[Exposition] Les Contes de Fées au Centre National du Costume de Scène de Moulins
Contes de Fées : c’est le titre de la superbe exposition que propose le Centre National de Costume de Scène de Moulins. Un voyage à travers les légendes qui ont bercé notre enfance et nourries le répertoire de ballets et d’opéras. De Casse-Noisette à la Fée Carabosse, de Blanche-Neige à la Belle au Bois Dormant, l’exposition rassemble 150 costumes qui ont enchanté les productions sur scène et nous plonge grâce à la scénographie élégante et pertinente d’Alain Batifoulier et Simon de Tovar dans un musée transformé en palais enchanté.
Quelle belle idée que celle de la directrice du musée, Delphine Pinasa, d’imaginer une thématique aussi fondamentale dans les arts du spectacle vivant. On sait depuis la Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim toute l’importance que revêtent ces histoires signées de Charles Perraut, des frères Grimm ou de Hans Christian Andersen pour ne citer que les plus emblématiques. « Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu’exige notre passage le l’immaturité à la maturité », écrit Bruno Bettelheim en 1976. On pressentait déjà avant lui que ce genre littéraire n’était pas aussi innocent qu’il paraît. Martine Kahane, commissaire de l’exposition et ancienne directrice du musée, a fait un travail formidable pour rassembler et présenter ces costumes de manière à la fois ludique et pénétrante.
Les balletomanes y trouveront leur compte, ravi.e.s de découvrir ou revoir des costumes portés dans les productions de Rudolf Noureev, de Jean-Christophe Maillot ou de Thierry Malandain. C’est aussi l’occasion d’élargir son univers vers des artistes moins connu.e.s mais dont la démarche mérite qu’on s’y arrête. Ainsi la salle consacrée à Peau d’Ane, chorégraphiée par Marie-Geneviève Massé, directrice de la Compagnie de danse baroque, fait découvrir les costumes décalés et inventifs d’Olivier Bériot. On retrouve avec bonheur ceux de Casse-Noisette dans l’ancienne production du Ballet du Capitole confrontée à la vision plus récente de Jeroen Verbruggen pour le Grand Théâtre de Genève. Tout aussi fructueuse est la mise en miroir des productions de La Belle de Jean-Christophe Maillot des Ballets de Monaco et celle de Thierry Malandain pour le Malandain Ballet Biarritz : preuve qu’un même conte mis en scène aujourd’hui peut susciter des images et des costumes très différents.
Nul besoin cela dit d’être un.e balletomane ou un.e amateur.rice d’opéra aguerri.e pour être charmé.e par cette exposition : il suffit juste de trouver en soi ce que nous avons gardé de notre âme d’enfant, se souvenir de nos peurs et de nos émerveillements pour plonger avec délice dans l’univers impitoyable des contes de fées.
Exposition Conte de Fées au Centre National du Costume de Scène. Directrice : Delphine Pinasa. Commissaire de l’exposition : Martine Kahane. Scénographie : Alain Batifoulier et Simon de Tovar. Jusqu’au 4 novembre 2018.