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Gil Roman licencié du Béjart Ballet Lausanne

Gil Roman, directeur du Béjart Ballet Lausanne depuis 2007 et le décès de Maurice Béjart, a été licencié le 2 février, par le Conseil de fondation de la compagnie. Une décision qui intervient suite à un comportement « inapproprié et intolérable » de Gil Roman lors de la récente tournée parisienne de la compagnie suisse. Le danseur était fragilisé en interne depuis 2021 et la publication d’un audit, qui avait donné lieu au licenciement immédiat du directeur de production et à la fermeture de l’école Rudra Béjart. Julien Favreau, danseur emblématique de la compagnie, a été nommé Directeur artistique par interim. 

 

Gil Roman

 

Vendredi 2 février, le Théâtre de Beaulieu de Lausanne accueille les Sélections du Prix de Lausanne. Quand, au milieu des variations contemporaines, un bruissement s’amplifie dans le public et en coulisse. La nouvelle vient de tomber : à quelques rues de là, Gil Roman, l’emblématique directeur du Béjart Ballet Lausanne, est licencié de son poste par la Conseil de fondation de la compagnie. Peu de temps auparavant encore, la réouverture de l’école Rudra Béjart, fermée en 2021 suite à un audit pointant du doigt une mauvaise gestion de l’établissement, était dans l’air. Un licenciement brutal, mais pas vraiment surprenant, Gil Roman étant fragilisé en interne depuis deux ans.

Danseur emblématique de Maurice Béjart, Gil Roman avait naturellement pris la direction du Béjart Ballet Lausanne en 2007, à la mort du chorégraphe. En 2021, un audit interne pointant de nombreux dysfonctionnements remet sa direction en cause. Ce rapport avait amené au licenciement immédiat du directeur de production de la compagnie, « en raison de comportements répétés de harcèlement sexuel », et à la fermeture de l’école Rudra Béjart. Gil Roman avait été maintenu en poste, même si l’audit pointait les dérives de méthodes managériales, reconnaissant ses capacités artistiques tout en soulignant son caractère « vulgaire, impulsif, colérique et injurieux« . Le Conseil avait ainsi créé le poste de directeur général, occupé par Giancarlo Sergi et arrivé en septembre 2022, pour chapeauter Gil Roman.

La compagnie ne faisait depuis plus de vague, jusqu’à la récente tournée du Béjart Ballet Lausanne au Palais Garnier, en janvier 2024. Gil Roman a en effet invité à la première, ainsi qu’au pot qui a suivi, l’ancien directeur de production licencié en 2021 suite à l’audit. Une attitude qui a beaucoup choqué les danseurs et danseuses. « On considère que c’est à la fois inapproprié et inacceptable, parce qu’on a fixé un cadre très clair sur ces questions-là« , explique Grégoire Junod, syndic de Lausanne (équivalent de président de Municipalité) et vice-président de la fondation Béjart Ballet Lausanne au média Forum. « Après avoir éclairci les faits et entendu Gil Roman, le Conseil a estimé ce comportement inapproprié et intolérable vis-à-vis de l’institution et plus encore des danseuses et danseurs, eu égard aux conclusions de l’audit et aux décisions qu’il avait alors prises« , indique ainsi le communiqué du Conseil de la fondation de la compagnie.

Les dates de spectacles et de tournées du Béjart Ballet Lausanne déjà programmées ne sont pas impactées par cette décision. Gil Roman reste également président de la Fondation Maurice Béjart, qui gère les droits d’auteur du chorégraphe et autorise la compagnie à danser ses ballets. Ce qui ne devrait pas avoir d’impact sur la compagnie. « Nous avons des échanges avec l’ensemble des membres de la fondation Maurice Béjart. Tous les retours que nous avons aujourd’hui laissent penser que nous avons une volonté conjointe de poursuivre l’aventure et de continuer à confier au BBL les ballets de Maurice Béjart » a ainsi indiqué Grégoire Junod.

La direction artistique de Gil Roman, même si elle n’a jamais été mise en cause par l’audit, posait cependant des questions. Immense connaisseur de Maurice Béjart, il a toujours remonté avec soin son répertoire et fait vivre ses œuvres, les tubes comme les moins connus. Le directeur avait cependant échoué à faire venir une nouvelle génération de chorégraphes. Lui-même a proposé de nombreuses pièces, sans toutefois marquer les esprits. Et le Béjart Ballet Lausanne n’avait jamais réussi à exister en dehors des œuvres de Maurice Béjart. Un tournant que la compagnie doit cependant arriver à faire, comme toutes les troupes fondées par un.e chorégraphe désormais décédé, pour continuer à exister à long terme.

 

Julien Favreau, Directeur artistique par interim 

Le Conseil a indiqué rechercher « dès à présent au recrutement d’une nouvelle ou d’un nouveau directeur artistique« . En attenant, Julien Favreau, danseur emblématique de la compagnie, a été nommé Directeur artistique par intérim. Il prendra ses fonctions dans les jours à venir, jusqu’en août 2024. Le danseur s’est dit soucieux de « continuer à faire vivre l’œuvre de Maurice Béjart, au travers du plus bel outil qu’il avait créé, le Béjart Ballet Lausanne et en compagnie de l’actuel encadrement artistique qui m’épaulera pour transmettre les acquis de Maurice Béjart« . Suite à cette nomination, la Fondation Maurice Béjart s’est dit rassurée et a indiqué que la compagnie « pourra continuer à bénéficier des droits sur les chorégraphies de Maurice Béjart aux conditions actuelles« .

 

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