Le Concours de promotion du Ballet de l’Opéra de Paris a eu lieu en 2023 le 9 novembre pour les danseuses et le 10 novembre pour les danseurs. Seuls les Quadrille et les Coryphées passent le Concours cette année : les nominations de Premier danseur et Première danseuse se feront tout au long de la saison. 

Le jury était présidé par Alexander Neef, Directeur de l’Opéra de Paris. Il était composé de José Martinez (Directeur de la Danse), Sabrina Mallem (Maîtresse de Ballet associée à la Direction de la Danse), Maina Gielgud (chorégraphe, maîtresse de ballet freelance), Linmar Looris (Directeur artistique du Ballet national d’Estonie), suppléante maîtresse de ballet CharlotteChapellier, ainsi que des danseurs et danseuses du Ballet tiré.e.s au sort : Arthus Raveau, Hugo Marchand, Francesco Mura, Clémence Gross et Charline Giezendanner (suppléant-e-s : Roxane Stojanov et Jean-Baptiste Chavigner). 

 

 

Résultats de la classe des Quadrilles

Cinq postes de Coryphée à pourvoir. Variation imposée : Le Corsaire de Marius Petipa, variation dite “rapide”. Préparation au Concours : Élisabeth Maurin et Laurent Novis. 

1. Saki Kuwabara, promue Coryphée

2. Camille de Bellefon, promue Coryphée 

3. Seohoo Yun, promue Coryphée 

4. Elizabeth Partington, promue Coryphée 

5. Ambre Chiarcosso, promue Coryphée 

6. Lucie Devignes

 

 

Cinq postes de disponible, cela ne se rate pas : quasiment toutes les Quadrilles qui pouvaient concourir sont montées en scène. La classe était donc nombreuse mais relativement homogène. Après de fortes personnalités venues de l’École et montées très vite, ce sont plutôt les danseuses venues de l’étranger par le Concours externe qui se sont démarquées. Et si les jeunes talents de l’École n’ont pas démérité, les anciennes ont su aussi tirer leur épingle du jeu. La variation imposée était bien choisie : agréable à danser et à voir, demandant la technique demandée à ce niveau sans receler de pièges un peu tordus ou particuliers.

À l’issue des épreuves, la première place de Saki Kuwabara semblait évidente. Venue du Japon et entrée dans la compagnie en 2019, elle a tout de suite dénoté en Concours : incroyable techniquement mais hors sujet dans le style. Là-dessus, la danseuse a énormément progressé, acquérant petit à petit la technique de la maison sans perdre de sa magnifique virtuosité. Four Seasons fut un excellent choix, lui permettant de montrer sa musicalité et son sens du mouvement. Une danseuse qui ne devrait plus trop attendre pour avoir des petits rôles.

 

 

Pour le reste, plusieurs danseuses se détachaient, à des niveaux différents, et il y avait moins d’évidence absolue. Personnellement, après Saki Kuwabara, mon quatuor se composait d’Elizabeth Partington, Seohoo Yun, Lucie Devignes et Diane Adellach. Elizabeth Partington a réussi un très beau Concours équilibré, avec une danse ciselée et intelligente, de la personnalité et la Sérénade de Suite en blanc enlevé avec un certain panache. Seohoo Yun, bloquée en Concours pour les mêmes raisons de Saki Kuwabara, a montré elle-aussi beaucoup d’évolution, avec un beau lyrisme dans sa variation de Paquita. Son aplomb et sa danse impeccable lui assurent une promotion sans discuter. Camille de Bellefon n’a pas forcément réussi le Concours de sa vie, son imposée était un peu juste, d’où le fait que je ne la voyais pas promue. Mais son Émeraudes avait tellement de charme ! L’une de mes variations coups de cœur du Concours. Cela l’a emporté et récompense au final une danseuse pilier du corps de ballet. Idem pour Ambre Chiarcosso, un cran en dessous de ses précédents Concours, mais qui a fait un choix judicieux de libre avec Who Cares?, qui lui allait très bien. Et qui méritait de passer depuis déjà quelques années. Lucie Devignes, au pied des promues, était superbe dans In the Middle, dansé avec beaucoup d’intelligence et de percutant. La jeune Diane Adellach, qui passait là son premier Concours, avait ouvert avec beaucoup de panache les épreuves, avec une belle technique propre. L’on a aussi remarqué Hortense Pajtler, qui elle-aussi a brillé en Émeraudes. Lillian Di Piazza, très appréciée en scène, s’est par contre montré un peu trop fébrile pour pouvoir espérer monter.

Les danseuses ont fait des choix attendus de variation libre (du Robbins, du Lifar, du Paquita), montrant néanmoins une certaine ambition, avec des variations longues et complexes. Et dans l’ensemble très bien travaillées.

 

 

Variation libres choisies par les Quadrilles : 

Diane Adellach :  La Bayadère, acte II, variation de Gamzatti (Rudolf Noureev)

Apolline Anquetil : The Four Seasons, variation du Printemps (Jerome Robbins)

Adèle Belem : And… Carolyn, Solo de la femme (Alan Lucien Øyen)

Ysée Brétignière : Raymonda, acte II, variation de Henriette (Rudolf Noureev)

Ilona Cabley : Raymonda, acte II, variation de Henriette (Rudolf Noureev)

Camille Calazans : Suite en blanc, variation de la Cigarette (Serge Lifar)

Ambre Chiarcosso : Who Cares?, Embraceable You (George Balanchine)

Camille de Bellefon : Joyaux, Émeraudes, première variation (George Balanchine)

Lucie Devignes : In the Middle, Somewhat elevated (William Forsythe)

Lillian Di Piazza : Notre-Dame-de-Paris, acte I, variation d’Esmeralda (Roland Petit)

Eugénie Drion : Suite en blanc, variation de la Flûte (Serge Lifar)

Lisa Gaillard-Bortolotti : The Four Seasons, variation de l’Automne (Jerome Robbins)

Alycia Hiddinga : The Four Seasons, variation du Printemps (Jerome Robbins)

Saki Kuwabara : The Four Seasons, variation de l’Automne (Jerome Robbins)

Hortense Pajtler : Joyaux, Émeraudes, deuxième variation (George Balanchine)

Elizabeth Partington : Suite en blanc, La Sérénade (Serge Lifar)

Gloria Poubeau : Raymonda, acte II, variation de Raymonda (Rudolf Noureev)

Laudeline Schor : La Belle au bois dormant, Prologue, variation de la sixième Fée (Rudolf Noureev)

Koharu Yamamoto : La Fille mal gardée, variation de Lise (Frederick Ashton)

Seohoo Yun : Paquita, variation de l’Étoile (Marius Petipa)

 

 

 

Résultats de la classe des Coryphées

Trois postes de Sujet à pourvoir. Variation imposée :  Raymonda de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, acte II, variation de Raymonda. Préparation au Concours : Clairemarie Osta. 

1. Nine Seropian, promue Sujet

2. Hortense Millet-Maurin, promue Sujet

3. Célia Drouy, promue Sujet 

4. Luna Peigné

5. Katherine Higgins

6. Victoire Anquetil

7. Laure-Adelaïde Boucaud

 

 

Sept candidates pour trois postes, autant dire que le Concours des Coryphées n’avait pas grand-chose à voir avec celui des Quadrilles. L’on sent le niveau qui augmente et une belle préparation là-encore, avec une très belle série d’imposées et des libres judicieuses. L’on peut cependant regretter, pour cette classe mais sur l’ensemble du Concours de façon générale, l’absence de surprises dans les variations libres. Les danseuses ont préféré rester sur des valeurs sûres.

Il était très difficile à l’issue des épreuves de savoir qui allait passer. Le jury allait-t-il préféré le potentiel ? L’expérience ? Cela semblait assez ouvert. Nine Seropian faisait partie de mon trio gagnant. Du style dans l’imposée, un excellent choix de libre dansée avec beaucoup de peps et de personnalité (le répertoire néo-classique lui va si bien !), beaucoup d’assurance technique dans l’ensemble : sa promotion de Sujet est incontestable. Hortense Millet-Maurin me semblait pour ma part encore très scolaire. Mais sa variation libre, on ne peut plus école française, est passée de façon absolument impeccable. La Direction souhaitait visiblement la faire monter rapidement. Célia Drouy est l’une des danseuses les plus remarquables de sa classe. Si son imposée est passée sans encombre, sa Bhakti III me semblait bien trop sage, et pour le coup passer un peu à côté du style. Mais son travail depuis plusieurs saisons rend sa promotion méritée. Personnellement, je restais sous le charme de la forte personnalité de Katherine Higgins, peut-être un cran en dessous de ce qu’elle fait habituellement, mais vraiment brillante en Paquita. Laure-Adélaïde Boucaud complétait mon trio, par son choix coup de cœur de danser La Mort du Cygne. Elle a rappelé l’intérêt aussi du Concours : se faire plaisir et profiter de l’occasion pour occuper la scène avec ce que l’on a envie de danser. Luna Peigné a passé un beau Concours équilibré, peut-être manquait-il un peu de mordant. Enfin Victoire Anquetil n’a pas réussi son imposée. Mais s’est largement rattrapé avec Other Dances et une danse habitée et musicale.

 

 

Variation libres choisies par les Coryphées : 

Victoire Anquetil : Other Dances, Première variation (Jerome Robbins)

Laure-Adélaïde Boucaud : La Mort du Cygne (Mikhail Fokine)

Célia Drouy : Bhakti III (Maurice Béjart)

Katherine Higgins : Paquita, variation du Grand Pas (Pierre Lacotte)

Hortense Millet-Maurin : Célébration (Pierre Lacotte)

Luna Peigné : The Four Seasons, variation de l’Automne (Jerome Robbins)

Nine Seropian : Who Cares?, variation de Who Cares? (George Balanchine)