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Finale du Concours des Jeunes Chorégraphes de Ballet #4

La finale de la quatrième édition du Concours de jeunes chorégraphes de ballet s’est déroulée dimanche 9 juin à la Gare du Midi à Biarritz. Présentée par la chorégraphe Sophie Laplane, lauréate 2022 du Prix du Public et du Prix des Professionnels, en résidence au Scottish Ballet, elle a permis de découvrir les pièces des six finalistes et de mettre un coup de projecteur sur des chorégraphes. Qui pour certain.e.s avaient déjà une solide expérience, comme le duo tchéco-français Věra Kvarčáková et Jérémy Galdeano. Avec Blíz, il décroche à la fois une résidence de création et de diffusion au Ballet du Rhin et le prix des professionnels. Bonne nouvelle de ce palmarès : une belle présence des femmes chorégraphes, déjà représentées à parité dans la liste des finalistes. Ainsi, avec le quatuor Overload aux lignes épurées, la Brésilienne Manoela Gonçalves figure doublement dans la liste des lauréats.

 

Les finalistes du Concours des Jeunes Chorégraphes de Ballet #4

 

Avec 56 candidatures reçues pour cette édition 2024 (10 de moins qu’en 2022), la quatrième édition du Concours de Jeunes Chorégraphes de Ballet a confirmé l’existence d’un vivier d’artistes en France, en Europe et à l’international. Près de la moitié des candidats et candidates étaient soit indépendants ou dirigeaient leur propre compagnie. L’autre moitié était issue de compagnies pour la plupart allemandes. Les six pièces d’une durée d’une dizaine de minutes présentées lors de la finale avaient été sélectionnées par Bruno Bouché, directeur du Ballet de l’Opéra national du Rhin, Thierry Malandain, directeur du Malandain Ballet Biarritz et Éric Quilleré, directeur de la danse de l’Opéra National de Bordeaux.

Lors de la finale, les trois directeurs (à l’exception de Bruno Bouché, remplacé par Pasquale Nocera, chargé de développement des missions) ont été rejoints par Xenia Wiest, directrice artistique du Ballett X Schwerin (Allemagne) et lauréates de la première édition de ce concours, Iratxe Ansa, directrice de la compagnie Metamorphosis Dance (Madrid), Bruno Heynderickx, directeur du Hessisches Staatsballets Wiesbaden (Allemagne) et Beate Vollack, directrice de la danse de l’Opéra national du Capitole de Toulouse.

Avec Overload interprété par un quatuor issu du Het National Ballet d’Amsterdam, la Brésilienne Manoela Gonçalves a marqué un doublé en remportant le prix de Biarritz-Caisse des dépôts (15.000 €) et le prix jeune public (1.000 €). Ce dernier, imaginé en partenariat avec le Pass Culture, est décerné par un jury composé de neuf jeunes âgés de 18 à 20 ans. À 32 ans cette artiste installée en Suisse a déjà collaboré avec différentes compagnies de ballets en Europe, notamment le Bayerisches Staatsballett de Munich, le Leipziger Ballet et le Béjart Ballet Lausanne. Sa pièce très aboutie qui valorise le travail sur pointes (pas tant utilisées que cela dans les pièces présentées, de manière hélas un peu attendue) avec l’une des danseuses, illustre bien cette tentation de s’approprier la technique classique en y puisant la virtuosité et la vélocité. Si la chorégraphe ne raconte pas à proprement parler une histoire, sa danse évoque en filigrane notre monde contemporain hyperconnecté et ce sentiment de solitude paradoxalement ressenti.

 

Overload de Manoela Gonçalves – Prix Biarritz

 

Le duo composé de la Tchèque Věra Kvarčáková et du Français Jérémy Galdeano, installé au Canada, décroche une résidence de création et diffusion au sein du Ballet de l’Opéra national du Rhin pour Bliz, interprété par six danseuses et danseurs du National Theater Mannheim en Allemagne. Par leur maîtrise et l’aboutissement de ce sextet très virtuose, les deux chorégraphes, les « doyens » du concours à 35 et 42 ans, remportent également le prix des professionnels (5.000 €), autrement dit les critiques de danse et les directeurs et directrices de théâtre, présents lors de la finale. En hauts noirs rétro futuristes et chaussettes de tennis, les interprètes livrent une chorégraphie percutante avec des accents très forsythiens et kylianiens (pas seulement dans la chorégraphie).

Si le Suisse Benoit Favre, 30 ans, a eu la lourde tache d’ouvrir la finale avec Second Nature, pièce pour six interprètes du Ballet national de Finlande avec lequel il a collaboré, cela lui a plutôt porté chance. Il a reçu le prix du public (3.000 €). D’inspiration très néoclassique (on a pu percevoir l’influence de Thierry Malandain), ce Second Nature a tous les atouts esthétiques (portés vertigineux notamment) pour séduire, mais manque toutefois un peu d’une folie et d’une réelle identité propre.

L’un des intérêts de ce concours pour ces jeunes chorégraphes, loin d’être des débutants, est de pouvoir bénéficier d’une résidence de création et de diffusion au sein d’une compagnie de ballet. L’occasion de pouvoir créer et montrer leur travail. En plus du duo Věra Kvarčáková et Jérémy Galdeano, deux autres chorégraphes profiteront de cet accompagnement dans la durée. D’une part, la Portugaise Ana Isabel Casquilho, prochainement en résidence au sein du ballet de l’Opéra national de Bordeaux ; d’autre part, l’Italienne Lucia Giarratana qui travaillera au sein du Ballett X à Schwerin (Allemagne), une nouveauté de cette édition 2024. À deriva de la première, interprété par un quatuor mixte, réjouit par sa poésie et sa force. Formidable image de départ de cette danseuse chaussée de pointes en grand écart renversé façon poirier ! Les deux duos qui se font face interagissent avec fluidité et font bon usage du vocabulaire classique. If you hold him close, you hear soft sweet sounds, quintet masculin, interroge l’affirmation de la masculinité dans ce monde en déconstruction. Lucia Giarratana laisse apparaître une identité chorégraphique intéressante qui lorgne presque davantage vers la danse contemporaine.

 

À deriva d’Ana Isabel Casquilho – Prix de la résidence de création et diffusion au Ballet de l’Opéra de Bordeaux

 

Enfin, le benjamin de la finale l’Allemand Lasse Graubner, 24 ans, est reparti bredouille. Si elle a besoin de trouver un rythme plus efficace, sa pièce I am lost to the world ne manque pas de qualités, notamment celle d’interroger la figure masculine sur pointes. Par ailleurs, parvenir en finale de ce concours exigeant est déjà en soi une belle récompense !

Au-delà des dotations et des résidences, notons que les lauréats et lauréates ont reçu un trophée imaginé par Origine Ateliers – Artisans joailliers à Biarritz, déjà créateur de « l’épée » d’académicien de Thierry Malandain, un bâton en référence à celui des maîtres de ballet garni d’un pommeau en argent orné d’une coquille d’escargot. Ce même escargot en nacre a été repris sur ce trophée comme symbole du perpétuel mouvement. Un beau clin d’œil pour ces jeunes chorégraphes en devenir.

 

Finale de la quatrième édition du Concours des Jeunes Chorégraphes de Ballet organisé par le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux et le CCN Malandain Ballet Biarritz dans le cadre du Pôle de Coopération Chorégraphique du Grand Sud-Ouest, avec le CCN · Ballet de l’Opéra national du Rhin. Avec le soutien du ministère de la Culture, de la Fondation pour la Danse Thierry Malandain – Académie des beaux-arts ainsi que du mécénat de la Caisse des dépôts et d’Aline Foriel-Destezet, mécène privée.

À deriva d’Ana Isabel Casquilho : Prix de la résidence de création et diffusion au Ballet de l’Opéra de Bordeaux

Blíz de Věra Kvarčáková et Jérémy Galdeano : Prix de la résidence de création et diffusion au Ballet du Rhin ; Prix des professionnels

If you hold him close, you hear soft sweet sounds de Lucia Giarratana : Prix de la résidence de création et diffusion au Ballett X 

Second Nature de Benoît Favre : Prix du public 

Overload de Manoela Gonçalves : Prix de Biarritz ; Prix jeune public

I am lost to the world de Lasse Graubner


Prix des professionnels
Décerné par les critiques de danse et directeurs de théâtre présents lors de la finale doté de 5 000 € abondé par la Fondation pour la Danse Thierry Malandain – Académie des beaux-arts.

Dimanche 17 juin 2024 à Gare du Midi à Biarritz.

 

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