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2015, bilan d’une année danse

Nominations, adieux à la scène, débat, révélation, spectacles… Bilan d’une année danse 2015.

 

Des adieux…

La tournée de Sylvie Guillem a bercé l’année 2015. La danseuse tire finalement sa révérence le 31 décembre, laissant derrière elle une carrière atypique de plus de 30 ans.

À l’Opéra de Paris, Aurélie Dupont a tiré sa révérence dans L’Histoire de Manon avec Roberto Bolle, le 18 mai. Après quelques hésitations, elle décide finalement de quitter la Maison et de n’y revenir qu’en répétitrice free-lance. Plus discrètement, Christine Peltzer, Vincent CordierNolwenn DanielAlexis Saramite et Yann Saïz ont aussi quitté la scène. Ce dernier devient professeure à l’École de danse de l’Opéra de Paris des petits stagiaires et sixième division garçons. Il remplace Bertrand Barena, qui part au Japon. À Bordeaux, Marie-Lys Navarro a fait ses adieux à la scène le 31 décembre après 19 ans au Ballet de Bordeaux

Outre-Manche, Carlos Acosta a quitté le Royal Ballet après des adieux joyeux et chaleureux, retransmis en direct au cinéma dans le monde entier. Deux autres Étoiles ont quitté plus discrètement la compagnie londonienne : Rupert Pennefather durant l’été et Roberta Marquez en décembre. Toujours à Londres, l’Étoile Elena Glurjidze a fait ses adieux à l’English National Ballet. Dans le reste de l’Europe, les deux frères Bubeníček ont tous les deux quitté la scène : Otto Bubeníček le 12 juillet après le Gala Nijinsky du Ballet de Hambourg, Jiří Bubeníček le 11 novembre dans L’Histoire de Manon avec le Semperoper Ballet de Dresde. Raphaël Coumes-Marquet a également quitté cette compagnie allemande et fait ses adieux à la scène le 6 juillet, dans le rôle d’Albrecht. Martin Chaix est pour sa part parti du Ballett am Rhein en Allemagne pour se consacrer à la chorégraphie.

Outre-Atlantique, trois grandes Étoiles ont quitté l’ABT au printemps : Paloma Herrera, Xiomara Reyes et Julie Kent. Toujours à Manhattan, Jennie Somogyi a dit au-revoir au New York City Ballet. Yury Yanowsky a fait ses adieux au Boston Ballet, Carla Körbes a quitté le Pacific Northwest Ballet le 7 juin et Mary Carmen Catoya a fait ses adieux à la scène du Miami City Ballet le le 19 avril, après 16 années de carrière.

Un adieu enfin à la Trisha Brown Dance Company, qui a fermé ses portes, ainsi qu’à Valéry Colin qui quitte la direction artistique des Étés de la Danse après 11 ans d’un formidable travail.

Aurélie Dupont - Adieux à la scène

Aurélie Dupont – Adieux à la scène

… Et des nominations

Qui dit adieux dit forcément nouvelle nomination. Laura Hecquet a ainsi été promue Danseuse Étoile de l’Opéra de Paris le 23 mars après Le Lac des Cygnes. Une nomination surprise, la toute première de Benjamin Millepied. Toujours en France, Sara Renda a été nommée Danseuse Étoile de l’Opéra de Bordeaux en décembre, après la première de La Belle au bois dormant.

En Russie, le jeune prodige Kimin Kim a été nommée Étoile du Ballet du Mariinsky, tout comme Timour Askerov et Oxana Skorik. Au Bolchoïs de Moscou, le jeune Denis Rodkine a lui aussi atteint le haut de la hiérarchie, ainsi qu’Anna Nikulina et Anastasia Stashkevich. Ailleurs en Europe, Mathias Dingman est devenu Principal du Birmingham Royal Ballet et Ketevan Papava Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Vienne.

Aux États-Unis, Stella Abrera et Misty Copeland sont devenues Principal Dancer de l’ABT, Dores André Principal du SFB, Alexander Peters Principal du Pennsylvania Ballet et Simone Messmer Principal du Miami City Ballet. Au Canada, Naoya Ebe et Elena Lobsanova sont devenus Principal du Ballet National du Canada, et Mahomi Endoh, Emma Garau-Cima et Valentine Legat promues au rang de Première Soliste (le plus haut grade) des Grands Ballets canadiens. Enfin en Australie, Ako Kondo est devenue Principal de l’Australian Ballet après une représentation de Giselle.

Laura Hecquet lors de sa nomination d'Étoile

Laura Hecquet lors de sa nomination d’Étoile

Des arrivées…

Beaucoup de changements à signaler à la direction des compagnies de danse. Makhar Vaziev prend la direction du Ballet du Bolchoi et Denis Matvienko celle du Ballet de Novossibirsk. Sidi Larbi Cherkaoui a été nommé directeur artistique du Ballet royal de Flandre. Eleonora Abbagnato dirige désormais le Ballet de l’Opéra de Rome. Tamas Detrich prend la direction du Stuttgarter Ballett. Yukari Saito a été nommée directrice du Ballet de Tokyo, où elle était auparavant Principal. Enfin Shelly Power, actuellement directrice de l’Académie du Houston Ballet, deviendra dès 2017 directrice générale et directrice artistique du Prix de Lausanne.

En France, Ambra Senatore est nommée directrice du CCN de Nantes à compter du 1er janvier 2016. Le duo Rachid Ouramdane et Yoann Bourgeois a pour sa part été nommé à la tête du CCN de Grenoble, prenant la succession de Jean-Claude Gallotta.

Pour les danseurs et les danseuses, Jurgita Dronina et Isaac hernandez ont quitté le Het National Ballet, la première pour le Ballet National du Canada, le second pour l’English National Ballet. Melissa Hamilton a quitté le Royal Ballet pour un poste de Principal au Semperoper Ballett de Dresde, au moins pour un an. Enfin Mathilde Froustey a quitté pour de bon l’Opéra de Paris et brille au San Francisco Ballet en tant que Principal.

Jurgita Dronina et Isaac Hernandez - L'Histoire de Manon (Hivernales de la Danse)

Jurgita Dronina et Isaac Hernandez – L’Histoire de Manon (Hivernales de la Danse)

… Et des disparitions

La grande danseuse et pédagogue Wilfride Piollet est décédée le 20 janvier à 71 ans. Maïa Plissetskaïa, que l’on croyait éternelle, s’en est finalement allée le 2 mai, à 89 ans.

Jonathan Ollivier, danseur emblématique de Matthew Bourne, est décédé dans un accident de la route le 9 août, à 38 ans. L’ancien Principal du NYCB Albert Evans est aussi décédé prématurément le 22 juin, à 46 ans. David Drew, ancien Principal du Royal Ballet de Londres, devenu après ses adieux Principal character artist, est décédé le 16 octobre, à l’âge de 77 ans.

Maïa Plissetskaïa

Maïa Plissetskaïa

Des Tops…

À l’Opéra de Paris, Garnier comme Bastille ont vibré des performances de Mathias Heymann, Dorothée Gilbert, François Alu ou Héloïse Bourdon. Hugo Marchand et Hannah O’Neill sont définitivement les jeunes espoirs à suivre. À Londres, Steven MacRae, Iana Salenko et Natalia Ossipova ont enflammé critiques et public, notamment cette dernière dans La Fille mal gardée. L’année 2015 a aussi été marquée par le retour sur scène d’Alessandra Ferri, 52 ans. Il n’y a pas d’âge pour être ballerine !

Le Bolchoï a de nouveau régné sur la planète danse, entre Un Héros de notre temps, des tournées qui font salle comble et des retransmissions au cinéma dans le monde entier. Le New York City Ballet a brillé aussi bien par sa formidable génération d’Étoiles que par ses multiples créations néo-classiques. La nouvelle Belle au bois dormant d’Alexeï Ratmansky a séduit à l’ABT comme à la Scala de Milan. Le Béjart Ballet Lausanne, toujours en pleine forme, a remonté avec force l’immense IX Symphonie de Maurice Béjart, avec plus de 200 artistes sur scène.

En France, La Bayadère de décembre a su créer l’événement grâce à de brillants jeunes solistes et des invités de prestige, même si tout n’est pas encore réglé. L’Alvin Ailey American Dance Theater a fait le plein à Paris en juillet dans une ambiance survoltée. Eun-Me Ahn a séduit les amateur.rice.s de danse contemporaine en septembre, dans le cadre de l’année France-Corée.

Hors scène, le World Ballet Day (24e de streaming dans les coulisses des compagnies de danse) a de nouveau eu droit à un très beau succès. Au cinéma, les films Comme ils respirent et Dancers ont su poser un beau regard sur la danse.

La Belle au bois dormant - Alexeï Ratmanski

La Belle au bois dormant – Alexeï Ratmanski

… Et des flops

Beaucoup trop de compagnies ont dû mettre la clé sous la porte en 2015, faute de budget. Adieux ainsi au formidable Cedar Lake Contemporary Ballet ou à la superbe troupe d’Edouard Lock La La La Human Steps. Le festival Luna Classics a également dû annuler son édition 2015 pour raisons financières. En France, le Ballet de Limoges, déjà bien réduit depuis quelques années, a définitivement fermé.

David Hallberg, qui n’a toujours pas récupéré de sa blessure, a cruellement manqué à la scène internationale. Polina Semionova a aussi dû mettre un terme prématuré à sa saison.

Hors scène, il est définitivement compliqué de faire une bonne émission sur la danse en France. Dernière en date, Got To Dance, qui n’a trouvé ni son concept ni son public. Enfin la 3e scène de l’Opéra de Paris, lancée à grands renforts de publicité, s’est vite dégonflée face à un contenu un peu trop branchouille et sans interactivité.

David Hallberg - Illusions perdues

David Hallberg – Illusions perdues

Des débats…

Pas de saison danse sans débat ! À Paris, l’arrivée de Benjamin Millepied ne met pas tout le monde d’accord, que ce soit dans la troupe que dans la public. Sa saison 2015-2016 propose pour l’instant aussi bien de belles surprises (The Dreamer de Jerome Robbins) que des pièces bien creuses (sa création ou celle de Wayne McGregor). Benjamin Millepied cherche encore une voie, et la prochaine saison devrait être différente, plus classique. Son regard est aussi bien plus dur sur le niveau de la compagnie qu’à son arrivée. Il vise souvent juste dans son analyse, mais se donne-t-il les moyens de ses ambitions, en multipliant les projets hors-Opéra ?

Benjamin Millepied est aussi en train de mettre en place une très belle nouvelle génération. Hugo Marchand, Hannah O’Neill et beaucoup d’autres sont amenés à briller. Mais il a du mal à fédérer les plus anciens. Il veut des Étoiles brillantes, mais il oublie un peu Dorothée Gilbert ou Mathieu Ganio, François Alu n’est toujours pas Étoile (après avoir vu son Solor, se pose vraiment la question du pourquoi), Héloïse Bourdon est toujours dans le corps de ballet. Et les salles ne sont pas forcément pleines.

Autre gros débat : la diversité dans le monde du ballet. La très médiatique Misty Copeland a porté le débat aux États-Unis, la question se pose aussi fortement en Europe. Plusieurs jeunes danseuses de couleur émergent. Letizia Galloni fut ainsi la première danseuse noire à danser le rôle principal d’un ballet classique à l’Opéra de Paris. Une opportunité qu’elle ne doit qu’à son talent, mais il est intéressant de noter qu’il a fallu attendre 2015 pour un peu de diversité, y compris pour voir des danseuses de couleurs dans les actes blancs (quelque chose à laquelle s’opposent encore quelques maîtres et maîtresses de ballet). Mettre des quotas dans le ballet est bien sûr surréaliste, la danse est un art méritoire. Mais penser qu’il n’y a aucun problème de racisme (même inconscient) est bien naïf.

La Fille mal gardée - Letizia Galloni

La Fille mal gardée – Letizia Galloni

… Et des anniversaire

Diana Vichneva a fête ses 20 ans de carrière et ne compte pas s’arrêter là. Angelin Preljocaj a soufflé les 30 bougies de sa troupe, tout comme les Centre Chorégraphiques Nationaux, les Ballets de Monte-Carlo… ou la comédie musicale Les Misérables à Londres. Twyla Tharp a fêté ses 50 ans de création, et l’American Ballet Theatre a marqué avec un grand gala ses 75 ans d’existence. Enfin le Palais Garnier a soufflé ses 140 bougies.

Gala des 75 ans de l'ABT

Gala des 75 ans de l’ABT

Et vous, que retenez-vous de l’année danse 2015 ?

 

Comments (3)

  • Cyril

    Beau récap et belle analyse, comme toujours!
    Merci pour ce site et belle année de danse à venir!

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  • Une très bonne analyse. Je souhaite voir Eve Grinstein comme étoile, mais il me semble que ma voix est loin pour être écouté, jaja! bonne année pour vous et merci pour cette publication car il m’approche une résumée des activités de la danse outre Atlantique.

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