insérant 14 extraits de ballets filmés dans des lieux insolites, comme le faisait Merce Cunningham pour ces fameux « Events ». Alla Kovgan va au-delà de l’hommage pour nous proposer une autre vision de Merce Cunnignham avec ce film de référence à voir et revoir.

 




 

 

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