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For Gods Only d’Olivier Dubois – Marie-Agnès Gillot

Créé en juillet 2024 en Italie, For Gods Only, solo d’Olivier Dubois pour la Danseuse Étoile Marie-Agnès Gillot, était à l’affiche du Théâtre du Rond-Point à Paris. Malgré d’incontestables qualités plastiques, la proposition, quoique très attendue, laisse sceptique. L’admiration d’un chorégraphe peut se révéler parfois mauvaise inspiratrice.

 

For Gods Only d’Olivier Dubois – Marie-Agnès Gillot

 

C’est peu dire l’attente que sa présence au plateau suscite. Depuis qu’elle a fait ses adieux à l’Opéra de Paris en 2018, Marie-Agnès Gillot est apparue dans quelques projets dont un duo avec le danseur de flamenco Andres Marin, mais aucun de l’envergure de ce solo For Gods Only créé spécialement pour elle par le chorégraphe Olivier Dubois. Ne cachant par sa profonde admiration pour la danseuse, il l’a choisie pour le troisième opus de sa collection de Sacre(s) du Printemps. Initiée en 2012 avec Prêt à baiser, un duo avec Edouard Hue, cette série s’est poursuivie avec Mon Élue noire en 2014, puissant solo pour la chorégraphe Germaine Acogny.

Avec sa présence magnétique, Marie-Agnès Gillot habite la musique de Stravinsky. Elle livre une danse de combat, impulsive, dirigée contre des puissances invisibles qui la tourmentent. Les évocations se superposent, celles de rôles anciens des chorégraphes qui l’ont construite. On les saisit à la volée, Carolyn Carlson, Pina Bausch, Maurice Béjart… Il nous semble même parfois apercevoir l’implacable Myrtha de Giselle, dont Marie-Agnès Gillot fut une immense interprète. 

 

For Gods Only d’Olivier Dubois – Marie-Agnès Gillot

 

Murée dans un costume et un décor certes magnifiques de la plasticienne Morgane Tshiember, la danseuse donne l’impression d’être lestée. Tout comme le cri silencieux formé par sa bouche ouverte lors du très long début de la pièce, le geste peine à jaillir, l’émotion à poindre. Elle qui a souvent évoqué la contrainte comme source de liberté apparaît ici entravée. Cloitrée dans cette structure en bambou évoquant tantôt un torii japonais tantôt une prison ou une cellule monacale, elle compose un personnage de guerrière sacrificielle qui peine à convaincre. Les applaudissement bien timides du public de la deuxième soirée de représentation étaient là pour en attester.

Dans quelle lutte cette danseuse samouraï est-elle engagée ? S’agit-il d’un combat contre elle-même, contre l’oubli de l’artiste, contre le corps qui avec le temps vous trahit ? Où la mène ce déploiement d’énergie jusqu’à l’épuisement ? Quel sens donner à cette théâtralité doloriste ? C’était peut-être trop tôt pour s’interroger sur ce statut d’icône. Peut-être dépassé par l’enjeu, Olivier Dubois dessine un portrait de femme qui ne tombe jamais vraiment l’armure et nous laisse repartir avec nos questionnements.

 

For Gods Only d’Olivier Dubois – Marie-Agnès Gillot

 

For Gods Only Sacre #3 d’Olivier Dubois pour Marie-Agnès Gillot. Vendredi 29 novembre 2024 au Théâtre du Rond-Point, Paris. À voir le 20 décembre 2024 au Grand Théâtre d’Angers (49), le 29 janvier 2025 à Anthéa, Antipolis Théâtre d’Antibes (06), du 6 au 8 mars et du 13 au 15 mars 2025 Théâtre des Bernardines, Marseille (13), le 1er avril 2025 au Théâtre de la Chaudronnerie, La Ciotat (13), le 4 avril 2025 à l’Espace Michel Simon, Noisy-le-Grand (93), le 12 avril 2025 au Théâtre Municipal, Roanne (42), le 16 mai 2025 au Carreau – Scène Nationale, Forbach (57), les 5 et 6 juin 2025 à L’Onde Théâtre – Centre d’art, Vélizy-Villacoublay (78).

 

 

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