TOP

Décès de Patrick Dupond – Les témoignages du public

L’annonce du décès de Patrick Dupond le 5 mars a provoqué une vive émotion dans le monde de la danse. Pour tout vous dire, nous n’avions jamais eu autant de réactions, de témoignages et de souvenirs laissés en message sur nos différents réseaux sociaux. La disparition de ce Danseur Étoile a touché tout le public de la danse, quelle que soit sa génération. Souvenir d’un spectacle, d’une émotion personnelle, d’un échange pendant un cours de danse… Voici quelques témoignages du public se souvenant avec émotion du grand Patrick Dupond. Vous pouvez en retrouver bien d’autres sur notre page Facebook ou notre compte Instagram.  

Patrick Dupond

Virginie, ancien Petit rat – « Au Concours de promotion, il termine sa variation… Et la salle se lève et applaudit à tout rompre ! » 

En 1978, j’ai dix ans et je suis Petit rat de l’Opéra de Paris. Patrick Dupond est Sujet. Même si nous étions très jeunes, nous le percevions comme « différent » : ce n’était pas seulement un magnifique danseur (toutes les Étoiles le sont), c’était autre chose. Il était plus libre, plus magnétique, il ‘crevait la scène’ comme on dit. Le petit plus que même le travail le plus acharné n’apporte pas ! Même jeune, on sait, on sent, on voit qu’il y aura des Étoiles parmi les étoiles, plus rayonnantes et plus marquantes. Et puis Patrick Dupond avait cette réputation d’indiscipline, d’être un peu frondeur, pas assez assidu à la barre le matin, d’être parfois irrégulier… Tout comme d’avoir osé aller chercher cette médaille à Varna (dans le dos de l’Opéra, j’imagine). Il était peu enfant terrible, donc fascinant ! Au Concours de promotion, Patrick Dupond était cette année-là auréolé de son prestige du Prix de Varna. Mais le suspens et la tension sont fortes dans ce Concours. Même s’il y a des favoris, tout se joue en trois minutes. L’ambiance est très formelle, tendue. Il est rappelé que l’on ne doit en aucun cas manifester de réactions. Patrick Dupond danse sa variation, et au moment où il la termine… La salle se lève et applaudit à tout rompre ! C’était vraiment inhabituel, voire incroyable tant les règles sont strictes à l’Opéra. Il y a vraiment eu ce moment magique où toutes les règles et consignes ont été oubliées tant il a été époustouflant. Autant que la technique c’est sa fougue, son charisme, la façon qu’il avait d’être en contact avec son public qui ont rendu ce moment exceptionnel. Il a été au-delà de ce qu’on pouvait attendre. Il n’a pas dansé pour le jury, ni pour le concours, il a dansé comme si la salle était pleine et était venue pour lui !

Deux ans plus tard, en 1980, je suis sur scène pour le Défilé. L’administrateur monte sur le plateau et annonce la nomination d’Étoile de Patrick Dupond. Personne, et pas même l’intéressé, n’était prévenu. Ce fut un grand moment d’émotion, j’ai le souvenir d’une ovation interminable, de fleurs jetées sur la scène, et de lui, rayonnant, solaire, les bras écartés vers son public… Très beau, très jeune, à la fois puissant et félin. 

 

Valérie : « Une personne lumineuse et généreuse »

Un culot (capable de finir ses pirouettes sur scène de dos, avec désinvolture), un enthousiasme et une joie de danser, un courage et une humilité exemplaire (pour reprendre la danse alors que les médecins lui avaient dit qu’il ne remarcherait pas). Une personne lumineuse et généreuse… Le monde n’est plus le même sans lui.

 

Karine – « ‘Oh putain !!!’. Voilà. C’était cela l’effet Patrick Dupond »

Comme beaucoup de balletomanes, je pleure depuis le 5 mars. J’ai 10 ans de moins que Patrick Dupond. Je dansais. Alors forcément, forcément, il a accompagné mon adolescence. Je collectionnais tous les articles sur lui. Tanais ma mère pour qu’elle m’achète tous les magazines où il apparaissait. C’était l’époque où la danse avait droit de citer en prime à la télé. L’époque de la revue Danser. Le début de l’âge d’or à l’Opéra de Paris avec toute une génération de danseurs et danseuses bénies par les Dieux de la Danse. Quelques années plus tard, j’ai eu la chance de le voir danser à Paris. J’ai mis les pieds à Garnier pour ne plus jamais cesser d’y aller. Je garde deux moments particuliers dans mon coeur. D’abord Patrick Dupond qui nomme Pietra Étoile de l’Opéra de Paris à l’issue de Don Quichotte ! Marie-Claude que j’aimais tellement. Pietragalla danseuse atypique, mais tellement incroyable elle aussi ! C’est grâce à Patrick Dupond que Marie-Claude est devenue Pietra. Et puis un autre souvenir un peu-beaucoup décalé. J’avais pris des places pour que ma mère puisse voir au moins une fois Patrick Dupond danser sur scène. Palais Garnier. Places à l’Orchestre, ma mère ne voyant pas bien. Soirée très chic, le tout-Paris est là. Patrick entre en scène dans un grand jeté dont lui seul avait le secret. Et alors juste derrière nous est arrivé un tonitruant : « Oh putain !!!« . Voilà. C’était cela l’effet Patrick Dupond. Je pense pouvoir dire que la jeune femme qui avait lâché ce cri du cœur est certainement revenue voir des ballets par la suite. C’est un souvenir que nous chérissons encore aujourd’hui avec ma mère.  J’ai détesté l’Opéra pour ce qu’ils lui ont fait et je leur en veux encore. J’avoue que leurs hommages me hérissent un peu. Et puis Patrick Dupond n’a pas été qu’un inoubliable danseur. Il a également été un fabuleux Directeur de la Danse. Ses programmations étaient de celles qu’on aimerait avoir aujourd’hui.

 

Florence : « Pour moi, la danse, c’était lui »

Mon idole d’enfance, d’adolescence… Pour moi, la danse, c’était lui, et personne d’autre. Son solo Salomé de Maurice Béjart restera un grand souvenir.

 

Claudine Colozzi, journaliste Danse (et membre de l’équipe DALP) – « Patrick Dupond s’est ‘invité’ à mon baccalauréat »

Je suis en équilibre instable sur la poutre quand la voix de monsieur Poulet, mon prof d’EPS, s’élève dans le brouhaha du gymnase. « Colozzi, tu passeras me voir à la fin du cours« . Quelques minutes plus tard, je fonds en larmes dans son bureau quand il m’apprend que je passe mon option danse au baccalauréat le lendemain, deux mois avant la date prévue ! Convocation perdue, erreur administrative, excuses… Déjà je ne l’écoute plus. La chorégraphie, ok, l’improvisation ok, mais il y a aussi ce dossier thématique dont je n’ai pas écrit une seule ligne. Patrick Dupond à ma rescousse ! Je collectionne tout ce qui est publié sur lui. La fureur de danser est l’un de mes premiers livres de danse acheté avec mon argent de poche. La télévision, notamment Le Grand Échiquier, a nourri mes frustrations de provinciale. J’aime sa fougue, son charisme, son côté bondissant. C’est décidé : j’évoquerai son parcours, ses grands rôles, sa façon d’incarner la danse. J’ai peu dormi cette nuit-là. Moins stressée, peut-être aurais-je mieux dansé. Mais quand je me suis mise à parler de lui, quelque chose s’est rallumé. Les profs un peu sceptiques au départ m’ont laissé dérouler sa bio sans m’interrompre. Toute la tension est retombée. Patrick Dupond a sauvé mon épreuve de danse.

 

Amélie : « Il incarnait pour moi la joie de danser »

J’ai eu la chance de voir danser Patrick Dupond et de prendre ses cours de danse à Éléphant Paname. C’était tellement gai, tellement vrai ! Nous avons fait une traversée en nous tenant les mains en riant, il mettait du Michael Jackson après du Beethoven pour accompagner la barre. Il incarnait pour moi la joie de danser, l’amour de l’art, un immense danseur d’une simplicité infinie un amoureux du bonheur et de la vie. Sa disparition me bouleverse.

 

Carole : « J’aurais aimé le rencontrer à nouveau pour lui dire combien il m’avait fait du bien »

J’ai eu la chance de faire un stage avec lui en 2003 à Annecy. J’avais alors 28 ans et avais un peu délaissé la danse classique pour la danse contemporaine. Et me voilà au milieu de jeunes filles venues de grandes écoles, avec un très bon niveau. Il n’a fait aucune différence. Son regard bleu acier posé sur moi, il m’a pris la main et m’a dit : « Si tu le veux, tu le peux« . Il ne ressemblait plus aux photos qui ornaient les murs de ma chambre d’ado mais il était, je crois, encore plus beau. Je n’oublierai jamais ses mots, sa gentillesse, son humilité. Et sa traversée de déboulés virtuoses qu’il a stoppée avec un grand sourire au ras de mon nez ! Waouh ! Merci Monsieur Dupond, « avec un D comme danse ». Je suis maintenant professeure de danse et il n’y est pas pour rien. Je suis très triste, j’aurais aimé le rencontrer à nouveau pour lui dire combien il m’avait fait du bien.

 

Mélanie : « Je me souviens du cœur qui bat plus vite »

La première fois que j’ai vu Patrick Dupond, c’était à la télévision. Sans doute un des nombreux Grand Échiquier sur la danse, que ma grand-mère m’enregistraient précieusement avec son magnétoscope et que je regardais en boucle. Je me souviens en particulier de cette émission de 1987 où il dansa plusieurs pas de deux avec Sylvie Guillem. Dont ce pas de deux d’Esmeralda que j’ai vu des millions de fois, où leur intensité, leur beauté et leur virtuosité explosent. Je me souviens du cœur qui bat plus vite, de cette sensation de pure joie et de l’avoir regardé des dizaines de fois (même au ralenti pour comprendre comment il faisait pour décélérer ses pirouettes à la toute fin). J’avais des photos de lui dans ma chambre, et je chérissais ce numéro du Figaro Madame piqué chez mes grands-parents, avec son beau visage en couverture et des interviews où il avait l’air si cool. Et comme il était né un 14 mars comme moi, je me sentais une proximité secrète avec lui (on n’est pas sérieux quand on a douze ans).

J’ai vu Patrick Dupond danser une fois en vrai, j’étais étudiante et je cassais ma tirelire pour aller à l’Opéra de Paris. C’était en 1993, il dansait Le Rendez-vous de Roland Petit avec Marie-Claude Pietragalla. Dès son jaillissement sur scène, toute la lumière semble captée par lui, le silence se fait dans la salle, le public est souffle coupé cœur battant, captivé, ému. Évidemment les sauts sont plus hauts, les tours plus nombreux, il est d’une beauté magnétique, mais ce qui est prenant surtout c’est la qualité du mouvement, l’intensité, le don, la fougue, la joie de danser, il prend tous les risques physiques, émotionnels, on a l’impression que sa vie entière se joue dans ces quelques minutes, qu’il danse pour la dernière fois de sa vie. Quand c’est fini, on applaudit à tout rompre, étourdis, c’est passé si vite, c’était si beau. Je suis si triste aujourd’hui et en même temps, je sais qu’il a inspiré de nombreux jeunes danseurs. Quand je vois danser François Alu avec la même fougue, la même intensité, et la même émotion si pure pour le public, je me dis que le talent fou de Patrick Dupond brille toujours très fort.

 

Anne : « Un vrai gentil »

Comme beaucoup, je l’ai admiré dès mon plus jeune âge pour ses talents d’interprète. Puis j’ai eu la chance de le croiser à Nancy, lorsqu’il était directeur du Ballet de Lorraine, en tant que directeur de jury au conservatoire, et enfin quelques années plus tard lorsqu’il était Directeur de la Danse à l’Opéra de Paris, lorsque j’étais alors stagiaire à la bibliothèque de cette institution. Un homme très abordable, sensible et humain, un vrai gentil ».. je suis profondément attristée.

 

Ileana : « Il volait, il scintillait, quel panache et quelle joie ! »

J’ai eu la chance de voir danser plusieurs fois Patrick Dupond. Je garde notamment un grand souvenir du Lac des cygnes de Vladimir Bourmeister avec Marie-Claude Pietragalla. Patrick Dupond était un Siegfried totalement émerveillé par sa princesse cygne, la manipulant avec une délicatesse incroyable. On était captivé, sous le charme. Je me rappelle aussi d’un Don Quichotte avec Françoise Legrée. Il volait, il scintillait, quel panache et quelle joie ! Il avait l’art de soulever l’enthousiasme de la salle. Patrick Dupond avait aussi l’art de construire des partenariats passionnants avec ses différentes partenaires : un partenariat explosif avec Monique Loudières, de charme avec Noëlla Pontois… Je suis parfois allée le féliciter à la sortie des artistes, et ce qui m’a toujours frappée, c’était sa grande gentillesse avec le public. Un grand danseur, mais aussi, tout simplement, une personne attachante.

Patrick Dupond – Don Quichotte

Jacqueline : « Il m’a toujours profondément émue par sa virtuosité et son interprétation »

La première fois que je l’ai vu, c’était à la télévision dans Le Grand Échiquier de Jacques Chancel. Il était tout jeune. Je l’ai souvent vu à la télévision par la suite et j’ai suivi sa carrière. Un été, j’ai eu l’occasion de le voir dans Don Quichotte aux Arènes de Nîmes. Il m’a toujours profondément émue par sa virtuosité et son interprétation. Il a surmonté des épreuves et il était parvenu à se reconstruire dans son école et auprès de sa compagne Leila da Rocha. Toutes mes condoléances à elle, à sa famille et ses amis.

 

Amélie Bertrand, fondatrice et responsable éditoriale DALP – « Dupond-Pietra, le mythe » 

Dans mes souvenirs, Patrick Dupond est la première Étoile dont j’ai connu le nom. Je ne l’avais pas vu sur scène que je savais déjà qu’il était une star, un grand de la danse. Dans les vestiaires des cours de danse, on ne parlait que de lui, Sylvie Guillem et Marie-Claude Pietragalla. Nous relisions ses interviews dans les magazines de danse, regardaient les photos… et visionnons ensemble jusqu’à plus soif la VHS du Lac des cygnes de Bourmeister. Dupond-Pietra, voilà, le couple mythique de la danse pour les pré-adolescentes des années 1990 que nous étions. Ma première soirée à l’Opéra remonte au 11 mai 1996. Une soirée Roland Petit dont j’ignorais tout. Mais le petit calendrier indiquait bien que Patrick Dupond serait sur scène ce soir-là. L’attente fut longue, j’allais enfin LE voir en vrai. Puis-je avouer que, sur le coup, ce fut une petite déception ? Il dansait le rôle-titre du ballet Le Loup, sans la virtuosité à laquelle je m’attendais. Mais 25 ans plus tard, je me souviens encore de sa façon de cacher son visage à sa partenaire avec ses mains, sa manière de se mouvoir en scène, son regard avant de mourir, son personnage profondément touchant. Et je suis marquée, aujourd’hui, de voir à quel point il a été important pour le public, toutes générations confondues. 

 

Catherine : « Ce que je retiens de lui, c’est sa fougue, son charme »

Patrick Dupond c’est un tout, c’est une personnalité unique en scène. Ce que je retiens de lui, c’est sa fougue, son charme, il était très attachant… Combien de fois ai-je regardé les extraits de son Grand Échiquier ! Il savait s’entourer, il ne craignait pas la concurrence. Si je dois citer une performance, je dirai Le Chant du compagnon errant de Maurice Béjart avec Rudolf Noureev, lors des adieux de Jean Guizerix. C’était LE grand moment de la soirée, on savait que Patrick Dupond avait quitté l’Opéra il y a quelques années car il ne pouvait pas y avoir deux stars dans la compagnie. L’ambiance était dans la salle, heureuse de voir ces deux géants de la danse évoluer ensemble. Mais finalement, ce qui m’a le plus frappée, ce fut l’intelligence de ses saisons lorsqu’il a été Directeur de la Danse, et son respect de la tradition de la maison et de son répertoire. 

 

Aline : « C’est un rêve de gosse de l’avoir suivi »

C’est un rêve de gosse de l’avoir suivi, d’avoir admiré la technique, le sourire, l’enthousiasme, la passion et l’énergie. C’est un énorme coup dans le ventre et même des larmes. Mais c’est surtout une gratitude immense d’avoir ouvert le champ des possibles. Quel danseur… Depuis l’annonce de sa mort, je me revois à 10 ans puis 14, et 19 jusqu’à 46 ans.

 

Catherine : « Mon premier spectacle de danse »

Mon premier spectacle de danse… Le Lac des cygnes au Palais des congrès avec Patrick Dupond. Ma mère m avait emmenée en train de nuit jusqu’à Paris depuis le Limousin, juste pour le spectacle. 

 

Virginie : « Un choc total »

J’étais toute petite et j’étais allée voir La Belle au bois dormant avec Patrick Dupond et Noëlla Pontois. Le choc total… Quelques années plus tard, je suis entrée au Conservatoire de Paris. 

 




 

Commentaires (1)

  • FRANCOISE FAUCHET

    Je le suis depuis ses débuts. Quel charisme, quelle joie de danser, d’éblouir. Je l’ai vu au théatre antique de Lyon et c’est dans mon coeur pour toujours. Seul les meilleurs partent les premiers. Mes hommages MONSIEUR DUPOND!

    Répondre

Poster un commentaire