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Une année au LAAC – Danses au Louvre

Pendant notre année au LAAC, L’Atelier d’Art Chorégraphique créé par Clairemarie Osta et Nicolas Le Riche, nous avons suivi les élèves en apprentissage de L’Après-midi d’un Faune et de La Bayadère. Après les répétitions, place à la pratique. Les apprenties et les pros du LAAC se sont en effet glissé dans le public du Musée du Louvre le 17 mai dernier pour réinterpréter ces pièces, ainsi que Syrinx, au milieu des visiteur.se.s qui ne s’attendent pas forcément à se retrouver nez à nez avec des danseur.se.se. Le tout accompagné par le violoncelliste Matthieu Lecoq et deux flûtistes élèves au CRR de Paris. 

 

En répétition…

Tout démarre la veille pour la répétition générale au Musée du Louvre. La Cour Marly, la Cour Pujet et la Petite galerie, où vont danser les élèves du LAAC, sont vides de tout public. Seules les statues observent les danseur.se.s et les musicien.ne.s. Les apprenties préparent la variation de Nikiya de La Bayadère accompagnées à la flûte, les pros dansent un duo autour de Syrinx toujours avec une flûtiste, ainsi qu’Une Après-midi et L’après-midi d’un Faune avec le violoncelliste Matthieu Lecoq, qui accompagne au quotidien leur cours de danse. Le soleil chauffe à travers la grande verrière tandis que Clairemarie Osta et Nicolas Le Riche distillent leurs derniers conseils.

Le lendemain, l’ambiance est tout autre. Les visiteurs et visiteuses ont investi les lieux et ne s’attendent pas à voir autre chose que des oeuvres d’art, la performance du LAAC n’ayant volontairement pas été annoncée. Dans l’escalier qui mène à la Cour Marly, la tension monte, tout comme la concentration. « Allez, on y va !« , lance Clairemarie Osta. Les apprenties, les 13-17 ans, entrent en piste. Tout démarre dans la Petite galerie où se tient une exposition sur la danse. Les filles commencent à danser la première variation de Nikiya répartie dans l’espace, accompagnées par une flûtiste. Au départ surpris, le public commence à tourner autour des jeunes ballerines, un touriste se met à filmer. La variation prend fin, mais pas le spectacle. La flûtiste reprend son air et, suivie par les jeunes danseuses, entraîne les visiteur.se.se dans la Cour Marly, où les filles reprennent leur variation. Au milieu des statues, l’espace se fait scène. Le public se place naturellement sur les marches d’escalier, entoure l’espace et dessine un plateau invisible. Il se fait réceptif à ce qui se passe. « C’est bien de danser aussi près du public« , analyse Jesse, un pro. « Ça oblige à ne pas lâcher le personnage. Il faut assumer son rôle jusqu’au bout« . « On sent que les gens ne viennent pas pour voir un spectacle. C’est ça qui crée la surprise et qui est super« , continue Emma. « Un autre regard se crée« . 

 

… Et en spectacle

Les jeunes danseuses terminent leur variation ensemble, comme un petit ballet, avant de se transformer en flâneuse et de regarder les statues qui les entourent. Mais la musique reprend. Une autre flûtiste, installée plus haut, entame Syrinx de Claude Debussy, incitant le public à se déplacer. En haut, c’est un duo de pros qui démarre, avec Jesse et une danseuse. En face, la Cour Pujet a droit à un autre spectacle. Quelques danseuses en robe rouge et Matthieu Lecoq prennent possession de l’espace pour Une Après-midi, entre quelques arbres. Un dessinateur et une visiteuses, le nez dans son livre, sont installé.e.s, et ne se rendent pas compte du ballet qui se met en place autour d’eux. Relevant les yeux de son livre, la visiteuse hésite quant à ce qu’elle doit faire, et décidé finalement de rester à sa place, au milieu de la danse. Le dessinateur a pour sa part repris ses crayons pour quelques croquis. Certaines filles débordent du cadre de la scène et se mettent à danser dans le public, quitte à quelques collisions évitées de justesse avec un photographe d’un jour déconcentré. « Cette proximité avec le public peut parfois être gênante« , raconte Emma. « Mais c’est aussi intéressant de jouer un peu avec eux. Certaines personnes peuvent vraiment me regarder dans les yeux pendant que le danse« . 

Le son de la flûte a repris dans la Petite galerie, avec le retour des apprenties et de La Bayadère. Et tout recommence, certains étudiant.e.s s’échangeant les rôles. Le public se fait de plus en plus nombreux autour des élèves, comprenant le cheminement qui lui est proposé. « Cette présence du public rend le tout beaucoup plus juste au niveau des personnages« , analyse Jesse. « Il y a avait toujours quelque chose de différent. Chaque ballet a été dansé quatre fois, mais à chaque fois c’est la première fois. Nous étions vraiment dans du spectacle vivant« . Cette proximité a aussi incité les jeunes danseurs et danseuses à laisser plus de place à l’instant présent. « Nous avons improvisé des débuts, des fins« , continue Jesse. « On a beaucoup plus joué entre nous, avec les statues, le public. Il y a des choses qui sont sorties toutes seules et qui n’étaient pas venues en répétition« . Avant de repartir en coulisse, il pose avec sa partenaire pour une touriste qui veut immortaliser le moment. Sous la verrière, le soleil a disparu pour laisser place aux nuages de l’orage qui ne tardent pas à éclater. Seules les statues restent impassibles.  

 

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