Sol invictus – Hervé Koubi
Présentée au dernier festival Vaison Danses, Sol invictus, la dernière pièce du chorégraphe Hervé Koubi a, depuis, beaucoup rayonné, passant notamment par le festival Monaco Dance Forum en création mondiale. Actuellement en tournée, cette pièce généreuse à la vitalité débordante aspire à rassembler et y parvient avec un brio certain. Assisté de l’un des ses anciens danseurs Fayçal Hamlat, avec lequel il travaille depuis plusieurs années, Hervé Koubi livre une ode à la danse lumineuse et métissée, interprétée par dix-huit danseuses et danseurs survoltés aux individualités marquées. Un feu d’artifice où la virtuosité n’éclipse pas une aspiration spirituelle.
Sol Invictus est le nom d’une divinité solaire dont le culte est apparu dans l’Empire romain au IIIe siècle. Le chorégraphe Hervé Koubi en fait la figure tutélaire de sa dernière pièce et se saisit de la scène comme d’un « terrain de jeu de tous les possibles« . Rassemblant au plateau dix-huit interprètes dont des femmes (une première pour ce spécialiste des ensembles masculins), il propose une pièce riche et foisonnante qui laisse peu de répit pour les spectateurs et spectatrices, comme pour les interprètes.
Énergisante, traversée d’influences multiples, cette pièce généreuse, débordante, a un pouvoir fédérateur incontestable. Si elle semble évoquer l’épopée de peuples multiples, elle réunit des personnalités très marquées venant d’horizons artistiques différents qui prennent tous la lumière et les réunit par la seule force du collectif. Traversée d’acrobaties, de mouvements issus des danses urbaines, la chorégraphie unit toutes ces influences. Hervé Koubi fait de sa danse un creuset fertile où toutes ces singularités résonnent à l’unisson.
Les gestes explosent de toute part et façonnent une danse de réconciliation, salvatrice et unissant les êtres. Chacun se jauge, s’apprivoise, unit ses pas à ceux des autres pour une œuvre pleine de lyrisme. La danse se fait rassembleuse comme une grande inspiration dans un monde divisé par les antagonismes, où chacun se nourrirait des différences des autres. Une danse généreuse, qui élargit les frontières de la scène, qui dévore l’espace et s’affirme haut et fort.
Tribu chamarrée aux looks très puissants, ces virtuoses épatent parce qu’ils parviennent à instiller de la poésie et une part de sacré dans cette démonstration de prouesses techniques. La pièce propose ainsi des passages d’une beauté plastique folle, comme lorsque un vaste tissu doré envahit tout le plateau tel un océan et engloutit dans ses abysses ces humains trop fragiles. Si la force irrigue chaque parcelle, Sol Invictus parle aussi de la fragilité de nos existences. Une chose semble incontestable : pour Herbé Koubi, la danse est la plus belle – et peut-être l’unique – façon de célébrer la vie.
Sol Invictus de Hervé Koubi. Avec Ilnur Bashirov, Francesca Bazzucchi, Badr Benr Guibi, Joy Isabella Brown, Denis Chernykh, Samuel Da Silveira Lima, Youssef El Kanfoudi, Mauricio Farias Da Silva, Abdelghani Ferradji, Elder Matheus Freitas Fernandes Oliveira, Hsuan-Hung Hsu, Pavel Krupa, Ismail Oubbajaddi, Ediomar Pinheiro de Queiroz, Allan Sobral Dos Santos, Karn Steiner, Anderson Vitor Santos. Vendredi 15 décembre 2023 au Monaco dance forum. À voir en tournée le 20 mars à Cébazat (63), le 23 avril à Sarcelles (95), du 16 au 18 mai à Brive (19), le 20 mai à Grasse (06)…