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[PHOTOS] Dans les coulisses du Bolchoï pour les répétitions de « Légende d’amour »

Le ballet Légende d’amour de Youri Grigorovitch sera diffusé au cinéma en direct du Bolchoï le dimanche 26 octobre, dans une centaine de salles en France. Ce ballet n’avait plus été donné sur la scène du Bolchoï depuis 10 ans.

Danses avec la plume a pu se rendre au Bolchoï quelques semaines avant la première, pour assister aux répétitions et faire un petit tour en coulisses. Cours de danse, séance de travail, la salle, les costumes… Petite visite dans l’un des théâtres les plus mythiques du monde de la danse.

 

10h. Au coeur de Moscou, le Théâtre du Bolchoï semble encore bien silencieux. Le Foyer Blanc (plus vraiment depuis la restauration de la salle qui lui a rendu ses couleurs) semble comme attendre le public du soir. Au détour de quelques portes, c’est la découverte des espaces publics. Le musée attenant ; un salon rouge à l’acoustique très particulière permettant de faire des discours sans micro (ou de faire des claquettes ?) ; un immense salon d’apparat qui a retrouvé ses aigles à deux têtes, symboles des tzars et soigneusement enlevés pendant l’époque soviétique. Fermé entre 2005 et 2011 pour rénovation, le Bolchoï a retrouvé ses décors d’antan.

Au détour de quelques couloirs, place à la visite du bel l’amphithéâtre, nouvelle salle en sous-sol pour des concerts un peu plus intimes que la grande salle. Puis directions les ateliers costumes, où une jeune danseuse essaye justement ce qui sera le sien pour Légende d’amour. En partant, résonne une musique connue dans la salle de répétition : une jeune ballerine répète La Sylphide, seule avec sa professeure.

 

11h. Un petit tour dans la superbe salle du Bolchoï, cela vous tente ? Elle apparait majestueuse vue de la 1er loge principale, dorures et parures éclatantes. La salle est immense, mais compte pourtant moins de sièges qu’à Garnier, 1.720 places tout de même. Puis place au poulailler, où il ne vaut mieux pas avoir le vertige. Enfin, comment ne pas se faire le plaisir de mettre un pied sur la scène ? Il faut se frayer un chemin dans les décors de l’opéra L’Enchanteresse de Tchaïkovski, donné le soir-même. Vue de la scène, la salle est tout aussi impressionnante. Mais vite, il faut filer de l’autre côté.

 

11h30 – Direction le bâtiment administratif, attenant au Bolchoï. Comme dans toutes les compagnies de danse, la journée débute par la classe. Plusieurs cours ont lieu en même temps. Celui-ci est donné par Marina Kondratieva, dans une jolie salle lumineuse au sol en pente, pour s’habituer à la scène. Une dizaine de danseuses sont présentes, des solistes pour la plupart, l’Étoile Nina Kaptsova, et une toute jeune fille aux joues encore rondes de l’adolescence (une élève de l’école venue prendre un cours ?). Travail à la barre, pied dans la main, puis le milieu, plusieurs exercices de pirouettes et de sauts, avant les fouettés, avec la célèbre coda de Don Quichotte au piano.

Après le cours, Marina Kondratieva s’approche, tout sourire. Elle fut l’une des premières interprètes de Légende d’amour, en 1965. À l’évocation de ce ballet, elle rit, esquisse un pas et les positions de mains orientalistes de son personnage. Quelques danseuses qui ont des notions de français ou d’anglais viennent spontanément dire quelques mots. Les artistes du Bolchoï ont visiblement l’habitude des caméras et visiteurs. L’ambiance est studieuse mais harmonieuse.

 

12h30 – Place aux répétitions de Légende d’amour. Tout se passe dans une grande salle, en haut du théâtre, avec un plateau aussi grand que celui de la scène, comprenant aussi une fosse d’orchestre. C’est le temps du filage du premier et du deuxième acte, au piano. Aléas des blessures, c’est une distribution inédite qui est en scène : Maria Allash (Mekhmene Banu), Denis Rodkin (Ferkhad) et Anna Nikulina (Shireen), qui n’ont pas forcément beaucoup travaillé ensemble. C’est finalement cette distribution qui assurera la représentation en direct du 26 octobre

Youri Grigorovitch, le chorégraphe de 87 ans, dirige d’une main de fer les répétitions. Seul dans les gradins, un micro à la main, sa voix tonne à chaque réflexion. Et inutile de connaître le russe pour comprendre quand il n’est pas content. La musicalité semble primordiale. Souvent, il chante la partition en même temps que le piano quand les accents des danseurs et danseuses ne sont pas les bons, ou qu’ils ne sont pas exactement en mesure.

Mais le ballet est déjà bien en place. Le corps de ballet est très nombreux sur scène, plusieurs dizaines par moments. Les nombreuses scènes d’ensemble sont très efficaces, mettant particulièrement en avant le corps de ballet masculin. Tout est là pour raconter l’histoire, qu’il est très facile de suivre.

Les trois personnages principaux (comme les quelques secondaires), ont des attitudes et une gestuelle particulière. Le personnage de Mekhmene Banu peut ainsi faire penser dans sa danse à Nikiya, avec un beau travail du dos. Mais sa danse se fait parfois, et soudainement, beaucoup plus néo-classique avec l’utilisation du parallèle. Shireen a une danse plus romantique, plus enlevée. Ferkhad est le vrai rôle masculin à la russe, très athlétique avec beaucoup de grands sauts. Et Denis Rodkin y est spécialement impressionnant, montrant d’incroyables qualités techniques sans en oublier son personnage. À 24 ans, c’est l’un des jeunes talents du Bolchoï à suivre.

Légende d’amour compte bien sûr plusieurs grands pas de deux passionnés (nous sommes en plein triangle amoureux, qui sans briser le suspens, a de fortes chances de mal se terminer). Ces pas de deux paraissent comme la partie la plus périlleuse de la chorégraphie. Les duos sont ainsi plutôt acrobatiques, dans une veine néo-classique, pouvant parfois rappeler La Dame aux camélias.

 

Fin de la répétition vers 15h, mais pas fin de journée pour le Ballet du Bolchoï. Les Étoiles et Youri Grigorovitch se prêtent au jeu des interviews, d’autres couples répètent certains passages du pas de deux. À 18 heures, le théâtre s’allume. Le public arrive petit à petit et envahit les foyers, avant que ne démarre L’Enchanteresse. Pour voir de la danse, il faut se rendre dans la « nouvelle scène », un théâtre plus petit juste en face du Bolchoï historique. Jolie salle à l’italienne dans les tons bleutés, elle a accueilli les spectacles du Bolchoï lorsque le théâtre était en rénovation. Opéras comme ballets se jouent désormais dans les deux salles. Ce soir-là, c’est tout autre chose que Légende d’amourLa Sylphide d’Auguste Bournonville, avec Anastasia Stashkevich, Vyacheslav Lopatin et Anna Antropova.

 

Commentaires (2)

  • Pascale

    ce reportage sur le Bolchoi est magnifique.
    J’ai pu y aller en mars dernier et grâce à vous j’ai l’impression d’y être encore!

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  • Danses avec la plume entre dans la légende avec ce reportage d’élite ! Grigorovitch, Zakharova : rien que ça.

    La première de Légende d’amour au Bolchoï a affirmé la supériorité artistique et technique de cette compagnie à l’échelle mondiale.

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