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Myriam Ould-Braham – Retour sur sa carrière en quelques grands rôles

La Danseuse Étoile Myriam Ould-Braham tire sa révérence ! À 42 ans, la ballerine fait en effet ses adieux à la scène du Ballet de l’Opéra de Paris le 18 mai, dans le rôle-titre de Giselle, qui a profondément marqué sa carrière. La danseuse a profondément marqué son temps, même si elle ne fut pas la plus grande technicienne de son époque ni la plus versatile. Par son sens du style qui a fait des merveilles dans les ballets romantiques si français ou les productions de Rudolf Noureev. Par ce talent unique de s’emparer des rôles, aussi bien dans leur dimension interprétative que technique, même quand elle y semblait à contre-emploi. Par cette façon si spéciale d’être absolument sincère et entière en scène, et qui a permis de créer un lien si spécial avec le public. Myriam Ould-Braham tient ainsi une place particulière dans le cœur des balletomanes. Ses adieux à la scène sont l’occasion de revenir en vidéo sur certains de ses grands rôles.

 

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Le pas de deux des Paysans

Myriam Ould-Braham découvre la danse enfant, à Alger. Arrivée en France, elle rencontre Yvonne Goubé qui l’a fait rentrer au CNR de Paris, dont les classes de danse sont alors dirigées par Liane Daydé. Puis à 14 ans, Myriam Ould-Braham est reçue à l’École de Danse de l’Opéra de Paris sous la direction de Claude Bessy, les quelques premiers mois en tant qu’élève payante. En 1999, elle est engagée dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris, en même temps que Juliette Gernez, Daphné Gestin, Grégory Gaillard, Aurélien Houette et Florian Magnenet. Ses premiers petits rôles furent Cupidon dans Don Quichotte, ou les quatre Petits cygnes avec une distribution d’anthologie (Myriam Ould-Braham, Dorothée Gilbert, Mathilde Froustey et Fanny Fiat). Ainsi que le Pas de deux des paysans extrait de Giselle, ici dansé avec Emmanuel Thibault. Un rôle que la danseuse découvrit en 2004 et dansé pendant huit ans.

 

 

 

 

La Belle au bois dormant de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa – Aurore

Le début de carrière de Myriam Ould-Braham va vite. Entrée dans la compagnie en 1999, elle passe Coryphée en 2001 puis Sujet en 2002. C’est là que son premier grand rôle arrive, et pas des moindres : celui de Aurore dans La Belle au bois dormant, le « Ballet des ballets ». Elle y montra toute la beauté de sa danse académique, reprenant par la suite le rôle en 2013.

 

 

 

 

La Bayadère de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa – Nikiya

La Bayadère a jalonné toute la carrière de Myriam Ould-Braham. C’est là qu’elle fit ses premiers rôles en 2006 avec la Manou ou l’une des trois Ombres. Puis elle s’empara de Nikiya en 2012, quelques mois avant sa nomination. Une prise de rôle aux côtés de Florian Magnenet, où la danseuse montra une nouvelle maturité, moins jeune fille fleurs, plus sauvage dans son interprétation. Myriam Ould-Braham reprit Nikiya tout au long de sa carrière, notamment en décembre 2015 avec François Alu en Solo. Un partenariat magistral, où la fougue du danseur se mariait à merveille à la délicatesse de la danseuse.

 

 

 

 

La Fille mal gardée de Frederick Ashton – Lise

Nommée Première danseuse en 2005, Myriam Ould-Braham semble avoir un avenir étoilé tout tracé. Mais après un début de carrière rapide, les choses se ralentissent. La directrice de l’époque Brigitte Lefèvre privilégie les profils plus malléables, capables de danser dans beaucoup de registres différents, y compris le très contemporain. Des danseuses un peu plus « à emploi » doivent ainsi patienter, dont Myriam Ould-Braham. Mais en 2012, alors qu’elle a 30 ans, la nomination arrive enfin. Une grande partie de la troupe est alors en tournée aux États-Unis. Ceux et celles qui restent dansent La Fille mal gardée de Frederick Ashton. La danseuse y reprend le rôle de Lise, qu’elle connaît bien, aux côtés du fraîchement nommé Étoile Josua Hoffalt – l’un de ses grands partenaires – Stéphane Phavorin et Simon Valastro. Le soir de la première, le 18 juin, Myriam Ould-Braham est nommée Danseuse Étoile. Il était plus que temps pour cette ballerine qui a « les plus jolis pas de bourrés de la compagnie« , comme le glissa Stéphane Phavorin à la sortie des artistes le soir de la nomination.

 

 

 

 

Roméo et Juliette de Rudolf Noureev – Juliette

Peu avant sa nomination, Myriam Ould-Braham eut une autre forte prise de rôle : celle de Juliette dans Roméo et Juliette de Rudolf Noureev. La danseuse sort du registre purement académique pour quelque chose de plus dramatique. Une Juliette plus vraie que nature, que la danseuse repris régulièrement. Ici avec Mathias Heymann, l’un de ses grands partenaires tout au long de sa carrière.

 

 

 

 

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Giselle

Un an après sa nomination d’Étoile, Myriam Ould-Braham s’empare du rôle-titre de Giselle. Une première attendue, tant la danseuse semble être faite pour ce rôle. Elle ne cessa ensuite de peaufiner le rôle tout au long de sa carrière. Ici avec Mathieu Ganio, l’un de ses partenaires de prédilection lors de ses dernières années de carrière.

 

 

 

 

Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa – Odette/Odile

S’il fallait choisir son plus grand rôle, ce pourrait-il être celui-là ? Quand on pense à Myriam Ould-Braham, les grandes figures romantiques viennent tout de suite en tête, comme Giselle ou la Sylphide. Mais la danseuse sut s’en emparer avec force du rôle mythique de Odette/Odile. Cela semble pourtant presque être un contre-emploi pour elle. Mais la danseuse s’en est emparée d’une étonnante façon, très humaine, donnant vie à ce cygne à sa manière. Elle y eut plusieurs partenaires, notamment Paul Marque en 2019, l’un de ses grands partenaires de sa fin de carrière et qui l’accompagne pour ses adieux. Et son deuxième acte avec Mathias Heymann il y a quelques années, si empli de tendresse désarmante, reste dans les mémoires.

 

 

 

 

La Sylphide de Pierre Lacotte – La Sylphide

Pierre Lacotte fit partie des grands chorégraphes qui ont jalonné la carrière de Myriam Ould-Braham, de Paquita dont elle dansa le pas de trois alors jeune Première danseuse, à la création Le Rouge et le noir après la crise du Covid. Et La Sylphide, bien sûr. Où Myriam Ould-Braham donnait une leçon de danse romantique, véritable et fascinante machine à remonter le temps, sans jamais oublier l’émotion à fleur de peau (cliquer sur la photo). 

 

 

 

 

Les chorégraphes américains – En Sol de Jerome Robbins

George Balanchine et Jerome Robbins allèrent bien à Myriam Ould-Braham – la période Benjamin Millepied fut d’ailleurs riche pour la danseuse. Elle mettait un glamour chic qui faisait son effet dans les ballets Noir et blanc de George Balanchine. Et sa musicalité jamais dénuée de poésie dans les œuvres de Jerome Robbins. Comme ici, dans En Sol.

 

 

 

Et aussi…

Malgré avoir écumé les internets, impossible de trouver une belle trace en vidéo d’autres rôles que j’aurais aimé évoquer. Alors faisons-le par écrit. Myriam Ould-Braham a aussi marqué à sa façon les ballets néo-classiques narratifs. On pense ainsi à sa Manon dans L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan, dont elle s’empara d’une façon magistrale un an avant sa retraite, avec Mathieu Ganio. Mais ce fut aussi, bien plus tôt, Olympia dans La Dame aux camélias de John Neumeier, et surtout sa magnifique Olga dans Onéguine de John Cranko, qu’elle dansa jusqu’en 2018. Dans un registre plus contemporain, elle fut magnifique dans les ballets de William Forsythe ou Wayne McGregor. J’aurais enfin aimé montré une vidéo d’elle avec Josua Hoffalt. Ces deux Étoiles formèrent l’un des couples les plus aboutis qu’a pu avoir l’Opéra de Paris dans les années 2010. Restent les souvenirs à défaut des vidéos.

 

 

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Commentaires (5)

  • Miam

    Je l’ai découverte dans le ballet La Source, avant qu’elle ne soit nommée étoile, et je suis tout de suite tombée sous le charme !

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  • Sandrine

    Il y a un pas de deux avec Josua hoffalt dans La Source
    https://www.youtube.com/watch?v=L_qVZSlg9-Y

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  • Benjamin

    Merci pour cet article. Elle va me manquer Myriam. Une danseuse merveilleusement sincère et belle à voir danser. Je me souviendrais de son Lac des Cygne avec Mathias Heymann Je regrette bcp de n’avoir pu être à Paris plus souvent pour la voir.

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  • Adagio

    Une artiste tout en sensibilité, à fleur de peau. Ce n’est pas la plus grande technicienne de l’Opéra, mais elle est l’illustration parfaite qu’être Etoile, ce n’est pas que de la technique. C’est avoir ce petit truc en plus, indéfinissable, qui vous démarque et qui touche le public au cœur. Et cela, elle l’a en abondance.

    Je retiens deux grands soirs avec elle :
    – sa Juliette avec Matthias Heymann lors de la dernière reprise à Bastille. Très poétiques, très lyriques, tout en intériorité, ils ont formé un couple bouleversant. Malgré leur âge, on voyait un coupe d’adolescents qui aiment pour la première (et la dernière) fois.

    – son Lac, encore une fois avec Matthias Heymann. A eux deux, ce sont certainement les interprètes les plus sensibles et délicats de la compagnie. Ensemble, ils touchaient au sublime et je regrette qu’il ne danse pas avec elle pour le soir de ses adieux. Leur PDD de l’acte IV du Lac m’a émue aux larmes tellement il était doux, triste, dans une pudeur qui touchait au sublime.

    Mlle Ould-Braham va énormément manquer à l’Opéra et au public car comme vous le dites si bien, elle a un statut à part et avait une façon bien à elle d’aborder les rôles.

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