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[Sortie ciné] Dans les pas de Trisha Brown de Marie-Hélène Rebois

En 2013, Glacial Decoy, pièce emblématique de Trisha Brown, faisait son entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris. La réalisatrice Marie-Hélène Rebois était présente en répétition pour filmer ces instants de transmission. Son film dont est issu ce travail, Dans les pas de Trisha Brown, sort au cinéma le 6 septembre, quelques mois après le décès de la chorégraphe le 18 mars dernier. Sans que la chorégraphe n’apparaisse à l’écran (si ce n’est à travers des images d’archive), le film dresse son portrait tout en ambivalence et complexité, se rapprochant au plus près de sa façon de danser, de sa façon de voir et percevoir la danse. Un documentaire aussi intéressant que touchant, même si la réalisatrice ne peut s’empêcher de rester dans une certaine contemplation fascinée (ha, les escaliers du Palais Garnier), sans laisser la parole aux danseuses.  

 

Dans le studio du Palais Garnier, elles sont quatorze femmes. Il y a les danseuses de l’Opéra de Paris choisies pour danser Glacial Decoy de Trisha Brown, Caroline Bance, Miho Fuji, Letizia Galloni, Claire Gandolfi, Christelle Granier, Juliette Hilaire, Laurence Laffon, Caroline Robert, Gwenaëlle Vauthier et Séverine Westermann. Il y a les deux répétitrices, Lisa Kraus et Carolyn Lucas. Il y a l’ombre de Trisha Brown, absente car déjà trop malade pour s’occuper désormais de la transmission de ses propres oeuvres, mais bien présente cependant. Et il y a la réalisatrice Marie-Hélène Rebois. Elle filme les répétitions – tout ou presque du film se déroule dans le même studio -, les transmissions du geste, l’apprentissage d’une autre façon de danser par les artistes de l’Opéra de Paris. Elle filme sans commenter, en laissant aux gestes le temps de s’installer, de se former, de se complexifier. 

Dans les pas de Trisha Brown a ainsi un côté un peu aride au début, avec toutes ces répétitions qui se suivent sans que l’on saisisse forcément tout l’enjeu présent dans le studio. Un peu, finalement, comme face à une pièce de Trisha Brown, il faut prendre le temps de se laisser emporter, de laisser on oeil et son esprit se faire à une autre façon de danser, sans forcément se poser de question. Petit à petit, des images d’archive de la création de Glacial Decoy, créé en 1979, se superposent à ce qui se passe en 2013. Petit à Petit, c’est Trisha Brown qui apparaît, c’est son portrait qui se dessine. Elle n’est pas présente dans le film, pourtant toutes les images parlent avec une grande justesse de sa danse. Au fur et à mesure se dresse aussi en contre-point un autre portrait, celui de la lumineuse Lisa Krause, chargée de transmettre ce répertoire, elle qui l’a si souvent dansé. Trisha Brown se dessine par des paroles, par des archives, par ces moments de répétition sans commentaire, le trait se faisant de plus en plus fin au fur et à mesure du film.

Dans les pas de Trisha Brown de Marie-Hélène Rebois

Marie-Hélène Rebois ne contourne pas cependant le piège dans lequel tombe souvent les réalisateurs et réalisatrices face au Palais Garnier : une certaine fascination. Dans les pas de Trisha Brown n’échappe pas ainsi aux éternels gros plans sur les fenêtres des coupoles, sur la vue depuis les toits et sur la certaine perfection du corps des danseuses. Même si, curieusement, la réflexion sur le corps classique s’appropriant la gestuelle de Trisha Brown est laissée de côté. L’enjeu y est pourtant énorme, il n’est finalement que très peu abordé. Et aucune des danseuses n’a droit à la parole, alors que leur regard sur la façon de se faire à ce répertoire aurait été passionnant. Surprise aussi avec cette faille temporelle de voir Brigitte Lefèvre – la Directrice de la Danse de l’époque – être interviewée sans aucune remise dans son contexte. Il s’en est passé des choses depuis à l’Opéra (les sols du studio de répétition n’étaient d’ailleurs pas encore changés, les habitué.e.s auront repéré le lino ancien) ! La revoir en tant que patronne donne l’étrange impression d’être replongé – déjà – dans une autre époque. 

 

Dans les pas de Trisha Brown, Glacial Decoy à l’Opéra de Marie-Hélène Rebois – 1h20 – France – Sortie en salles françaises le 6 septembre 2017. 

 

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