Guerre en Ukraine – Les répercussions dans le monde de la danse
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a des répercussions dans tous les milieux, y compris celui des arts et de la danse. Démissions, projets arrêtés, soutien aux artistes ukrainiens… Le point sur des bouleversements qui touchent aussi la danse et le ballet.
Le soutien aux artistes ukrainiens
À la demande de la Mairie de Marie, le Kyiv City Ballet, petite compagnie en tournée en France au moment du début du conflit, est accueilli en résidence au Théâtre du Châtelet, aussi longtemps que la troupe en aura besoin. Une soirée de soutien au peuple ukrainien est organisée le 8 mars avec cette compagnie, sur la scène du Théâtre du Châtelet.
En France, plus de 70 institutions culturelles ont déclaré, dans une lettre ouverte, leur volonté d’accueillir en France les artistes ukrainiens, « afin qu’ils puissent continuer leur activité et ainsi préserver la libre expression de la culture ukrainienne« . Parmi les institutions de la danse, l’on y retrouve la signature du directeur de l’Opéra de Paris Alexander Neef, du directeur du Ballet du Rhin Bruno Bouché ou du directeur du Théâtre National de la Danse Chaillot Rachid Ouramdane.
Les danseurs et danseuses ukrainiennes travaillant en Europe ou aux États-Unis, et dont les familles habitent encore en Ukraine, se sont exprimées sur les réseaux sociaux, à l’image de Iana Salenko, Principal au Ballet de Berlin, ou l’Étoile de l’ABT Christine Shevchenko.
Les projets arrêtés
Le travail des chorégraphes occidentaux en Russie semble désormais impossible – et l’inverse aussi. Alexeï Ratmansky, chorégraphe russo-américain, a ainsi reporté sa création L’Art de la Fugue, qui devait avoir lieu à la fin du mois de mars au Théâtre du Bolchoï, comme il l’a expliqué au New York Times. À la veille de l’invasion de l’Ukraine, Alexeï Ratmansky travaillait encore au Bolchoï pour cette création. Il est depuis rentré chez lui, à New York. Sa reconstruction de La Fille du Pharaon au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, prévue en mai, devrait elle aussi être reportée ou annulée. Ces deux projets sont en tout cas en suspens pour un long moment, Alexeï Ratmansky indiquant qu’il « doutait retourner en Russie si Poutine y est toujours Président« . Né à Léningrad, Alexeï Ratmansky a grandi en Ukraine, dans la capitale Kyiv, avant de démarrer sa carrière au Ballet de Kyiv. Sa famille vit encore en Ukraine, pays dont est aussi originaire sa femme.
En Europe, la tournée d’été du Ballet du Bolchoï à Covent Garden, à Londres, a été annulée. La compagnie devait y danser 21 représentations du 26 juillet au 14 août. Le Teatro Real de Madrid a fait de même, le Ballet du Bolchoï y étant attendu en mai pour La Bayadère.
Pathé Live, qui retransmet dans le monde entier les spectacles du Ballet du Bolchoï au cinéma, a annoncé le report de la diffusion du Lac des Cygnes dans certains pays, qui devait avoir lieu le 6 mars prochain.
Cela se répercute aussi sur la saison prochaine. Le Théâtre des Champs-Élysées devait ainsi accueillir l’année prochaine le Ballet du Théâtre Stanislavsky de Moscou, dans le cadre de la saison TranscenDanses. Les Productions Sarfati, qui monte cette saison, a choisi d’annuler cette tournée. À l’inverse, ce même théâtre a indiqué recevoir, dans la mesure du possible, le Ballet de l’Opéra de Kyiv pour les Fêtes 2021.
La fin des artistes russes en Europe (et vice-versa)
Avec les liaisons aériennes coupées entre la Russie et l’Europe, les échanges entre artistes deviennent techniquement impossibles. Mais au-delà de ces questions pratiques, l’accueil d’artistes russes, travaillant dans des institutions russes, par des théâtres européens et américains semble désormais impossible. Le chef d’orchestre russe Valery Gergiev, proche du pouvoir, a ainsi été écarté des concerts qu’il devait donner au Carnegie Hall de New York. La Scala de Milan a menacé de faire de même, sauf si le chef d’orchestre se positionnait publiquement contre la guerre en Ukraine.
Les danseurs et danseuses russes travaillant en Russie devraient être sous ce même régime. Pour eux et elles, la situation est complexe. Il est interdit en Russie de manifester contre l’invasion en Ukraine et les réseaux sociaux ont été en partie bloqués. Néanmoins, quelques voix contre la guerre se font courageusement entendre. Comme celle de Vladimir Shklyarov, Principal au Mariinsky, ou celle du directeur du Bolchoï Vladimir Urin, qui a signé avec 17 artistes russes un appel à cesser « les opérations spéciales en Ukraine ». Certains artistes russes vivant en Europe se sont exprimés contre la guerre en Ukraine, comme l’Étoile du Royal Ballet Natalia Ossipova.
Beaucoup d’artistes ukrainiens travaillent en Russie, à l’image de Leonid Sarafanov, danseur ukrainien emblématique du Théâtre Mikhailovsky. La situation va aussi être compliquée pour les artistes européens des grandes compagnies russes. Après dix jours de comflits, beaucoup ont décidé de quitter la Russie, à l’image du britannique Xander Parish, Principal britannique au Mariinsky, ou de l’italien Jacopo Tissi, Principal italien du Bolchoï.
La démission de Laurent Hilaire
Ancienne Étoile de l’Opéra de Paris, Laurent Hilaire dirigeait le Ballet du Théâtre Stanislavski depuis 2017. Il a démissionné et quitté son poste le 27 février, comme il l’a expliqué à l’AFP. « Je quitte Moscou demain, au vu de la situation« , disant « regretter » cette décision. « Je pars avec tristesse mais le contexte ne me permet plus de travailler sereinement« . Par ailleurs, les répétitions de la création de Sharon Eyal, qui devait avoir lieu prochainement, sont annulées.
Pour soutenir le peuple ukrainien, vous pouvez faire un don au Comité international de la Croix-Rouge ou au Haut commissariat aux réfugiés.