La Fresque – Angelin Preljocaj
Après le succès de Blanche-Neige (2008) ou Siddharta pour l’Opéra de Paris (2010), Angelin Preljocaj se penche à nouveau sur le conte avec sa nouvelle création La Fresque. Place cette fois-ci à un conte chinois, qui se mêle à la fascination pour l’art pictural. Le jeu entre de magnifiques interprètes et un subtil travail de vidéo est superbe, relançant un ballet qui peine néanmoins à trouver un enjeu en scène, se contenant parfois d’aligner les évocations d’une Chine fantasmée.
Il était une fois… Deux jeunes voyageurs chinois s’abritent de la pluie dans un vieux temps. Une fresque au mur attire le regard de l’un d’eux, il tombe amoureux de l’une des jeunes filles représentées. Et le voilà transporté dans la toile, se mariant avec la mystérieuse jeune fille, avant d’être chassé – lui simple mortel – du monde imaginaire. De retour au temple, il contemple la fresque : la jeune fille peinte a désormais les cheveux en chignon, comme toute femme mariée. La Fresque est donc une histoire de songe, de deuxième monde (le chorégraphe s’est dit ensuite interpellé parce que l’on appelle aujourd’hui la réalité virtuelle). Et tout commence avec ce voyage vers cet autre univers. Sur scène, les deux voyageurs sont comme endormis. Petit à petit, les voilà entourés et ensorcelés par de longues arabesques de lumières, un superbe effet de mise en vidéo qui crée dès le rideau levé une atmosphère un peu irréelle et assez fascinante.
Le ballet suit ensuite le périple du jeune voyageur dans la peinture. Périple qui manque malheureusement d’un peu de tension et de clarté pour le public qui se perd un peu dans une évocation de l’Asie des contes (et du fantasme des cheveux féminins parfois un peu trop lourdement appuyé). Angelin Preljocaj se plaît à utiliser la vidéo dans cette nouvelle création, aussi les installations compliquées comme ses postiches géants pour danseuses pendant du plafond (quand on parlait du fantasme des cheveux un peu trop appuyé). C’est pourtant dans la simplicité que la pièce trouve son élan. Le chorégraphe a sur scène 10 interprètes formidables et puissant.e.s. Il suffit d’un ensemble, d’un pas de deux pour voir naître de purs instants de grâce, ou pour enfin percevoir des personnages incarnés. Il manque en fait comme un but à ce voyage (ou tout du moins un but plus explicite), quelque chose qui éviterait l’impression de sauter de tableau en tableau sans véritable enjeu.
La Fresque d’Angelin Preljocaj par le Ballet Preljocaj au Grand Théâtre de Provence. Avec Clara Freschel, Nuriya Nagimova, Nagisa Shirai, Anna Tatarova, Yurié Tsugawa, Sergi Amoros Aparicio, Marius Delcourt, Antoine Dubois, Jean-Charles Jousni et Fran Sanchez. Mardi 20 septembre 2016. À voir en tournée en France du 12 octobre 2016 (Valence) au 23 décembre 2017 (Théâtre de Chaillot).