Les Clichés de la danse – La mère de la danseuse/du danseur
Derrière une grande danseuse, il y aurait toujours… une mère. Oui, celle qui assiste à tous les cours de danse, couve sa progéniture comme le lait sur le feu, habite les coulisses, joue les agents artistiques et passe ses nuits à coudre des tutus. Alors cliché ou réalité ? Peut-être un peu des deux. Pour vous aider à les repérer à l’entrée des artistes ou devant la porte des vestiaires, notre série des Clichés de la danse se plonge dans l’arbre généalogique du ballet pour décrypter le rôle obscur de la mère.
Côté pile
Envahissantes ? Certes. Mais avant tout de fidèles supportrices de leurs enfants qui apprennent à s’en accommoder et poser les limites.
La Reine
On croise souvent dans le public la Reine, mère d’Aurore. Elle est une spectatrice de l’ombre qui s’émeut à chaque grand pas final de sa fille. Peu d’artistes la croisent en coulisses, la discrétion est son mantra, mais soyez sûr qu’elle est dans la salle à chaque fois que sa princesse met un pied en scène. Et une fois le rideau tombé, elle veille au sommeil de sa belle.
Berthe
Pieuse et pleine d’amour pour sa fille Giselle, Berthe l’attend aux portes de la Grande Maison et lui dédie sa vie. Mère célibataire, elle veille, peut-être trop. La santé de sa fille prime, vous la trouverez donc à la sortie des artistes où elle attend patiemment sa jeune danseuse pour réduire sa fatigue. Protectrice, Berthe souhaite que sa fille reste digne et pure à son art pour ne pas provoquer le destin. La personne qui vous regarde d’un air revêche quand vous adressez un petit mot gentil à sa progéniture ? Oui, c’est bien elle. Vous pourriez détourner sa Giselle du droit chemin de la danse…
Simone
Parmi les mères qui ne passent pas inaperçues, notamment durant les soirées de mécènes, c’est bien Simone ! Cette veuve joyeuse est une virtuose du sabot et une fidèle représentante du public poulailler de l’époque, apostrophant directeurs et professeures et copine comme tout avec les Balletomanes. Attendrissant, ce côté mère poule est parfois étouffant pour sa fille Lise, qui s’en accommode cependant avec son sens aigu de la malice. Simone, on la voit et on l’entend, mais sa fille a ainsi assez de recul pour lui filer entre les doigts quand elle devient trop omniprésente.
Côté face
Envahissantes ? Complètement. Et au détriment de leurs enfants artistes.
La Reine mère
Parmi les mères qui veillent au grain et qui souhaitent la reproduction sociale, nous croisons la Reine mère de Siegfried. Elle souhaite le même destin à son fils. Alors pour monter en grade, aucune erreur tant technique qu’artistique n’est pardonnée, chaque geste est scruté. La Reine mère, une danseuse sans carrière un peu frustrée ? Peut-être. En tout cas, la pression excessive qu’elle fait peser sur sa progéniture provoque l’effet inverse de la motivation voulue : au lieu d’aller en cours de danse, le voilà qui fuit la scène, et surtout lui-même. Pour mieux aller méditer près de son lac des cygnes ?
Les ladies Capulet et Montaigu
Si le public, cet ingrat, ne sait pas reconnaître le talent de leur progéniture, ces deux mères se chargent de convaincre la hiérarchie pour la nomination de leur enfant respectif. Les ladies Montaigu et Capulet sont ainsi de fines stratèges, jouant d’agents artistiques auprès de leurs enfants Roméo et Juliette, négociant ferme les contrats d’engagement comme les campagnes d’influence sur Instagram. Ce goût carriériste et de pouvoir leur empêchent cependant de voir les volontés et les choix de leurs artistes, qui souhaitent sentir et aimer tout simplement.
La marâtre
Parfois les familles reconstituées sont difficiles à assumer pour certains artistes. Notamment pour Cendrillon qui ne vit pas un conte de fées auprès de sa belle-mère. Toxique, elle étouffe sa progéniture. Immaturité émotionnelle se mêle à de la discrimination au sein même de la scène. Mais la foi en elle-même et son talent sauveront Cendrillon. Elle peut commencer à préparer son tutu pour sa nomination d’Étoile.