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La Galerie de Olivier Lépine et Vincent Dubé – Machine de Cirque

La compagnie québécoise Machine de Cirque s’installe pour les Fêtes en France avec plusieurs spectacles. Dont La Galerie, créée en 2019, où l’on s’amuse des codes des galeries d’art un peu coincées et où chaque numéro est prétexte à amener de la couleur dans un monde un peu gris. Malgré un propos qui se perd, les huit artistes, de formidables circassien-ne-s à la virtuosité bluffante et à la générosité sincère, emportent le morceau pour un spectacle qui sait donner le sourire.

 

La Galerie – Machine de cirque

 

L’histoire de Machine de cirque remonte à 2013, quand six artistes de cirque québécois se fédèrent pour monter leur compagnie. Leur premier spectacle éponyme est créé deux ans plus tard et sillonne le monde, fort de plus de 700 représentations. D’autres créations s’enchaînent. La dernière fois que DALP a croisé leur route, c’était cet été, à Vaison Danse, pour la réussie première mondiale de Kintsugi. Les voici de retour quelques mois plus tard pour une pièce datant de 2019 : La Galerie. On y retrouve les fondamentaux de la troupe : un spectacle généreux et vertigineusement virtuose, qui puise sa force dans le collectif et ne se prend pas trop au sérieux.

Dès le lever du rideaux, les sept acrobates – et une musicienne qui mènera tout le spectacle avec son saxophone – donnent d’ailleurs le ton en s’amusant à reproduire le public un peu branchouille d’une exposition. Tout est blanc, des oeuvres aux fauteuils. L’enjeu est donc d’y amener de la couleur par un jeu de transgression et de pieds de nez aux conventions, avec cette simplicité humaine palpable qui fait souvent, quitte à tomber dans le cliché, tout le charme des spectacles de cirque québécois.

 

La Galerie – Machine de cirque

 

La scénographie, qui au fur et à mesure s’inverse, bouge et montre l’envers du décor, est surtout prétexte à des numéros d’acrobatie bluffants, comme l’école québécoise en a le secret. Pauline Bonnani notamment, la seule femme avec la musicienne, défie la pensenteur sur sa barre russe avec un enthousiasme contaminant et désarmant, comme si tout cela était si simple. L’un de ses collègues, porteur solide, devient l’incarnation de la grâce lorsqu’il s’empare de sa Roue Cyr pour un moment tout en mélancolie. Deux autres nous font frémir autant qu’ouvrir de grands yeux devant leur numéros d’équilibristes, perché sur un enchevêtrement de cubes. Les acrobaties les plus spectaculaires s’enchaînent sans pour autant que l’un ou l’autre essaye d’attirer la lumière. Car ici, le collectif règne. Et la chorégraphie circassienne – l’entraide, le soutien, le regard de surveillance, l’appel synchronisé, la main qui se tend juste au bon moment – fascine presque tout autant que les figures de voltige.

Le cadre de La Galerie s’oublie à vrai dire assez vite. C’est un peu le défaut de ce spectacle : le propos ne semble que prétexte et reste presque un exercice de forme, ne semblant pas fondamentalement important pour le déroulé du spectacle. Place avant tout aux numéros. Si l’on est habitué au cirque français où la trame narrative, le propos, ce que l’on veut raconter est au coeur du spectacle, les numéros et agrès étant des outils pour le mettre en scène, il est parfois un peu frustrant de revenir à une forme plus convenue, où le procédé semble être à l’inverse. La Galerie aurait ainsi gagné à plus de cohésion entre les numéros, devenant vite un enchaînement, sans que l’on puisse s’attacher à un personnage, une histoire, un sentiment. Mais la folie douce sait s’immiscer l’air de rien – entre autre par une belle bataille de pop-corn. Les choses finissent par sortir du cadre attendu, du chemin tout tracé, avec une belle dose de poésie. Comme le très joli final, une magnifique chorégraphie acrobatique pour deux artistes, qui par leurs corps, leurs mains, leurs appuis, créent une œuvre d’art unique éclatante de couleurs. Malgré son fond un tantinet bancal, La Galerie n’en reste pas moins un spectacle de cirque de très haut niveau, porté par des artistes généreux et qui ont à cœur de faire vivre au public un moment un peu hors du temps. Pour les Fêtes, quoi demander de mieux ?

 

La Galerie – Machine de cirque

 

La Galerie de Olivier Lépine (metteur en scène et auteur) et Vincent Dubé (directeur artistique et collaborateur à lʼécriture) par la compagnie Machine de Cirque. Avec Pauline Bonnani, Owen Wilson, Jack McGarr, Denne Wolgers, Connor Houlihan, Colin André-Heriaud, Carl Löwenborg et Lyne Goulet. Musique : Marie-Hélène Blay. Samedi 14 décembre 2024 à la Maison de la Danse de Lyon. À voir jusqu’au 20 décembre, puis à la Barcarolle de Arques le 23 décembre. Leur premier spectacle éponyme Machine de cirque est aussi à voir au Théâtre Scala de Paris du 17 décembre au 5 janvier.

 

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