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La Terpsichore de Béatrice Massin

Mardi 9 octobre 2012. Terpsichore de Béatrice Massin, par la Compagnie Fêtes galantes, à l’Opéra Royal de Versailles. Musique interprétée par Les Talents Lyriques, avec Sabina Puertolas (Erato), Marianne Beate Kielland (Apollo) Paul Crémazy et Jussi Lehtipuu au chant.

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La danse est décidément un art qui ne finira jamais de se renouveler. Pour écrire une œuvre résolument contemporaine, il n’y a même pas forcément besoin d’aller chercher une nouvelle gestuelle. Parfois, se retourner sur le passé suffit, reprendre ces danses anciennes, ces pas académiques, et les explorer à nouveau pour leur donner une saveur absolument moderne.

Remonter un ballet baroque ne peut pas se faire, car il ne reste plus de trace de la chorégraphie d’origine. Pour reprendre ce Terpsichore, Béatrice Massin n’a donc pas cherché à deviner ce que cela aurait pu être, mais s’est servie des codes de l’époque tout en leur redonnant un nouvel élan. Sa danse baroque est débarrassée de tout ce qui est encombrant. Pas de décor rutilant (si ce n’est l’Opéra Royal de Versailles qui se suffit à lui-même), mais des murs et un sol blanc. Pas de costumes d’époque tout en broderies et chaussons à petits talons, mais des pieds nus, et des costumes simples dont seules les lignes rappellent le XVIIe siècle.

Et cette certaine simplicité ne permet que de mieux apprécier cette danse, d’une absolue finesse et légèreté. Le bas de jambe est léger, rapide dans les sauts, précis. Le haut du corps est droit, avec cette position des bras si particulière, coudes et poignets légèrement repliés. Quatre danseurs et danseuses sont sur scène, occupant l’espace dans une démarche bien contemporaine. La Terpsichore de Béatrice Massin ne raconte pas d’histoire, mais reflète une recherche sur le rapport à l’espace, à la musique. Le passé n’est pourtant pas bien loin. Les ombres des danseurs se reflètent sur un mur blanc à gauche de la scène, multipliés sous l’effet des projecteurs. Et c’est comme si l’on revoyait une danse de cour, un bal où des dizaines de personnes se croisent sans jamais se rentrer dedans, portés par la chorégraphie.

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De blanc, les costumes passent petit à petit au très coloré, voir au rose fluo. Dans la fosse, le chant a commencé. Les chanteuses répondent aux danseuses, et vice-versa, même si chacun semble paradoxalement mener sa vie de son côté de la rampe. Les taches de couleurs sont comme des peintures, redéfinissant l’espace. Cette danse baroque est toujours aussi ciselée, surtout qu’elle semble ici aller plus vite, jouant sur le rapport entre les danseurs. Là encore, chacun se répond, tout en gardant son propre espace de danse.

Terpsichore n’est pas forcément, dans la danse du moins, une œuvre flamboyante. La chorégraphe semble justement avoir mis un point d’honneur à ne pas encombrer les pas, à les laisser les plus purs possible, comme une étude de style. L’on pourrait presque parler d’austérité face à ces décors blancs. La musique se charge donc d’apporter ce brio, sur les partitions de Jean-Féry Rebel et Haendel. L’œil n’a d’ailleurs pas à se focaliser uniquement sur ce qui se passe sur scène, mais peut vagabonder dans la fosse sans perdre le fil. C’est un tout.

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J’avoue être ressortie assez fascinée par ce spectacle si précis et musical, et tellement moderne. La danse baroque n’a pas fini de se fondre dans le XXIe siècle.

Terpsichore par la compagnie Fêtes galantes, en tournée durant la saison 2012-2013.

Programme musiques et danses baroques françaises jusqu’en décembre 2012 à l’Opéra Royal de Versailles.

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