2016, bilan d’une année danse
Des surprises, des nominations, des départs, des adieux, des Tops, des Flops… Retour sur ce qui a marqué l’actualité de la danse en 2016.
Une grosse surprise…
Comment ne pas évoquer l’année danse 2016 sans parler de Benjamin Millepied ? Le 3 février, surprise : le médiatique chorégraphe quitte brusquement la direction du Ballet de l’Opéra de Paris. Deuxième surprise le lendemain, avec l’annonce de sa remplaçante : Aurélie Dupont, qui n’avait jusque là montré aucune passion pour la direction d’une troupe. Entre les deux, une conférence de presse assez surréaliste où Benjamin Millepied n’a répondu à aucune question, une semaine avant l’annonce de sa nouvelle saison qui s’est révélée décevante. Un tel ouragan médiatique ne s’était pas abattu depuis longtemps sur l’institution, dommage que ce ne fut pas pour un spectacle.
Après avoir voulu changer trop de choses, Benjamin Millepied est finalement retourné aux États-Unis. Aurélie Dupont s’inscrit pour l’instant dans la ligne de Brigitte Lefèvre. À suivre en 2017.
… Et des adieux à jamais.
Yvette Chauviré fait partie des Immortelles. L’Étoile qui a profondément marqué la danse du XXe siècle est partie à l’âge de 99 ans, le 19 octobre. Sa Giselle, son Odette et ses interprétations des ballets de Serge Lifar resteront dans les mémoires. L’Étoile, pédagogue et chorégraphe Violette Verdy, si grande interprète de George Balanchine qui a brillé de Paris à New York, est décédée le 8 février, à l’âge de 82 ans. Duška Sifnios, interprète de Maurice Béjart, est décédée dans la nuit du 12 au 13 octobre 2016, à l’âge de 81 ans. C’est elle notamment qui avait créé Le Boléro. Enfin le danseur et chorégraphe Fabrice Dugied est décédé le 4 avril.
Des nominations…
Ces promotions étaient attendues, elles sont enfin arrivées. Olga Smirnova a atteint le sommet de la hiérarchie du Ballet du Bolchoï, tout comme Youlia Stepanova. L’irrésistible Francesca Hayward est devenue Principal du Royal Ballet de Londres, tout comme Alexander Campbell, Ryoichi Hirano et Akane Takada. Laurretta Summerscales a été promue Principal de l’English National Ballet à l’issue d’une représentation du Corsaire. Quelques mois plus tard, sa collègue Shiori Kase l’a rejointe grâce au même ballet, mais sur la scène du Palais Garnier alors que la troupe était en tournée à Paris.
Au Ballet de l’Opéra de Paris justement, ce fut plus une surprise : Germain Louvet a été nommé Danseur Étoile le 28 décembre. Sera-t-il la seule nomination de l’année ou une autre surprise se profile-t-elle pour le 31 décembre ? Dans le reste de l’Europe, Kiyoka Hashimoto a été promue Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Vienne après une représentation du Corsaire, tout comme Davide Dato qui l’a été après Don Quichotte. Young Gyu Choi a été promu Principal du Het Nationale Ballet après une représentation de Casse-Noisette. Karen Azatyan a été promu Principal du Ballet de Hambourg. Rebecca Bianchi a été nommée Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Rome, tout comme Alessandra Amato qui a été promue après une représentation du Lac des Cygnes le samedi 15 octobre. Samara Downs et Céline Gittens passent enfin Principal du Birmingham Royal Ballet.
Aux États-Unis et en Australie, Jeffrey Cirio est devenu Principal de l’ABT et Taylor Stanley Principal au New York City Ballet. Sasha De Sola a été promue Principal au San Francisco Ballet et Charles-louis Yoshiyama au Houston Ballet le 9 juin, après ses débuts en Albrecht dans Giselle. La française Anaïs Chalendard est devenue Principal du Boston Ballet. Robyn Hendricks a enfin été promue Principal de l’Australian Ballet, après une représentation du Lac des Cygnes.
… Et des adieux à la scène.
Difficile d’y croire, et c’est pourtant par ces adieux que l’année 2016 a démarré : Ana Laguna se retire de la scène et Mats Ek cesse non seulement de chorégraphier, mais demande aux compagnies de ne plus reprendre ses oeuvres.
À l’Opéra de Paris, Benjamin Pech a fait ses adieux à la scène et est parti assister Eleonora Abbagnato à la direction du Ballet de l’Opéra de Rome. Dans le corps de ballet, Pascal Aubin et Myriam Kamionka ont pris leur retraite. À l’École de Danse, Jacques Namont s’en va après de nombreuses années à mener avec brio les premières divisions garçons. L’Étoile du Ballet de l’Opéra de Bordeaux Igor Yebra a aussi fait ses adieux à la scène dans Le Messie le vendredi 1er juillet.
En Europe, l’Étoile du Staatsballett Berlin Beatrice Knop a fait ses adieux à la scène le 24 février dans Le Lac des Cygnes. Kirill Kourlaev a quitté le Ballet de l’Opéra de Vienne et la scène le 19 mai dans Mayerling de Kenneth MacMillan. La Principal Character Artist Genesia Rosato du Royal Ballet de Londres a aussi fait ses adieux à la scène après 40 ans de carrière. Aux États-Unis et en Australie, les Étoiles du Miami City Ballet Jennifer Kronenberg et Carlos Guerra sont partie.s. en avril, tout comme Joan Boada, Pascal Molat et Gennadi Nedvigin qui ont fait leurs adieux à la scène et au San Francisco Ballet. Daniel Gaudiello, Principal à l’Australian Ballet, a aussi pris sa retraite.
Enfin ce ne sont pas des adieux mais une belle fin tout de même : après 11 ans sur scène et 4.600 représentations, la comédie musicale Billy Elliot a fermé ses portes à Londres.
De nouvelles directions…
Jiří Kylián devient artiste associé du Ballet de l’Opéra de Lyon pendant trois saisons. William Forsythe devient pour sa part chorégraphe partenaire du Boston Ballet pour cinq ans. Ces deux chorégraphes majeurs du XXe siècle s’écartent donc des grandes institutions pour continuer leur carrière dans des compagnies plus petites, mais non moins passionnantes. Côté jeunes talents, le très demandé Liam Scarlett rejoint en 2017 le Queensland Ballet en tant qu’artiste associé, tout en restant chorégraphe en résidence au Royal Ballet de Londres.
Pour les directions de troupe et côté Français.es, Laurent Hilaire prend les rênes du Ballet du Théâtre Stanislavski, une première pour un artiste européen. Bruno Bouché va pour sa part diriger le Ballet du Rhin, une bonne nouvelle pour cette troupe néo-classique pleine de promesses. Maud Le Pladec est nommée directrice du CCN d’Orléans et Corinne Gaillard devient directrice du Centre de développement chorégraphique (CDC) de Toulouse. En Europe, Adolphe Binder devient la nouvelle directrice du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch, et Giuseppe Picone prend la tête du Ballet Sant Carlo de Naples.
Aux États-Unis, l’Étoile de l’ABT Julie Kent a pris les rênes du Washington Ballet, lui donnant déjà en quelques mois un nouveau souffle. Elle a d’office fait venir l’Étoile cubaine Rolando Sarabia, et a nommé à la tête de l’école du Washington Ballet son ancienne collègue de l’ABT Xiomara Reyes. Pamela Tatge a été nommée directrice du Jacob’s Pillow Dance Festival aux États-Unis, festival très important de la côte Est. Gennadi Nedvigin, qui a fait ses adieux au San Francisco Ballet en tant que Principal, prend la direction de l’Atlanta Ballet. Hope Muir, qui dirigeait le Scottish Ballet, est la tête désormais du Charlotte Ballet.
… Et de fausses arrivées.
Beaucoup d’emballement cette année du côté des directions de troupes classiques, avec des nominations qui ne plaisent pas forcément aux artistes et qui le font savoir.
Quelques mois à peine après avoir été nommé, Mauro Bigonzetti démissionne ainsi de la direction du Ballet de la Scala de Milan. Sa venue avait été très contestée par les artistes de la troupe, mais c’est officiellement pour des raisons de santé qu’il quitte son poste. Les noms des danseurs Roberto Bolle ou Massimo Murru, tous deux très attachés à la Scala, commencent à circuler pour le remplacer. Même scénario à la tête du Ballet de Berlin. Le duo Sasha Waltz/Johannes Öhman a été nommé pour diriger la troupe après Nacho Duato, en 2019. Mais les artistes de la troupe se sont opposé.e.s à cette direction, la jugeant avec justesse trop contemporain pour diriger une troupe avant tout classique. Ils auraient eu a priori gain de cause et Sasha Waltz aurait renoncé au projet.
Johan Kobborg, arrivé comme le Messie au Ballet du Bucarest, est finalement parti après un grand emballement médiatique. Sa compagne Alina Cojocaru cesse bien sûr de danser pour cette troupe, alors qu’elle est une véritable star dans son pays. C’est finalement Renato Zanella qui prend la direction du Ballet du Bucarest. Côté danse contemporaine, Jan Fabre a démissionné du Festival d’Athènes, quelques semaines seulement après son arrivée.
Des anniversaires…
La Martha Graham Dance Company a fêté ses 90 ans d’existence à New York, lors d’un grand gala où a participé notamment Aurélie Dupont. Côté hip hop, la compagnie Käfig de Mourad Merzouki a soufflé ses 20 bougies, marquant du même coup la belle santé de la danse hip hop dans l’Hexagone, une exception française. Enfin la comédie musicale Chicago a fêté sa 8.000e représentation à Broadway le 20 février.
… Et des changements de cap.
L’électron libre et danseur rebelle Sergueï Polounine se poserait-il ? Il a signé un contrat avec le Ballet de Novossibirsk, s’engageant à danser 20 représentations par an avec la compagnie contre la coquette somme de 210.000 euros. Le jeune et surdoué Julian McKay, après un an au Royal Ballet, revient en Russie (il a été formé à l’Académie du Bolchoï) et devient second soliste au Théâtre Mikhailovsky. Daniel Camargo quitte le Stuttgart Ballet pour devenir Principal au Het Nationale Ballet. La soliste de l’English National Ballet Ksenia Ovsyanick quitte la troupe pour le Ballet de Berlin, où elle devient Principal.
À Paris, le Sujet Florimond Lorieux a rejoint le Boston Ballet en tant que soliste. La jeune Quadrille Laura Bachman a pour sa part changé de style et alterne entre la compagnie Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker et le L.A. Dance Project de Benjamin Millepied.
Des flops…
Le Ballet de Bavière, belle compagnie allemande, vit des temps difficiles depuis la prise de direction d’Igor Zelensky. 29 danseur.se.s (soit la moitié de l’effectif) sont sur le départ, dont des piliers de la compagnie comme Cyril Pierre (qui devient professeur) ou la star Lucia Lacarra. En France, la situation est fragile au Ballet de l’Opéra de Bordeaux. La troupe a réussi à préserver ses 39 postes pour 2017, mais les négociations reprendront dans un an (jusqu’à 13 postes sont menacés).
On oubliera Iolanta/Casse-Noisette à l’Opéra de Paris, où la mise en scène de Dmitri Tcherniakov (certes impressionnante) a complètement délaissé la danse. Pas de regret non plus pour le spectacle de Natalia Ossipova au Sadler’s Wells. Dommage par contre pour Le Fantôme de l’Opéra, stoppé net à quelques jours de la première suite à un incendie au Théâtre Mogador. Le spectacle est finalement annulé.
… Et des Tops que l’on veut continuer à voir en 2017 !
À l’Opéra de Paris, la Giselle de Dorothée Gilbert ou le couple Myriam Ould-Braham/Mathias Heymann cette saison resteront dans les mémoires ! Très belle saison aussi pour Hugo Marchand, magnifique espoir de la troupe, et Hannah O’Neill qui a reçu un Benois de la Danse. Bravo également à Paul Marque qui est rentré du Prix de Varna avec la médaille d’or.
Un peu partout dans le monde, salve d’applaudissements pour : le Ballet du Capitole et sa programmation inventive, la formidable énergie du Boston Ballet, le Ballet de l’Opéra de Lyon décidément surprenant, l’ambition toujours nourrie (et récompensée) de Tamara Rojo à l’English National Ballet, la superbe tournée parisienne du NYCB, la belle rétrospective Lucinda Childs au Festival d’Automne, le si intelligent travail d’Alexeï Ratmansky de New York à Paris, le nouveau concours de jeunes chorégraphes néo-classiques à Biarritz, l’explosion de Cyrstal Pite demandée un peu partout, le retour à la scène de David Hallberg après de long mois de blessure. Et hors scène, merci pour la passionnante autobiographie de Rudolf Noureev et la si belle exposition Nicolas Le Riche/Clairemarie Osta à Éléphant Paname.
Spiteri alain
Âgé ne venant plus à l’opéra qu’ une ou deux fois par an dans tte votre page reste pour moi le plus ancien qui quitte l’opéra cette grande maison qui me laisse tellement de merveilleux souvenirs depuis 1968 : je veux parler de J Namont . N’est pas mentionné madame B Lefèvre départ récent et de la même génération que J Namont. Je l’ai connu en temps que danseuse dans Lar lubovitch Lopera est éternel et des noms y resteront attachés pour l histoire. Bonne Année 2017 vous qui m’avait apporté des instants de Bonheur merci !