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[Retransmission] – Het Nationale Ballet – Back to ballet-classic

En cette période si difficile liée au coronavirus, le Het Nationale Ballet, la compagnie nationale des Pays-Bas, a trouvé dans le live-stream une façon – réussie – de rester en contact avec son public. Preuve en est avec sa soirée Back to ballet-classic, diffusé sur plusieurs dates en direct jusqu’au 12 décembre, proposant un joli panorama classique entre George Balanchine, le Grand Pas de Paquita, l’adage du Lac des cygnes et une oeuvre plus néo-classique de son directeur Ted Brandsen. Un programme virtuose et bien équilibré.

Back to ballet-classic – Paquita – Anna Tsygankova

Créé en 1961, le Het Nationale Ballet (HNB) est basé au spacieux Muziektheater situé au bord du fleuve Amstel, en plein centre-ville d’Amsterdam (Pays-Bas). Avec ses 88 danseurs et danseuses, elle est considérée comme l’une des plus importantes compagnies au monde. Outre les grandes œuvres du répertoire classique, le HNB présente du néo-classique ainsi que des pièces contemporaines. En cette période si particulière marquée par les contraintes de la pandémie de coronavirus, elle cherche, comme tout le secteur artistique, à continuer à faire travailler ses artistes et à montrer ses spectacles sur scène, sous une forme adaptée. Présenté à la rentrée après le premier confinement, le programme Back to ballet-classic a ainsi été monté spécialement pour pouvoir respecter au mieux les gestes barrières. Un programme qui de plus colle bien avec la compagnie et représente son répertoire, avec des pas de deux classiques, mais aussi du George Balanchine et une chorégraphie créée pour l’occasion par Ted Brandsen, directeur artistique et chorégraphe de la compagnie depuis 2003. Si, le 13 octobre, la première de ce programme a bien pu avoir lieu au théâtre, avec un public réduit à 300 chanceux et chanceuses au lieu de 1.600 personnes au maximum habituellement, le lendemain, toutes les salles du pays ont, hélas, à nouveau dû fermer leurs portes jusqu’à nouvel ordre…

Immédiatement, pour ne pas perdre le lien si précieux avec son public, le Het Nationale Ballet décide de proposer le spectacle en live-stream payant à plusieurs dates. Un autre type de première pour la compagnie car, souvenez-vous, lors du premier confinement, elle avait mis à disposition (gratuitement cette fois) plusieurs vidéos ainsi que des barres classiques dirigées par Ernst Meisner, directeur de la Junior Company, qui avaient rencontré un vif succès dans la sphère balletomane. Ces nouveaux live-stream sont néanmoins encore en période de rodage : lors du premier direct le 28 novembre de Back to ballet-classic, des spectateurs et spectatrices faisaient part en live de leurs difficultés techniques pour accéder à la vidéo après l’achat de leur droit d’entrée. Vendredi 4 décembre toutefois, pour le deuxième direct, la compagnie, très réactive, avait déjà mis en place une équipe informatique spéciale pour aider à résoudre ces soucis techniques inévitables !

Back to ballet-classic Valse Fantaisie de George Balanchine – Elisabeth Tonev et David Ramos

Mais passons à la danse. Dans une courte présentation depuis le grand escalier du théâtre, Ted Brandsen souligne la très grande joie de toute la compagnie de pouvoir, grâce aux avancées technologiques, partager avec le public ce programme qui met en valeur la danse classique, « la base incontestée de tout le répertoire de la compagnie« . Et accompagnés comme à l’accoutumée par le Balletorkest (Ballet Orchestra), les artistes démarrent la soirée par la Valse Fantaisie de George Balanchine (1967). Une chorégraphie typique de la veine classique du chorégraphe, entre ses tutus romantiques rose pâle et sa chorégraphie profondément ancrée à la musique. L’ensemble est dansé par un couple du rang d’élèves (ndlr : que l’on pourrait comparer au rang de stagiaire), Elisabeth Tonev et David Ramos, entourés de quatre filles de la Junior Company pour le corps de ballet. Sur une musique rapide et légère de Mikhail Glinka, les six interprètes, bien à l’aise car ils ont déjà dansé cette pièce lors d’une tournée en Indonésie, évoluent sur un fond bleu projeté avec des mouvements fluides et bien coordonnés.

Vient ensuite l’adage du pas de deux dit blanc du deuxième acte du Lac des cygnes, sur une chorégraphie de Rudi van Dantzig, ancien directeur de la compagnie, qui diffère peu de celle de Marius Petipa et Lev Ivanov dont elle est inspirée. L’extrait est interprété par la danseuse lyrique russe Anna Ol et le Slovaque Jozef Varga, un couple qui fonctionne à merveille. Après une arrivée sous la fumée sur un solo de harpe, les Principals donnent une interprétation très intimiste de cet adage mythique.

Back to ballet-classic – Le Lac des cygnes – Jozef Varga et Anna Ol

Changement total d’univers, d’époque et de style avec Classical Symphony de Ted Brandsen, sur une musique de Prokofiev, ballet créé pour plus de 20 danseurs de la compagnie. Une pièce dédiée aux artistes masculins de la troupe donc, « car ils sont tous formidables« , comme l’a précisé le chorégraphe dans son introduction. La pièce, présentée sur fond noir, s’inscrit dans la lignée de Hans Van Manen, le maître de la danse néerlandaise, où priment musicalité et lignes dans une veine néo-classique. Si la chorégraphie n’est pas en soi novatrice, elle offre une partition intéressante aux danseurs, en collant blanc et torse nu, qui enchaînent les prouesses techniques tout en exprimant leur grande joie d’être à nouveau sur scène. À l’instar du principal Remi Wörtmeyer qui, dans son solo, est tout simplement rayonnant.

La chorégraphie qui suit est une valeur sûre dans n’importe quel programme d’hommage à la danse classique. Il s’agit du pas de deux, au complet, du deuxième acte du Corsaire, interprété par les Principals Maia Makhateli et Young Gyu Choi. « Un ballet virtuose qui nécessite des danseurs virtuoses« , a précisé, à juste titre, Ted Brandsen dans son introduction. Elle est originaire de Géorgie et vient d’être classée, avec raison, parmi les danseuses de l’année par le magazine Dance Europe. Avec le Sud-coréen Young Gyu Choi, ils forment un couple qui se complète parfaitement, entre précision et virtuosité. Les sauts et tours magiques du danseur, les fouettés – dont un grand nombre de doubles – bien maîtrisés de la ballerine, tout est brillant. Un moment de pur bonheur !

Back to ballet-classicLe Corsaire – Maia Makhateli et Young Gyu Choi

Cette belle soirée se termine par le Grand Pas (appelé Suite Paquita dans le programme) du ballet Paquita, œuvre dans le pur style français, dans la chorégraphie de Marius Petipa de 1881 rafraîchie par Rachel Beaujean. Au cœur, le duo composé de la dynamique danseuse russe Anna Tsygankova, dont on sent la forte personnalité, et le danseur américain Constantine Allen, impressionnant par ses élévations.

Le Grand Pas débute, évidemment, par la mazurka, un moment toujours attendrissant et bien interprété par 16 jeunes élèves de l’Académie nationale de ballet, située également à Amsterdam et l’un des viviers du Het Nationale Ballet. Suivent les différents passages des danseuses, entre soli et variations à deux ou plus, dansés d’une façon homogène, plein de fougue et de technicité. Le pas de trois est particulièrement agréable à regarder, avec le soliste belge Edo Wijnen (prix de Lausanne 2009), très propre et fluide, et la Japonaise Riho Sakamoto, formée à l’Académie Vaganova, précise, musicale et avec un très beau ballon. Cette Suite Paquita restait la seule pièce du programme présentée dans un décor majestueux, de colonnes et draperies peintes, dans des tons beige clair. Et mention spéciale pour les magnifiques tutus très colorés créés par François-Noël Cherpin, un Français ancien danseur au HNB installé à Amsterdam. Une reconversion très réussie, tout comme celle d’Altin Kaftira, ancien Principal de la troupe originaire d’Albanie et aujourd’hui actif avec deux collègues au département vidéo du HNB, et à ce titre impliqué dans les belles prises de vue des spectacles.

Back to ballet-classicClassical Symphony de Ted Brandsen – Het Nationale Ballet

 

Back to ballet par le Het Nationale Ballet, retransmission en vidéo en direct du Muziektheater. Valse Fantaisie de George Balanchine avec Elisabeth Tonev et David Ramos ; Le Lac des cygnes, pas de deux du deuxième acte de Rudi van Dantzig d’après Marius Petipa et Lev Ivanov avec Anna Ol et le Slovaque Jozef Varga ; Classical Symphony de Ted Brandsen avec Remi Wörtmeyer ; Le Corsaire, pas de deux de Samuil Andrianov, Agrippina Vaganova et Vakhtang Chabukiani avec Maia Makhateli et Young Gyu Choi ; Suite Paquita de Rachel Beaujean d’après Marius Petipa avec Anna Tsygankova et Constantine Allen. Samedi 28 novembre 2020.

À voir en live-stream (avec d’autres distributions) les 11 et 12 décembre.

 



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