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29e Festival du cirque actuel CIRCa – Art clownesque, cabaret et jeunes talents

Deuxième journée riche au Festival du cirque actuel CIRCa. Au programme : de l’art clownesque pas vieux jeu, un cabaret berlinois aux tendances gore et de jeunes talents de Toulouse qui enthousiasme.

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Bobines – Attractions cinématographiques – Bibeu et Humphrey

Sur Danses avec la plume, nous couvrons le nouveau cirque pour son rapport à la danse et son écriture chorégraphique. On en oublie ainsi une discipline fondamentale du cirque : l’art clownesque. Servane Guittier et Antoine Manceau ont inventé il y a cinq ans leur double, Bibeu et Humphrey. Ils travaillent leur clown de façon traditionnelle dans Bobines – Attractions
cinématographiques, tout en proposant un spectacle dans son époque. Ils ont ainsi le maquillage blanc, le nez rouge, la perruque, l’allure burlesque, le langage enfantin, les pitreries. Et s’amusent à faire des selfies avec le public, dans un spectacle qui joue aussi avec la vidéo. Ils ont tous les deux, comme on dit, « trouvé leur clown », façonnant deux personnages uniques, que ce soit dans leur corps, leur langage ou leur caricature. Ils blaguent avec le public, les dérangent aussi en piquant leurs chaussures ou leur sac à main, s’amusent d’un rien et kidnappent la lune. Ça n’a l’air de rien un spectacle de clown, c’est finalement fait avec si peu de choses. Mais ça happe comme rarement. Dans leur petit chapiteau rouge, Bibeu et Humphrey créent une petite bulle de partage et d’évasion. Une grande respiration poétique qui charme à tous les âges.

Toute autre ambiance avec La Dévorée de la compagnie Rasposo, troupe qui s’inscrit dans le cirque contemporain depuis 25 ans. Des femmes blondes à robes outrageusement pailletées, une ambiance rouge et noire décadente assumée, un maître de cérémonie aux yeux charbonneux : nous sommes dans un revival de Cabaret et la folie berlinoise des années 1930. Le propos est toutefois un peu plus gore, autour du mythe de Penthésilée. Pour rappel, Penthésilée est une amazone qui tomba amoureuse d’Achille en pleine guerre de Troie. Mais ils préférèrent se battre, question d’orgueil. Penthésilée le tua (par le tendon, donc), le dévora avec ses chiens (c’est gore, j’avais prévenue) et se suicida en se rendant compte de la chose. Pas question bien sûr de reprendre le mythe au pied de la lettre dans La Dévorée : il est ici plus question de ce qui nous dévore.

La Dévorée de la compagnie Rasposo

La Dévorée – Compagnie Rasposo

Quatre personnages se partagent la scène : la femme (jouée par trois artistes), le maître de cérémonie, l’amant et les musiciens. Si tout démarre comme un cabaret normal, tout part vite en vrille. Un homme du public tombe amoureux de l’artiste, martyrisée par le maître de cérémonie. Elle l’emmène là-haut, sous les cintres, pour un pas de deux qui chavire. Mais le sang apparaît (gore, je vous l’avais dit), de la viande, des os, et des chiens attirés par l’odeur (ne dîtes pas que je ne vous avais pas prévenu). L’on peut rester de marbre face à cet aspect, mais La Dévorée assume indéniablement son parti-pris. La pièce est constante et construite, tout faisant sens ensemble, des numéros à la musique. La troupe possède un formidable niveau de voltige aérienne, et sait toujours l’amener dans son histoire et son ambiance, sans jamais couper la prouesse de la trame. Dommage que la construction théâtrale des personnages soit moins aboutie. Le trait est parfois forcé pour se donner une consistance, mais l’effet produit est loin de celui recherché. Mais la pièce dans son ensemble est réussie : voici une création unique, à part, dérangeante et fascinante.

Les jeunes talents de la 22e promotion du Lido (le centre des arts du cirque de Toulouse) terminent la soirée avec Les prémisses de la fin. Ils sont tous en 3e année d’insertion professionnelle, prêt.e.s à sauter dans la vie d’artiste. Leur spectacle présent leur numéro, construit durant l’année, entrecoupé de petits moments burlesques et musicaux. Et le tout est bluffant. Chacun a son univers, son envie. Chaque numéro est construit, sans esbroufe, allant à l’essentiel du geste sans en oublier aussi bien la pure virtuosité et l’émotion. Et le tout plongé dans une vraie modernité. À retenir particulièrement : le duo burlesque au cerceau de Steven Danic et Camille Magand, le jongleur multi-facettes Lucas Araujo ou la contorsionniste araignée Laura Picard. Talents à suivre…

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Bobines – Attractions cinématographiques par L’Attraction Céleste à la Salle du Mouzon, avec Bibeu et Humphrey ; La DévORée par la Compagnie Rasposo au Chapiteau Caserne Espagne, avec Marie Molliens, Justine Bernachon, Serge Lazar, Colline Caen et Robin Auneau (circassien.ne.s), Françoise Pierret, Christian Millanvois et Francis Perdreau (musiciens). Les prémisses de la fin par la 22e promotion du Lido au Chapiteau Endoumingue, avec Lucas Araujo (jonglage), Claudio Martinez, Marina Collares et Ronan Lima (jonglage et portées acrobatiques), Steven Danic et Camille Magand (musique et cerceau aérien), Rodrigo Gil (jonglage), Dominique Joannon (trapèze), Amit Kenighstein (jonglage), Laura Picard (équilibre), Andres Torres (jonglage) et Louisa Wruck (fil). Mercredi 26 octobre 2016.

Le 29e Festival du cirque actuel CIRCa continue à Auch jusqu’au 29 octobre

 

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