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Europa Danse sous la verrière d’Elephant Paname

Il y a quelques semaines, Danses avec la plume vous faisait visiter Elephant Paname, nouveau centre parisien multi-culturel ouvert à la mi-septembre. Après les festivités, place désormais à l’action et aux rencontres.

La première a eu lieu le 22 septembre dernier. La jeune troupe Europa Danse, en résidence à Elephant Paname, s’est dévoilée au public lors d’une courte séance de travail, sous la grand verrière. Quitte à choisir, j’aurais préféré un studio. Ou alors sur gradin, au troisième rang, il fallait un peu se tordre le cou. Mais l’ambiance n’en était pas moins chaleureuse et studieuse, et le tout fut une intéressante découverte.

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Si l’on qualifie de « jeune » la compagnie Europa Danse, c’est bien plus en fonction de l’âge de ses danseurs et danseuses (de 16 à 21 ans) que de la troupe elle-même, créée il y a plus de dix ans. L’idée est d’accueillir pendant un an une dizaine de jeunes artistes, tout droit sortis des écoles de danse, et cherchant à engranger de l’expérience. Pendant quelques mois, ils vivront comme des professionnels, avec un spectacle créé pour l’occasion et présenté sur une trentaine de dates un peu partout en France.

L’idée de cette répétition était d’ailleurs bien plus de présenter le travail d’Europa Danse, et d’assurer un peu de promo, qu’une véritable séance de travail. Pendant une heure, les danseurs et danseuses ont présenté quelques extraits de leur spectacle Les Chemins de la danse, en tenue de travail mais sans recevoir de correction en direct. Pour eux, il s’agissait sûrement d’un premier passage devant le public, une sorte de rodage avant les vrais scènes. L’idée a toutefois fonctionné : la troupe est apparue comme d’un très bon niveau, et les ersatz dansés donnaient clairement l’envie d’en voir plus.

Les Chemins de la danse est plutôt une judicieuse idée. Spectacle créé pour l’occasion, il retrace en une heure l’histoire de la danse à travers des extraits du répertoire. Et cela va de la danse baroque à Dominique Bagouet, en passant par Petipa, Nijinski, la pantomime de Giselle ou Thierry Malandain. Les jeunes danseurs et danseuses se confrontent donc à des morceaux de danse d’importance, et le spectacle évite l’écueil d’une chorégraphie pseudo néo-classique créée pour eux, ce qui est souvent le cas pour les jeunes ballets, et qui reste en général peu intéressante. L’idée est d’autant plus intelligente que les huit artistes d’Europa Danse ne viennent clairement pas de la même formation, et chacun-e ne brille pas aux même endroits.

Si Le Sacre du printemps de Nijinski a été le seul extrait qui m’a laissé véritablement dubitative (peut-être faut-il un peu plus de maturité pour s’y attaquer), les autres passages étaient bien réussis. Les Petits Riens de Thierry Malandain étaient dansé avec particulièrement de malice, et l’on sentait une vraie réflexion du geste dans les Petites pièces de Berlin de Dominique Bagouet. L’extrait de Giselle était tout à l’honneur du jeune couple, d’autant plus que l’extrait se concentrait surtout sur la pantomime. Rien de plus dur d’être crédible sans costume ni maquillage, en tenue de travail, et à un mètre du public. Chaque extrait avait cette volonté de se différencier des autres, et de montrer justement comment le geste se faisait différemment, même si l’idée n’en était pas encore complètement aboutie.

Côté name-dropping, tout le monde n’a pas forcément été mis en avant au même niveau. Chez les garçons, on remarquait particulièrement Alexandre et Guilhem qui, il me semble, viennent tous les deux du Junior Ballet du CNSMDP. Le premier a une fougue assez séduisante et une belle présence en scène. Le deuxième semblait un peu sous l’emprise du trac, mais son incursion dans la danse baroque était réussie, faisant preuve d’un vrai sens musical. Chez la fille, Christina (Cristina ?) montrait une belle technique classique vive et énergique, tandis que Colombe, à la formation visiblement plus contemporaine, jouait sur une ironie distanciée assez séduisante.

Les huit danseurs et danseuses se sont retrouvés pour un joyeux final, sur le Paradis de Montalvo. Au-delà de huit personnalités, la troupe semblait déjà bien soudée, et chacun prenait visiblement beaucoup de plaisir à être non seulement sur scène, mais aussi à y être ensemble.

Pour voir le spectacle en entier, voici toutes les dates de leur tournée. Y étaient aussi : Mimy et Palpatine.

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