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Heliosfera de Vania Vaneau

Envie de sortir un peu des sentiers battus de la scène contemporaine ? Alors rendez-vous comme chaque année au festival June Events, toujours riche d’une programmation surprenante. Cette année, on y découvre entre autres Vania Vaneau, qui vient avec sa pièce Heliosfera, créé il y a deux mois au Festival Transforme des Subsistances de Lyon, autre lieu éclectique de créations et performances. Un travail puissant autour de la lumière, qui semble faire corps avec les artistes en plateau et devenir interprète à part entière, forme mouvant créatrice d’un monde en pleine mutation. 

 

Heliosfera de Vania Vaneau

 

June Events est l’un des rendez-vous du printemps que l’on n’aime pas manquer. Le festival est toujours un lieu de découvertes et de surprises, où la danse se mêle régulièrement à d’autres formes d’art. Pour cette édition 2024, il y aura plusieurs noms ainsi à découvrir : Idio Chichava, Arthur Perole ou Vania Vaneau. Cette dernière y présentera sa performance Heliosfera, qu’elle avait créée un peu plus tôt aux Subsistances à Lyon – autre lieu artistique multidisciplinaire qui chahute nos habitudes – lors de son festival Transforme en avril dernier.

Danseuse contemporaine, Vania Vaneau affiche un parcours prestigieux : formation à la grande école de danse P.A.R.T.S de Bruxelles, celle d’Anne Teresa de Keersmaeker, tout en obtenant une Licence de Psychologie à l’Université Paris 8, puis interprète pour Maguy Marin, Yoann Bourgeois, Wim Vandekeybus ou Christian Rizzo, montrant par là son goût de l’éclectisme. Depuis dix ans, Vania Vaneau est chorégraphe, avec cinq pièces à son actif, des petites formes où l’artiste relie son travail chorégraphique à l’art plastique. Comment des décors, des costumes, des objets ou tout autre aspect scénique peuvent-ils devenir comme des interprètes à part entière sur le plateau, et dialoguer avec les danseurs et danseuses ?

 

Heliosfera de Vania Vaneau

 

Pour cette nouvelle pièce Heliosfera, c’est la lumière que travaille Vania Vaneau. Et la chorégraphe, qui laisse le plateau à quatre interprètes, s’empare avec brio de cette matière abstraite et par nature insaisissable. Elle crée avec un univers à part, mouvant autour des danseurs et danseuses. Est-ce la lumière qui met en mouvement les artistes ou les artistes qui par leur danse font évoluer la lumière ? Toute performance où l’art plastique se mêle à des corps ne fonctionne que si cette question reste en suspens, rendant ainsi vivante la matière et en faisant un interprète à part entière. Sur le plateau, trois hommes et une femme semblent errer, un peu perdus, hésitants. Côté cour, la musicienne Pénélope Michel met en place un univers sonore brouillant les pistes, mêlant sons et musiques électro. Même si elle est bien visible, on sent qu’elle est en-dehors de ce monde un peu particulier en train de s’articuler devant nous – peut-être est-ce elle qui tire toutes les ficelles. Des fumées denses s’échappent du fond de scène, comme sculptées par les lumières d’Abigail Fowler. Elles deviennent des formes étranges et mouvantes, comme prenant vie, entourent les danseurs et danseuses, les engloutissent et les font réapparaître. Comment réagissent ces derniers face à la lumière dessinant les corps et l’espace ? C’est tout l’enjeu de la pièce. La peur les guide parfois, la curiosité, l’abandon, la joie presque – tout semble être créé dans l’instant. Puis la danse se fait organique et virtuose, très physique, terrienne, faisant corps avec ces lumières changeantes dans cette ambiance sonnant comme le début ou la fin d’un monde. L’image est saisissante, le moment hypnotique. Tant de choses pourraient être racontées.

Vania Vaneau travaille ensuite sur la matière au sol, le bruit, les contrastes. Là encore, il s’agit de voir comment les artistes en plateau réagissent avec ces éléments et les rendent vivants par leurs réactions. L’effet laisse plus dubitatif. L’on sent que la chorégraphe est encore en recherche, part dans différentes directions, explore. C’est ce qui donne un aspect parfois un peu trop obscur et énigmatique à Heliosfera. Il sera intéressant de voir comment la pièce aura évolué à June Events, deux mois après les premières représentations. Mais le travail passionnant autour de la lumière, pour le coup bien plus abouti, donne à la performance le goût d’une belle découverte.

 

Heliosfera de Vania Vaneau

 

Autre spectacle présenté au Festival Transforme des Subsistances et que l’on peut voir à June Events : Αγρίμι (Fauve) de Lenio Kaklea. Née à Athènes, formée entre autres au CNDC d’Angers, l’artiste multiplie les performances engagées depuis 2009. Sa nouvelle pièce s’inspire de la forêt, terre de chasse et de rites ancestraux, terres de légendes et aujourd’hui écosystème fragile. Un thème aux multiples pistes, mais la pièce tourne vite court. À l’image des deux poteaux géants structurant l’espace sans jamais être utilisé, si ce n’est sur les derniers instants de la pièce où tout semble enfin vouloir démarrer. Dommage.

 

Heliosfera de Vania Vaneau avec Lee Davern, Nicolas Fayol, Steven Michel et Thi-Mai Nguyen. Mardi 9 avril 2024 aux Subsistances. À voir le 25 mai à June Events.

Αγρίμι (Fauve) de Lenio Kaklea avec Lenio Kaklea, Georgios Kotsifakis et Luisa Heilbron de BODHI Project. Jeudi 11 avril 2024 aux Subsistances. À voir à June Events le 1er juin.

June Events, du 22 mai au 8 juin à l’Atelier de Paris / CDCN.

 

 

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