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J’ai testé : la bourse Ze Pass de l’Opéra de Paris

Il y a quelques semaines, une nouvelle intrigante était tombée : l’Opéra de Paris allait ouvrir une bourse en ligne, en partenariat avec Ze Pass, permettant de revendre ses billets entre spectateurs et spectatrices.

Quoi ? Un service pour aider le public ? Mais c’est énorme ! Il n’en fallait pas plus pour titiller mon âme de journaliste de terrain, prête à tester tout et n’importe quoi pour rendre compte de la réalité.

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Première approche positive

Il faut bien le dire, quelques jours avant le lancement de ce site, c’était un peu le jeu des mauvaises langues dans le Grand Foyer. Et que ça ne sera réservé qu’à certaines catégories, et qu’on ne pourra pas échanger les e-tickets, et que la commission sera énooooorme…

A l’arrivée, bonne surprise, tous les tickets sont vendables, sous toutes leurs formes, même à 10 euros à visibilité réduite, même avec un tarif spécifique (moins de 28 ans…). Pour la fameuse commission, elle est proportionnelle au prix du billet. Bonne ou mauvaise idée ? J’aurais tendance à dire que, vu la variété des prix des tickets, cela reste plutôt une bonne initiative. Une place à 170 euros se voit ainsi majorée d’une quinzaine d’euros, mais une place à 15 n’aura que 90 centimes en plus. Égoïstement parlant, moi qui suis plutôt intéressée par les petites places, je trouve ça plutôt bien.

Le site a visuellement la même tête que le site de l’Opéra, mais d’un point de vue navigation, cela n’a rien à voir. C’est simple, facile, instinctif, très explicite. Oui, oui, parfaitement. Enfin un site véritablement conçu par des internautes pour des internautes. A se demander pourquoi l’Opéra n’a pas déjà repris ce site pour sa propre billetterie, qui a urgemment besoin d’un grand nettoyage (il parait d’ailleurs que c’est en réflexion). Très bon travail en tout cas de Ze Pass, qui a conçu un site vraiment facile à utiliser.

Premier problème de confidentialité

Voulant tester le système, je veux me créer une alerte. Très simple là encore. Pour finaliser, il faut ensuite se créer un compte. Très simple… trop simple ? Votre identifiant, indiqué partout et visible de tout le monde une fois que vous vendez un billet, n’est pas créé par vous-même, mais par votre adresse mail.

Autrement dit, mon identifiant consistait en mon nom et mon prénom, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Plutôt moyen niveau politique de confidentialité.

Je contacte donc le support technique du site Ze Pass/Opéra, assez facilement accessible depuis mon profil personnel. Message envoyé à 11h30 un vendredi, réponse reçue à midi. Je peux changer mon identifiant, mais uniquement en passant par le support technique. A 16 heures, tout est réglé.

Mouai… Le support technique est très réactif, mais ça ne résout pas fondamentalement le problème.

On passe à la vente

Ne reculant devant aucun reportage sur le terrain, je me décide à mettre une place à la vente. Là encore, la procédure est ultra-simple et efficace. On peut choisir entre plusieurs mode de retrait du billet, de l’échange main à la main à plusieurs types de courriers (plus ou moins cher pour l’acheteur-se) ou par mail pour un e-ticket.

Différentes options payantes permettent également de mettre l’annonce plus en valeur. Un service pas vraiment utile à mon avis, lesdites annonces apparaissant tout à droite du site, dans un mauvais champ de vision.

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Puis vient ce qui, je trouve, est le point fort de ce site : la sécurité du paiement. Lorsqu’un-e acheteur-se paye un billet, il-elle est débité-e, mais le vendeur ne touche rien. C’est uniquement après confirmation qu’il-elle sera crédité-e. Le site joue donc pleinement son rôle d’intermédiaire, d’autant plus sécurisant lorsqu’il s’agit d’une vente par voie postale.

La rapidité est en tout cas impressionnante. Je mets ma place en vente à 18h30, elle apparait sur le site à 19 heures (comme annoncé). A 19h38, je reçois un mail d’un acheteur.

Attention toutefois, il faut ensuite être rivé-e à ces mails. Le premier courriel vous avertit bien que, si vous ne répondez pas dans les 24 heures, la vente est annulée. Un peu anxiogène à lire (oui, moi aussi, c’est rare, mais cela m’arrive de passer plus d’une journée sans lire mes mails), mais finalement efficace. Cela évite à la vente de traîner.

Deuxième problème de confidentialité

Et c’est là qu’arrive le point le plus ennuyeux du site, à mon avis.

L’acheteur a choisi la vente main à la main, que je proposais. Je reçois un mail automatique du site me l’indiquant… avec en prime le prénom, le nom, l’adresse postale complète et le mail de l’acheteur. Ce qui me semble beaucoup trop pour une vente de visu.

En tant qu’acheteuse, si je choisie ce mode de transaction, c’est d’une part pour la facilité, d’autres part pour une certaine transparence. Pas besoin d’en savoir trop sur l’autre. Je n’ai pour ma part aucune envie qu’un-e parfait-e inconnu-e reçoive, et sans que cela me le soit à un moment notifié, mes coordonnées complètes.

Si ces données sont capitales pour une venter par voie postale, elles sont totalement inutiles pour une vente main à la main. Techniquement parlant, cela ne me semble pas trop dur à mettre en place de la masquer pour ce type de cas.

Pour le mail, il pourrait parfaitement être remplacé par une messagerie privée, dont disposent pas mal de sites marchands.

Et si l’on va jusqu’au bout du raisonnement, le nom et prénom de la personne ne sont même pas nécessaires pour un échange main à la main. La sécurisation de la transaction se fait par code confidentiel, que l’acheteur-se et le-la vendeur-se ont reçu, et qu’ils-elles doivent s’échanger lorsqu’ils se rencontrent.

Je teste donc de nouveau le support technique, dont la réponse arrive ½ heure après. Certes, je ne les ai pas mailé le dimanche à 4 heures du matin, mais en pleine journée de semaine, force est de constater que l’équipe reste extrêmement réactive.

Pour mon adresse postale, le support me conseille de « mettre à jour mon profil  sans oublier de la remettre si je devais un jour acheter un billet par courrier« . L’adresse est obligatoire dans le compte, on ne peut pas laisser le champ vide, mais on peut mettre n’importe quoi. Un peu bancal.

Pour le reste du message, « La Bourse de l’Opéra est basée sur un principe communautaire, et la transparence y est donc de mise, mais seulement lorsque acheteur et vendeur ont contractualisé ensemble, c’est à dire seulement après que l’acheteur ait payé sur le site et le vendeur accepté la vente. Avant ce moment, les coordonnées ne sont jamais diffusées, et une messagerie interne permet un échange de question et réponse entre acheteur et vendeur sans transmission d’email ni de coordonnées« .

Peut-être que je l’ai raté, mais il n’existe pas à ma connaissance de messagerie privée (ou alors elle est bien cachée, ce qui est mal). Quand un-e acheteur-se pose une question à un-e vendeur-se, elle est visible par tout le monde, idem pour la réponse.

Je trouve aussi que leur vision communautaire est un peu simpliste. Ce n’est pas parce que j’ai accepté une transaction que je connais la personne à qui j’ai affaire, et encore moins envie qu’il-elle est accès à mes coordonnées dont il-elle n’a pas l’utilité. Ce n’est pas un problème de transparence, mais de fonctionnement de base sur le net.

Acheter un billet

Là encore, rien de plus simple. Pour chaque billet, l’emplacement précis est en général indiqué par le vendeur-la vendeuse. Le système d’alerte est très simple à utiliser et efficace. J’achète en ligne un billet un samedi, la vente est entièrement finalisée moins de 24 heures après, rien à redire.

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Et la visibilité du site ?

Mis à part quelques problèmes de confidentialité, ce site est donc clairement une réussite… A se demander pourquoi l’Opéra le met si peu en valeur. Sur la page d’accueil du site de l’Opéra, il faut ainsi scroller plusieurs fois avant de tomber sur un lien, et dans la colonne de droite, manquant de visibilité.

Surtout, il n’y a aucune trace de ce système de bourse dans la partie la plus stratégique : la billetterie. Absolument aucun lien sur son espace personnel, ni sur les pages réservations de chaque spectacle. Le succès de ce genre de sites est pourtant lié à sa popularité. Plus de gens vont l’utiliser, plus il sera performant, car offrant plus de places. Aujourd’hui, qui connait ce site d’échange, à part quelques habitués-es ?

Si Ze Pass/Opéra a démarré doucement, il n’y a pas eu le boum que j’attendais avec la parution des distributions de La Bayadère. Je ne vois pas non plus comment les touristes lambda, les plus grosses victimes du marché noir (ce contre quoi est en priorité censé lutter Ze Pass, selon la communication de l’Opéra) peuvent entendre parler de ce site, vu le peu de communication.

Reste une billetterie de secours. On ne sait pas ce qu’on va trouver, pour quelle date et à quelle prix…. comme sur la billetterie officielle en fait. A la différence que le système d’alerte permet de savoir quand les places sont mises en vente. Dans certains cas, Ze Pass permet même d’avoir ses billets moins chers. Un « vrai » ticket de 20 euros cartonné coûtera 23 euros sur la billetterie officielle (le prix+ 3 euros de frais de transport), mais 21 euros 50 sur Ze Pass (1,50 euros de commission avec échange main à la main).

Et vous, vous avez déjà testé ce service ? Qu’en pensez-vous ?

Commentaires (15)

  • Je viens de tester aussi, en tant qu’acheteur. Quand on confirme la réception du billet, on est absolument obligé de mettre une note et un commentaire, ce que je trouve un peu ridicule.
    « La sécurisation de la transaction se fait par code confidentiel, que l’acheteur-se et le-la vendeur-se ont reçu, et qu’ils-elles doivent s’échanger lorsqu’ils se rencontrent. » Je ne suis pas certain de bien comprendre le principe.
    Ce qui est vraiment dommage, c’est qu’il faut dans une certaine mesure faire confiance à l’autre (je ne détaille pas plus ; mais le fait d’avoir les coordonnées de l’autre a un côté rassurant). Si la billeterie de l’Opéra et la bourse d’échange étaient interreliées, il serait sans doute possible de transmuter un billet électronique du vendeur en un billet électronique au nom et au numéro de spectateur de l’acheteur… Ça permettrait même de convertir des billets papiers en billets électroniques et réciproquement (et donc de simplifier les modalités pratiques des échanges).

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  • jigara

    J’ai pas encore testé ni l’achat ni la vente, mais en effet les alertes fonctionnent très bien! J’en ai reçu une toute à l’heure pour la Bayadère du 11, mais elle est partie trop vite (et de toute façon elle etait trop chère 😛 )
    Ca me semble une bonne initiative pour les passionnés.
    Mais par contre c’est qui faudrait déplacer l’accès au site sur celui de l’opéra (moi je galère trop en tout cas)

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  • C’est honteux je n’aii pas encore eu le temps d’aller y faire un tour!
    En même je ne cherche ni ne vends rien de précis en ce moment.
    C’est effectivement intéressant pour les habitués, les gens qui savent ce qu’ils cherchent! Mais je ne pense pas que c’est ce qui va leur permette de lutter contre le marché noir!!

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  • Audrey

    Je vien sde créer une alerte pour La Bayadère vu que l’Arop m’a dit que je ne pourrai pas aller à la séance de travail demain (je suis inconsolable). On verra bien !

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  • luciole

    Merci de cet article, je ne connaissais pas du tout ! je viens de m’inscrire pour essayer de trouver une place pour le 28 mars bayadère (idéalement parterre). Je souhaiterai aussi vendre ma place du 10 mars en parterre à 45 euros. Si cela interesse quelqu’un je lance un appel ! j’ai aussi une place pour le 28 mars avec robbins en amphitheatre donc si j’arrive à trouver une bayadère en parterre le 28 mars, il faut que je revende pour une autre date !

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  • Genoveva

    J’ai acheté et vendu sur ce site, un peu par curiosité ! La remise du billet de la main à la main me semble être une bonne solution car l’envoi par la poste, ou par e-mail ne garantit pas le paiement une fois que l’acheteur a reçu le billet. ce n’est pas très clair !

    Un autre grave problème : sur le billet remis à l’acheteur figure notre nom et le n° de compte à l’Opéra auquel il peut accéder et même imprimer les billets…………..

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  • Mel

    moi j’aurais tendance à dire que, justement en raison de la disparité du prix des billets, la commission au pourcentage est assez scandaleuse, alors que le service rendu est le même.
    Et le vrai (l’énorme) problème de confidentialité reste celui lié aux billets émis par l’opéra : problème qui n’est pas du tout géré par cette bourse d’échange…
    à part ça sur le principe, c’est bien. Mais j’ai aussi testé le bon vieil achat par l’intermédiaire de dansomanie et envoi de chèque par la poste, ça marche aussi très bien (pour une date et à un prix que je n’ai pas vus passer sur zepass – où bizarrement les places pour la Bayadère ne disparaissent pas à la même vitesse selon les distributions)

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  • elendae

    Eh bien j’ai testé avec succès hier soir, comme tu le sais, et je peux dire après cette expérience :
    1) dans les cas de balletomanes aux abois – comme pour la Bayadère avec Myriam, le secret pour que Zepass soit votre meilleur ami : a) soyez en fonds pour être réactif sur les places de catégorie 1 ou 2 ou b) être au moins un petit peu geek, ou en tous cas clairement « connecté ».
    Hier j’ai été à chaque fois la 1ère pour choper des billets mis en vente parce que j’ai un smartphone qui fait bip pour me dire que j’ai un mail, et parce-que j’ai presque tjs un ordinateur allumé à proximité (avoir un emploi de bureau est un + en journée, c’est sûr).
    2) en revanche la question du manque de sécurisation de l’espace personnel sur le site de l’ONP devient encore plus, avec cette bourse d’échanges de billets, un vrai problème. D’ailleurs je viens de leur faire un courrier à ce sujet.

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  • Sissi

    J’ai testé aussi ce nouveau système. Je trouve que cela est une très bonne idée mais il y a un gros problème concernant les ebillets et le site ne garantie rien.

    En effet quand on achète un ebillet le nom du vendeur apparaît sur le billet et quand on revend sa place le nom inscrit sur le billet ne change pas. Si le vendeur imprime la place et va au spectacle, l’acheteur n’a aucun moyen de prouver que la place lui revient et qu’il a acheté légalement le billet.

    J’ai échangé avec le support technique de ce problème et voici ce qu’il propose : demander au vendeur une copie de sa carte d’identité et une lettre de cession ou si la date de spectacle est proche (à savoir avant le délai de 21 jours) attendre d’utiliser le billet pour en valider la réception (en prévenant le vendeur).

    En résumé quand on achète un ebillet il y a un risque et le site ne donne aucune garantie et aucune information à ce sujet. Il faut se débrouiller par ses propres moyens pour prouver que le billet nous appartient. Il s’agit d’une grosse faille qui permet des arnaques très faciles.

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  • Léopoldine

    je l’ai testé mais c’est fou le manque de visibilité de cette bourse. Il faut vraiment la chercher pour la trouver. Personnellement le vrai point négatif est le prix, les billets revendus sont à leur prix d’achat. pour moi l’intérêt d’une bourse de revente est de gagner quelques euros …
    ainsi je continue à utiliser troc des places ou le bon coin où les prix sont plus attractifs !

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  • elendae

    @ Sissi : il y a quand même le mail de confirmation d’achat envoyée par Zepass, non ? c’est quand même très contraignant d’imposer au vendeur la copie de sa carte d’identité…
    Mais il est vrai que cette question me préoccupe, je crois que je vais arriver très en avance le jour pour lequel j’ai acheté ma place.

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  • @ Joël : L’acheteur a un code complet, le vendeur a le même, mais avec des trous. Au moment de la rencontre, le vendeur vérifie que le code de l’acheteur complète bien le sien avant de lui donner le billet. Une fois rentré, il rentrera ce même code complet pour être payé (je ne sais pas si c’est plus).

    @ Jigara : Les alertes fonctionnent, mais c’est vrai qu’il faut un peu être pendue à ses mails.

    @ Cams : Je ne pense pas non plus…

    @ Luciole : Le 28, je crois que nous sommes beaucoup sur le coup, moi la première 😉

    @ Geniveva et Mel : Oui, je n’avais pas fait attention à ça… Comme il n’y a aucun code secret pour accéder à son compte Opéra, c’est très facilement piratable. 😯

    @ Elendae : A défaut de l’avoir, je suis contente que la place ait été revendue à quelqu’un qui appréciera vraiment la soirée 😉 Et tiens-nous au courant si tu as une réponse du côté de l’ONP !

    @ Sissi : La réponse du support technique est vraiment du bidouillage ! Il y a un vrai gros problème là-dessus.

    @ Léopoldine : Je n’avais jamais pensé à ces deux sites pour trouver des billets. le problème des ballets, c’est qu’il y a souvent plus d’acheteurs que de vendeur, il est difficile de faire véritablement des affaires.

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  • léopoldine

    @Amélie cela m’est quand même arrivé quelques fois mais c’est très souvent de la dernière minute ! mais très souvent je gagne au moins 10€ par billet

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  • Tonny

    bonjour,
    j’arrive pas à trouver les billets électroniques des mes acheteurs pour les envoyer par email.je suis nouveau sur le site vous pouvez m’expliquer comment faire svp merci

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  • Rose Bige

    J’ai essayé de revendre d’excellentes places pour un très beau spectacle que, malheureusement, des raisons familiales m’obligent à abandonner et c’est tout simplement impossible. le site ne veut pas reconnaitre mon pseudo crée à cette occasion dans la journée.
    C’est un très mauvais site et un très mauvais service.

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