Biennale de la Danse de Lyon – Corps rebelles, acrobaties et Défilé
Après deux créations contemporaines à l’Opéra de Lyon, mes deuxième et troisième jours à la Biennale de la Danse de Lyon se passent dans une autre ambiance. Du cirque, une expo ou un Défilé qui arrive à vaincre la pluie… Le programme se fait éclectique.
Samedi 17 septembre 2016. Le ciel de Lyon est menaçant, l’automne se fait sentir. Parfait, c’est l’heure d’aller s’abriter au Musée des Confluences. Ce bâtiment tout neuf, posé un peu comme un vaisseau entre le Rhône et la Saône, joue le jeu de la Biennale de la Danse de Lyon en abritant l’exposition Corps rebelles, menée par la journaliste Agnès Izrine. En six thèmes – Danse virtuose, Danse vulnérable, Danse savante, danse populaire, Danse politique, Danses d’ailleurs, Lyon, une terre de danses – l’exposition retrace le cheminement de la danse contemporaine, et comment ses corps ont exprimé les évolutions de notre société. Pas facile de mener une exposition sur la danse, tant il est difficile de mettre cet art sur un mur sans le rendre froid. Corps rebelles évite cet écueil avec une judicieuse mise en espace et de nombreuses vidéos (4 heures de film en tout) passionnantes. La danse se montre par des extraits, elle s’entend aussi par des témoignages d’artistes, comme la lumineuse Louise Lecavalier. Le tout se fraye un chemin dans l’histoire de la danse de façon claire. Danses avec la plume reviendra plus longuement sur cette exposition dans une prochaine chronique.
La danse s’expose, mais elle est aussi à voir. Ce 17 septembre est à la fois Biennale et Journée de Patrimoine. L’occasion de présenter au public le Musée des Confluences sous un autre jour. Dehors, la pluie bat son plein. Dedans, la danse et la musique prennent possession des espaces. Pendant deux heures, quatre duos de quatre minutes investissent une verrière, un coin d’escalier, un recoin de musée. Le lieu, tout en courbes, se prête d’ailleurs bien à ce genre d’exercice. Chaque duo est composé d’un musicien de l’Orchestre National de Lyon et d’un.e jeune danseur.se un voie de professionnalisation. Voilà ainsi un violoncelliste jouant du Bach, une danseuse hip hop improvisant dessus, tout en grâce. Ou un hautboïste qui part dans un registre plus contemporain et entame comme une sorte de battle avec une danseuse contemporaine. Le public se masse, sort son smartphone ou regard en souriant. Il en faut peu, finalement, pour créer un joli moment de danse.
L’après-midi est placé sous le signe du Sacre du Printemps (qui tient d’ailleurs une belle place dans l’exposition Corps rebelles) à l’auditorium, de La Belle et la Bête de Thierry Malandain qui démarre à la Biennale sa tournée française, ou d’un cours de rumba au coeur du Centre Commercial La Part-Dieu. Le soir, direction le beau théâtre à l’italienne des Célestins pour Halka du Groupe acrobatique de Tanger. La recette qui marche est bien là : le spectacle est drôle, attendrissant, impressionnant, émouvant, revenant aux sources de l’acrobatie marocaine. Mais il manque de la surprise, de l’étonnement, pour que je sois totalement emballée.
Le lendemain, c’est jour de Défilé. Pas facile, le Défilé en 2016, entre deux attentats terroristes. Quelques semaines avant le début de la Biennale, le couperet était tombé : trop dangereux, trop compliqué à sécuriser, le Défilé ne peut plus défiler autour de ses 300.000 spectateur.rice.s. Faut-il l’annuler et mettre à plat le travail d’un an de 5.000 danseurs et danseuses amateur.rice.s ? Non ! La parade prend la direction du Stade de Gerland. Chacun fera le tour de la pelouse, le public dans les gradins (et les journalistes à la tribune des commentateur.rice.s sportif.ve.s, lieu dans lequel je n’aurais jamais imaginé un jour me trouver). Soit. Sauf que la pluie s’invite également, une pluie fine et bien froide qui tombe sans discontinuer depuis le matin de ce dimanche 18 septembre. « Malgré les risques de pluie, le Défilé est maintenu. Le public est abrité dans les tribunes« , martèle la Biennale sur ses réseaux sociaux. Ce n’est pas trois gouttes de pluie qui feront peur à ces danseur.se.s d’un jour, peut-être plus au public frileux.
Le public a pourtant bien répondu présent. Les tribunes sont bien pleines et les 5.000 amateur.rice.s gonflé.e.s à bloc. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait pareil. Il manque ce sentiment de proximité, cette flânerie, cette façon de voir de si près ces visages enthousiastes. Mais la motivation des danseurs et danseuses, portée par Dominique Hervieu qui s’improvise chauffeure de salle, fait le reste. Tant pis aussi pour le spectacle de Yoann Bourgeois qui devait clôturer le Défilé, annulé car la pluie rendait dangereuse la performance. Le final, rassemblant tout le monde sur la pelouse pour une rumba géante, est irrésistible de bonheur de danser. « Ensemble !« était d’ailleurs le thème de ce Défilé, bien trouvé.
17e Biennale de la Danse de Lyon. Exposition Corps rebelles au Musées des Confluences jusqu’au 5 mars 2017 ; Halka du Groupe acrobatique de Tanger au Théâtre des Célestins avec Mohammed Achraf Châaban, Mustapha Aït Ouarakmane, Hammad Benjkiri, Adel Châaban, Abdelaziz El Haddad, Lamiae El Alaoui, Najib El Maïmouni Idrissi, Mhand Hamdan, Amal Hammich, Mohammed Hammich, Ouahib Hammich, Samir Lâaroussi, Hamza Naceri et Younes Yemlahi. Samedi 17 et dimanche 18 septembre. La Biennale de la Danse de Lyon continue jusqu’au 30 septembre.