Karavel et Kalypso – Deux mois de hip hop entre Lyon et Paris du 12 octobre au 18 décembre
Karavel à Bron (banlieue de Lyon) et Kalypso à Créteil (banlieue de Paris) sont deux rendez-vous incontournables du hip hop, menés par Mourad Merzouki depuis 10 ans pour le premier, quatre éditions pour le deuxième. Logique donc de voir ces deux festivals de danse se rapprocher en 2016. Au-delà des affiches qui se ressemblent, les programmations se croisent et s’échangent avec la même volonté : celle de montrer le hip hop dans toute sa diversité (une exception française) et mélanger les grands noms aux jeunes talents qui ont besoin d’expérience de scène. Karavel du 12 octobre au 4 novembre à Lyon et sa région, Kalypso du 5 novembre au 18 décembre à Paris et sa région : gros plan sur ces plus de deux mois de hip hop.
Deux festivals qui se mélangent
La compagnie Accrorap le 20 octobre à Karavel et le 24 novembre à Kalypso, la troupe Ruée des arts le 19 octobre à Lyon et le 22 novembre à Créteil, Compact de Jann Gallois à Lyon puis Bagneux… Plusieurs troupes viennent chez l’un comme l’autre des festivals, qu’elles soient troupes reconnues ou jeunes artistes. L’occasion pour chacun très pragmatiquement d’avoir plus de dates de tournées, aussi de pouvoir montrer chez Karavel comme Kalypso toute la diversité du hip hop.
C’est aussi le point commun de ces deux festivals : il n’y a pas de thématique, si ce n’est de « proposer le hip hop dans tous ces états« , explique Mourad Merzouki. « Certains spectacles sont proches de la danse contemporaine, d’autres dans un registre plus divertissant. Il y aura la poésie de Kader Attou, des artistes engagé.e.s comme Malka, les plus spectaculaires Pockemon Crew, des battles aussi qui sont tout un volet du hip hop« . Au total, cela donne dans une programmation qui se défend comme « nationale » 46 compagnies présentées sur les deux festivals, 300 artistes sur 26 lieux de représentation. « C’est important dans le contexte actuel« , souligne Mourad Merzouki. « J’essaye de présenter des projets qui se nourrissent. Cela ne fait que renforcer la place et la force de la danse au niveau national« .
Une place dans un théâtre
Karavel et Kalypso, ce sont deux occasions de voir toutes les facettes du hip hop, une diversité bien française que l’on retrouve beaucoup plus difficilement ailleurs, même si cette danse est pratiquée partout. Très peu de compagnies étrangères sont d’ailleurs présentes. Pourquoi en France le hip hop a trouvé une place dans les théâtres ? « Parce que l’on nous a fait confiance« , raconte Mourad Merzouki. Le chorégraphe a commencé à danser sur le parvis de l’Opéra de Lyon, lieu de rendez-vous incontournable des danseurs et danseuses hip hop. Il a été invité à présenter son travail à la Biennale de la danse en 1994. « Je dansais aux côté de Philippe Decouflé ou Bill T. Jones« , se souvient-il. « Cette confiance a changé ma vie« .
Le hip hop est né dans la rue, mais il ne peut se passer du théâtre pour se développer, selon Mourad Merzouki. « Pour une jeune compagnie, c’est précieux d’avoir une date dans un théâtre, c’est un but« , explique-t-il. « Pour amener des projets solides, il faut une exigence artistique. On est dans la danse, pas dans l’animation. Avoir un studio permet un travail de fond. Ce que n’ont pas les troupes étrangères« . Ce qui ne coupe les troupes hip hop de sa base. « Aujourd’hui, il y a un désir des troupes hip hop d’aller dans les théâtres avec un propos, et aussi d’aller dans les centres commerciaux au milieu des gens« .
Depuis qu’il a pris la tête du CCN de Créteil en 2009, Mourad Merzouki soutient de nombreuses jeunes compagnies chaque année. « 20 à 25 troupes sont accueillies en studio, contre 5 à 8 pour les autres CCN« , souligne-t-il. 16 sont soutenues financièrement, soit 6.000 euros en moyenne, un accompagnement technique et la présence à Karavel et Kalypso, donc à une présentation au public. À voir ainsi cette année : la compagnie Chute libre ou Kilaï.
Rencontres avec le public
Karavel comme Kalypso proposent chacun Marathon de la danse. Le principe est de faire venir dans les classes des danseur.se.s et chorégraphes afin qu’ils puissent échanger avec les enfants et ados sur leur métier et passion. L’idée a eu du mal à se mettre en place dans les écoles – « On nous appelait ‘La danse à casquette’« , se souvient en souriant Mourad Merzouki. Aujourd’hui les deux festivals manquent d’intervenants pour répondre à toutes les demandes d’établissements scolaires. La programmation des deux festivals st aussi ponctuée de rencontres avec le public, master-class et conférences.
Le futur de Karavel et Kalypso
2016 marque un vrai rapprochement entre ces deux festivals… Jusqu’à n’en faire qu’un dans quelques années ? L’idée est vaguement dans l’air, sans que cela semble bien pressé. Mourad Merzouki voudrait plutôt s’attacher à exporter le principe de ces festivals à l’étranger. « L’Espagne, la Finlande ou le Brésil souhaitent s’associer au festival. Ils voudraient que l’on propose une programmation comme Kalypso dans leur pays« , explique le chorégraphe. Une chance de plus pour les troupes françaises de partir en tournée à l’étranger.
En 10 ans, Karavel a vu sa fréquentions multiplié par cinq. De plus en plus de théâtre demandent aussi à être partenaires. Le festival est ainsi passé de 15 jours à trois semaines de spectacles. Le bilan est aussi prometteur pour Kalypso, plus jeune. De quoi laisser grandir ces deux festivals avec sérénité.
Festival Karavel du 12 octobre au 4 novembre 2016 dans 11 lieux de l’agglomération de Lyon ; Festival Kalypso du 5 novembre au 18 décembre 2016 dans 14 lieux en Île-de-France.