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Une année au LAAC – En scène avec le Ballet de l’Opéra de Rome

Depuis le début de notre série Une année au LAAC, nous avons suivi les apprentis-pros, ces jeunes d’une vingtaine d’années démarrant leur carrière de danseur et danseuse. Mais le LAAC propose aussi des cours de danse classique pour enfants, en amateurs. Dix d’entre eux ont d’ailleurs vécu une expérience particulière en janvier : ils ont pu danser dans La Chauve-souris de Roland Petit, donné par le Ballet de l’Opéra de Rome en tournée au Théâtre des Champs-Élysées. Dix minutes de scène au début du ballet, et une expérience riche en émotions. Nous avons suivi la première distribution, composée de Lucille, Eve, Alice, Owen et Alexandre – âgé.e.s de 11 à 13 ans – le soir de la première le 13 janvier.

18h30, les coulisses du Théâtre des Champs-Élysées résonnent de conversations en italien. Le Foyer de la danse, une salle de danse reconvertie en loges, est pour l’instant plus calme. Une partie a été réservée pour les enfants du LAAC, leur costume pendant à quelques cintres. Les filles, déjà prêtes, sont en tenue de chauffe pendant que les garçons arrivent. Clairemarie Osta chapeaute tout ce petit monde. « Il fallait choisir des enfants assez mûrs pour être autonome en scène, donc avoir une douzaine d’années, mais ayant encore une allure d’enfant« . Les cinq de ce soir sont passionné.e.s par la danse, mais font aussi d’autres choses – Lucille fait du basson par exemple. Ils ne savent pas forcément s’ils veulent faire de la danse leur métier. « Moi mon premier souhait, c’est devenir acteur !« , explique Alexandre. « Puis instituteur en 2e et danseur en 3. Enfin non, danseur en 2e« . Seule Alice est véritablement engagée dans une voie professionnalisante : au LAAC, elle prend ses cours chez les apprenti.e.s, plusieurs heures chaque matin, et le collège se fait par correspondance. 

Avant de se mettre en costume, Clairemarie Osta fait faire aux cinq enfants un petit échauffement corporel. Quelques respirations (« On se concentre, on déroule le dos« ), des étirements (même si « Ne tirez pas trop, on est là pour se concentrer« ), des mouvements de pieds. Les cinq enfants sont calmes, même si l’excitation est bien présente. « Je suis pressée d’y être, c’est tellement beau« , lance Alice. « En plus, ce soir, c’est la première et il y aura beaucoup de monde« , renchérit Lucille. Le trac de se tromper ou d’oublier les pas a été évacué. « Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta nous ont dit que ce n’était pas grave si on se trompait, le public ne connaît pas la chorégraphie« , explique Ève. « Enfin, le mieux est tout de même de ne pas se tromper« , conclut avec un sourire Clairemarie Osta. Sur scène, ils ont peu de danse en soi, surtout un jeu de scène à mener. « C’est la veille de Noël, nous jouons donc des enfants très excités qui font pas mal de bêtises« , explique Lucille. Chacun part ensuite enfiler son costume. Les leur semblent tout droit tiré des Petites filles modèles. Mais danser avec n’est pas forcément évident. « On a beaucoup plus chaud et c’est lourd« , explique Alice. « Mais ça aide à entrer dans le personnage« .

Une année au LAAC – En scène avec le Ballet de l’Opéra de Rome

Benjamin Pech, désormais maître de ballet à l’Opéra de Rome, a indiqué une petite correction dans la chorégraphie pour l’un des garçons. Les élèves ont appris leur passage pendant leurs cours au LAAC, Luigi Bonino (qui transmet les ballets de Roland Petit) est venu une après-midi. Et depuis quelques jours, ils répètent avec la compagnie. Après l’échauffement, Clairemarie Osta leur fait marquer leur passage, soulignant les corrections qui ont été faites depuis. « En répétition, on avait bien dit de mettre les mains derrière à ce moment-là« , rappelle-et-elle. « Et soyez toujours vivant !« . « Travailler es attitudes en scène, ce n’est pas si facile que ça« , nous explique-t-elle. Petit à petit, le stress commence à monter chez les cinq enfants, avec les questionnements de dernière minute. « On passe par la coulisse ou pas ? Mais non, il y a la chaise du père !« .

Les coulisses sont désormais plus bruyantes, les figurant.e.s sont arrivé.e.s et se changent dans le foyer, il y a plus de va-et-vient. Désormais en costumes, les enfants montent se faire coiffer. Deux étages plus hauts, deux loges sont réservées à la coiffure et au maquillage. Des portants de costumes – et ceux de La Chauve-souris ne sont pas tristes – encombrent les couloirs, des danseurs et danseuses passent à moitié dans leur personnage. Ève a droit à deux tresses, surmontés d’un ruban bleu. « J’aime ce moment-là« , confie-t-elle. « Les coiffures sont bien faites. L’excitation est là, mais pas le stress. Et le spectacle n’est pas encore terminé« . Les filles se retrouvent dans les couloirs pour enfiler leurs bottines, ce qui s’avère un peu plus compliqué que prévu. « Les bottines sont confortables mais elles sont difficiles à mettre« , explique Lucille. Il faut avoir le coup de main.

Habillée et coiffée, la bande des cinq revient dans le foyer. Il est 19h45, le spectacle démarre dans 15 minutes, et le stress commence à faire clairement son apparition. « Il faudrait que l’on répète encore une fois« , lance Alexandre devenu plus fébrile. Dernière révision, dernière mise en point, et tout va bien : tout le monde est d’accord sur qu’il faut faire en scène. Clairemarie Osta se met plus en retrait. « J’ai envie de les laisser vivre leur truc« , explique-t-elle. « Il faut qu’ils soient responsables. Pendant la répétition générale, en coulisse, ils ne se sont plus retournés vers moi avant d’entrer en scène. C’est bien« . Alexandre murmure que le trac commence à monter. « Mais en scène, ça va passer« , le rassure-t-elle. « Bien sûr, ils.elles sont stressé.e.s. Mais j’aimerais bien qu’ils prennent du plaisir. Là, ils savent qu’ils savent« . Elle s’éclipse cinq minutes avant le spectacle sur un « Toï toï toï » pour voir la représentation de la salle. Les enfants sont entre les mains de Sarah. L’orchestre se met à s’accorder, les artistes appelés en coulisse. Les enfants entrent sur le plateau, et s’apprêtent à jouer leur rôle.

Une année au LAAC – En scène avec le Ballet de l’Opéra de Rome – Sortie de scène

15 minutes plus tard, les voici sortant de scène tout sourire. « Whouu, je n’ai jamais été aussi stressée ! » lance Alexandre comme un soulagement. « Ça s’est super bien passé mais c’était trop court » renchérit Ève. Il y a eu quelques erreurs – « On est descendu trop tôt de la plateforme« , note Alice – vite comblé par un « Mais on a géré« , d’Alexandre et un rassurant « Le public ne s’en est pas rendu compte » de Lucille. « C’est le stress qui nous a fait faire des erreurs« , explique Ève. Malgré la fébrilité, le message est unanime : « C’est génial d’être sur scène« . Les enfants ne reviennent sur le plateau que lors des saluts, dans une bonne heure. Le temps de discuter avec eux.elles de leur choix de prendre des cours de danse au LAAC. « Ce sont des Danseurs et Danseuses Étoiles, on est sûr d’être entre de bonnes mains, de ne pas apprendre de choses fausses. Et il y a plus de garçons« , explique Owen. « C’est très différent des autres cours de danse que j’ai pris. On n’est pas concentré sur une chose, on voit sur le long terme« . « Chaque jour, on apprend toujours des choses différentes« , continue Alexandre. « On nous aide beaucoup, on nous fait avancer« .

Le temps de réajuster les tabliers blancs et les nattes, et il est temps de remonter sur scène pour les saluts. Saluts qui furent chaleureux pour ce soir de première. « C’est passé trop vite ! », lance Alice !. La seule petite pointe de déception vient d’Ève, « parce que je voulais faire une vraie révérence, mais on a dû faire un salut« , déception vite oubliée cependant, « les saluts ont quand même duré longtemps« . La satisfaction est partagée par Clairemarie Osta : « Ils ont appliqué les corrections et ils étaient comme des poissons dans l’eau. Je suis ravie !« . Retour à la réalité : les costumes sont remis sur les cintres, attendant la deuxième distribution qui danse le lendemain, les parents attendent en bas. « Mais moi, je ne vais pas pouvoir dormir« , prévient Lucille. 

 

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