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Cédric Klapisch filme Aurélie Dupont, l’espace d’un instant

Le documentairAurélie Dupont, l’espace d’un instant, réalisé par Cédric Klapisch, est rediffusé le samedi 30 mai sur France 3, à 22h55. 

(Entretien réalisé en 2010, pour la première diffusion de ce documentaire). Début mars, France 3 a diffusé le documentaire Aurélie Dupont, l’espace d’un instant, réalisé par le cinéaste Cédric Klapisch. Il avait suivi la danseuse étoile pendant quatre ans, à différentes étapes de sa carrière. Rencontre avec le réalisateur.

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Cédric Klapisch et Aurélie Dupont

 

Comment est venue l’idée de ce projet ?

C’est en fait Brigitte Lefèvre, la directrice de la danse de l’Opéra de Paris, qui voulait faire un film sur Aurélie Dupont. Je connaissais bien la productrice, Agathe Berman, qui savait que j’aimais beaucoup la danse, même si je connaissais mieux la danse contemporaine. Elle m’a proposé l’idée, cela s’est fait simplement.

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Quelle a été votre première impression en rencontrant Aurélie Dupont ?

On est impressionné par la performance technique bien sûr, et par la beauté. Aurélie Dupont est vraiment magnifique. Et ce n’est pas une question de plastique, elle bouge bien.

 

Qu’est-ce qui vous a marqué lors des premiers jours de tournage ?

Il y a quelque chose au début, on se dit que tout est parfait. C’est impressionnant. On voit ce que font les danseurs, on se dit « Whaouu ». Il n’y a plus qu’à poser la caméra et à filmer. En passant un peu plus de temps, on comprend que cela va être bien plus difficile. Comment savoir quoi prendre, quoi filmer, quoi garder ? Comment raconter cette histoire ? Cela pose de véritables questions de cinéma.

 

Et comment avez-vous fait ? 

J’ai fait confiance au temps. Les mois sont passés. A la fin, j’étais sûr du titre, Aurélie Dupont, l’espace d’un instant, parce que la danse est une histoire de temps. La filmer pendant plusieurs années de sa carrière, la voir travailler dans un studio pendant des semaines pour un spectacle… C’est un drôle de rapport au temps.

 

Vous êtes très discret dans ce documentaire. C’était une volonté dès le début ?

J’avais la volonté d’être en retrait. Au début, j’étais parti sur quelque chose comme « Voir et être vu ». Et puis je n’ai rien trouvé à dire sur moi. Alors je me suis mis au servie ce cette personne.

 

Et l’idée de ne pas mettre de commentaire ?

Dès le début, je ne voulais pas en mettre. Il n’y a rien de pire que de parler sur de la danse. Et je voulais réapprendre au spectateur à voir un film sans parole, un film avec des gestes.

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Ce documentaire est fait pour la télévision. Qu’a-t-il de cinématographique ?

Le cinéma a toujours été lié au mouvement. Au départ, il servait d’abord à filmer le mouvement, à le décortiquer, pas à parler, comme pour une étude scientifique. Montrer des gens en mouvement, c’est donc très cinématographique.

 

C’est difficile de filmer la danse ? 

C’est très dur ! D’ailleurs, je déteste les captations de ballet. Quand on filme de la danse, on prend un spectacle vivant et on en fait un spectacle mort. Il y a un vrai travail à faire pour retrouver l’émotion. Et c’était quelque chose qui me faisait vraiment peur. C’était tout l’enjeu du film, il fallait dépasser ça. En s’attardant sur une personne en particulier, j’ai trouvé un vrai fond cinématographique.

 

Plusieurs documentaires sur la danse sont devenus de vrais classiques, comme Tout près des étoiles de Nils Tavernier, ou La Danse, le ballet de l’Opéra de Paris de Frederick Wiseman. Vous les avez vus ?

Oui, et ça fait réfléchir. Je n’avais pas envie d’aller par là. La danse est un terrain ouvert, il y a encore pleins de choses à dire, à faire sur le sujet.

 

Quel est le moment de danse que vous avez filmé qui vous a le plus marqué ?

Le Parc, définitivement. Cela me donne des frissons à chaque fois. 

Après la télévision, vous avez envie de faire un film sur la danse ?

C’est un thème qui est sous-jacent dans pas mal de mes longs-métrages : le personnage de la ballerine dans Les poupées Russes, ou de Pierre (ndlr : Romain Duris) dans Paris. Ça me donne vraiment envie de faire un film sur la danse. Comédie musicale ou fiction, je ne sais pas encore.

 

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