Conseil pratique – Comment rendre ses bras plus expressifs
Du Lac des cygnes de Rudolf Noureev au Swan Lake de Matthew Bourne en passant par le Lac de Dada Masilo, l’image que le public garde d’un cygne est l’infini mouvement des bras. Alors au premier retour en studio, l’envie est grande de tenter de reproduire ce mouvement si équivoque. Mais la magie est plus difficile à opérer, pas facile d’avoir des bras aériens ! Comment progresser sur ce point ? Partons de ce mouvement d’aile pour travailler, de façon générale la conscience et la fluidité de vos bras dans la danse.
Une conscience des bras
Dans un premier temps, il s’agit de mettre des mots sur cette science de l’anatomie des bras et du corps : avoir une définition mentale et intellectuelle de cette région du corps pour agir sans crispations musculaires.
La ceinture scapulaire est un ensemble d’os et de muscles. Elle comprend l’épaule, l’omoplate, la clavicule et le sternum relayé-e-s par les mains et les bras. Elle est posée sur la cage thoracique et assure le lien entre la colonne vertébrale et les membres supérieurs.
Cette ceinture est un lieu d’échanges, appelée parfois l’axe relationnel. C’est là où le port de bras peut être tout autant un plaisir qu’une contrainte, pour vous comme pour votre public. Pour faciliter la compréhension et le travail sur vous-même, je vous propose de mettre en lumière l’épaule, le coude et la main.
« Je prends ma force aux épaules »
L’épaule est un véritable thermomètre de l’émotion ainsi qu’ un repère efficace pour prendre la température de mes élèves : « Vous avez froid« , « Vous êtes tendus« , « Vous passez trop de temps sur votre ordinateur« … Le-la professeur-e remarque par vos épaules vos raideurs et crispations de la vie quotidienne.
L’épaule est une des articulations les plus mobiles du corps. Elle assure une fonction statique et dynamique. D’où la difficulté : vos épaules se maintiennent abaissées pour rester liées avec votre dos et votre bassin, puis libèrent le mouvement des coudes, des mains et de la nuque. L’action de la chaîne musculaire du grand dentelé permettra à l’épaule de s’abaisser . Ce muscle s’attache de la colonne aux côtes.
Pour un cygne réussi, le placement idéal du corps est une colonne vertébrale « à la verticale » tentant d’effacer toute cambrure cervicale. Les épaules s’abaissent volontairement par le maintient de la ceinture scapulaire. Ce ne sera plus votre épaule qui créera le mouvement mais les muscles de votre ceinture scapulaire qui se mobiliseront pour porter votre bras. On parle donc de « port de bras ». Ce bon placement des épaules permet d’allonger le cou à l’image d’un cygne et dans le même temps d’assurer la mobilité des ailes par l’abaissement et l’ouverture des épaules.
Pendant votre cours de danse – Pour des bras en couronne, les mains seront au dessus de votre front (et non de votre tête). Vous pourrez replacez vos épaules et soulager votre nuque.
Pour des bras en seconde, les mains ne seront pas à hauteur des épaules. En abaissant légèrement vos bras, vous optimiserez le placement de l’épaule. Vous aurez le sentiment que votre bras s’éloigne de votre oreille.
Bien que le soutien du regard contribue fortement au rayonnement du danseur-de la danseuse, les épaules ainsi maintenues y participeront davantage par le déploiement du sternum et la sensation de s’agrandir.
« Mes bras forment des angles pointus »
Si le coude est une réponse, l’épaule est sa question. Selon votre position d’épaule, votre coude se placera.
La chaîne musculaire du grand dentelé définie ci-dessus donne un véritable appui au travail de l’humérus, votre coude : c’est le gouvernail du port de bras. C’est la sensation de les tenir « par en dessous ».
Dans le mouvement du cygne, un fil sous le coude conduit la montée et la descente du bras. La montée est contre balancé par une résistance des épaules à la baisse.
Pendant votre cours de danse – La zone du coude provoque chez le-la professeur-e des réactions comme « Attention aux angles pointus« , « Ne faites pas l’aile de poulet« , « Soutenez vos coudes« . Le but est de créer par le maintien du coude, des courbes arrondies, harmonieuses pour favoriser l’amplitude ou la conscience de vos mouvements.
Lorsque les bras sont placés le long du corps, ou en préparation ou encore en première position, votre bras (ou humérus) ne touchera pas ou ne s’affaissera pas vers vos côtes. Lorsque les bras sont levés en latéral, le coude sera plus bas que l’épaule formant un arrondi jusqu’à la main. Une goutte de parfum devrait pouvoir perler de votre cou à votre main.
« Mes mains… Je n’y pense que rarement »
La main est le reflet de votre dos. Il y a un rapport étroit entre le tonus de la main et la tenue du dos. Les mains sont souvent plus crispées lors du maintien d’un équilibre que pendant votre premier exercice d’échauffement. Elles expriment votre travail de dos, de tronc.
Dans le mouvement du cygne, les mains sont la fin de l’onde créée par vos bras. Elles répercutent avec un décalage le mouvement arrivé sur le coude et initié par en dessous de l’omoplate. Vos mains ne sont pas passives ou rigides, elles sont actives et sensibles. Elles expriment le bout d’une plume, dont on pourrait ressentir le toucher.
Pendant votre cours de danse – Vos paumes seront masquées à votre regard porté sur le miroir. Vous cacherez l’intérieur des mains au public. Lors des équilibres, si vous percevez votre crispation ou si le professeur vous la signale, pianotez avec les doigts le temps de l’effort et recentrez vous par le maintien du dos et des abdominaux.
Entre jeux vidéos et smartphones, notre pouce est devenu interactif et prédominant ! Vous intégrerez le pouce dans la paume de votre main. En flamenco, le professeur initie son élève au mouliné (le travail des mains) par le « piqué » ou le replié du majeur pour ensuite tourner le poignet. Seul le majeur s’abaissera, se rapprochant ainsi de votre pouce.
Enfin pour mettre de la conscience dans vos mains, pensez que le quotidien est votre meilleur atout : le vernis à ongles ou votre nouvelle bague doivent être perceptibles par tout le monde !
L’expression des bras passe aussi par la nuque
Parfois votre professeur-e vous signale un cou bloqué ou un cou de tortue. Les trapèzes sont crispés et font barrage entre l’axe vertical (votre corps) et l’axe horizontal (vos bras). Ce blocage fatigue, empêche une bonne oxygénation et robotise les mouvements. De même que resserrer votre mâchoire, est une habitude à proscrire.
Si elles sont détendues, tous les messages venant de la colonne vertébrale ou même de la main passeront.
Pendant votre cours de danse – Profitez des ports de tête du début de cours. Le regard accompagne le port de bras pour détendre votre cou, votre nuque. Visualisez l’effacement de la cambrure cervicale pour créer une parfaite verticalité de votre corps et abaissez vos épaules.
Pour les cous crispés sur l’avant, pensez dans un premier temps à rentrer le menton. Pour les mâchoires crispées, expirez par la bouche. Certes, le sourire part, mais le travail reste !
L’histoire, le travail, les coutumes ou la mode ont transmis aux bras une disposition propre à la gent féminine. Dans une danse en couple, l’homme propose sa main et la femme y dépose la sienne. Esquivez, ou au contraire appuyez sur les préjugés ! L’expression artistique ne dépend pas de la forme de vos bras, de votre genre mais de ce que vous en ferez. Du sternum à l’auriculaire, c’est votre axe relationnel qui s’exprime, soyez le meilleur comédien de votre pensée.
Julien
Merci
pirouette24
J’adore ces articles ! Pleins de conseils accessibles et logiques. Hâte d’essye tout ça dans le studio 😉