Priscilla, folle du désert au Casino de Paris
Créée à Sydney en 2006 à partir du film culte sorti en 1994, l’adaptation française de la comédie musicale Priscilla, folle du désert connaît un beau succès au Casino de Paris depuis fin février. Au point de jouer les prolongations jusqu’au 9 juillet avant une tournée à l’automne dans toute la France. 300 costumes, 200 perruques, une trentaine d’artistes, la reconstitution sur scène de Priscilla, le fameux bus du film entièrement robotisé, un budget de plus de 4 millions d’euros : la production a mis les petits plats dans les grands. Et Philippe Hersen, producteur et déjà metteur en scène de la comédie musicale Flashdance, a vu juste en adaptant ce road-movie un peu déjanté porté par une bande-son disco explosive.
Placeurs avec boa en plumes rose, fond sonore composé de tubes disco et pop iconiques, le ton est donné avant même le lever de rideau. Mise au noir et nous voilà transporté.es dans un cabaret de Sydney. Trois divas suspendues dans les airs entonnent It’s raining men tandis que des draq queens proposent un show extravagant et euphorisant. Dès ce numéro d’ouverture avec débauche de paillettes et de tenues délirantes, chorégraphie exubérante et festive, l’esprit du film est restitué et l’ambition du spectacle revendiquée.
De Priscilla, folle du désert, on gardait en mémoire le déhanché précieux de l’acteur Terence Stamp et les chorégraphies cultes en plein milieu du désert australien interprétées par un trio improbable constitué de deux drag queens et un transexuel. Confiés à Jaclyn Spencer, danseuse et chorégraphe de la version britannique de Danse avec les stars, les passages chorégraphiés – nombreux – sont à la hauteur du souvenir, énergiques et séduisants à la limite de l’exhibitionnisme avec une gestuelle déliée et expressive.
Pour qui ne serait pas complètement réfractaire au disco, l’euphorie dégagée par les artistes est infiniment communicative. Les tableaux s’enchaînent au gré de l’intrigue dans une surenchère de costumes assez incroyable. Si les trois interprètes principaux tirent leur épingle du jeu avec beaucoup de brio – surtout David Alexis qui campe avec sensibilité et élégance Bernadette, le personnage transgenre – certains passages flirtent parfois avec une outrance qui confine au mauvais goût. Rien toutefois qui ne puisse émousser la bonne tenue du show et les trouvailles scéniques, comme l’habile jeu de paravents lors de la représentation ultime des trois reines de la nuit.
Au final, le spectacle n’est jamais aussi réussi que lorsqu’il égrène les références à l’iconographie de la pop culture : les danseur.se.s embarqués sur du Madonna avec corsets aux seins coniques dessinés par Jean-Paul Gaultier pour le Blond Ambition Tour ou en combinaison blanche pour une évocation au cordeau du Can’t Get You Out Of My Head (« Lalala lalalalala ») de Kylie Minogue. Et quand Pierre-Antoine Brunet, impeccable doublure danse de David Alexis, joue les meneuses de revues pleine d’abattage dans un tableau onirique très réussi, plane le souvenir de Mistinguett ou Zizi Jeanmaire, illustres prédécesseuses qui, en leur temps, ont descendu l’escalier du mythique Casino de Paris.
Priscilla, folle du désert de Stephan Elliott et Allan Scott au Casino de Paris. Mise en scène et adaptation de Philippe Hersen assisté de Corinne Puget et de Marion Gallet. Chorégraphie de Jaclyn Spencer. Costumes de Frédéric Olivier. Avec David Alexis (Bernadette), Laurent Bàn (Dick), Jimmy Bourcereau, (Felicia), Yvonnick Muller (doublure Dick), Pierre Antoine Brunet (doublure Bernadette). Jeudi 4 mai 2017. À voir jusqu’au 9 juillet au Casino de Paris, puis en tournée dans toute la France à partir du 20 octobre.
Sissi
Bonjour ! Très bel article mais sauf si vous avez vu une représentation spéciale la doublure danse de la jeune Bernadette sur le tableau a fine romance est Pierre Antoine Brunet ! Yvonnick Muller double bien Bernadette mais en tant que doublure rôle en cas d’absence ! En revanche il campe le détestable Francky dans Hot Stuff et l’agression de Felicia !
Mitzi
Sissi a tout à fait raison, Yvonnick double Bernadette pour le chant et la comédie, il est présent sur le tableau A Fine Romance mais ce n’est pas lui qui incarne la jeune Bernadette (mais bien Pierre Antoine Brunet, tout à fait brillant, je partage). Je salue également la qualité des photos, l’article est très agréable. 🙂
colozzi claudine
Merci et mille excuses ! Et un immense mea culpa 😉