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[Montpellier Danse] aSH – Shantala Shivalingappa magnifiée par Aurélien Bory

Aurélien Bory achève sa trilogie consacrée aux portraits de femmes en mettant en scène la danseuse virtuose Shantala Shivalingappa qui a popularisé en France l’art du kuchipudi, cette danse classique ancestrale indienne. Le nom du spectacle aSH reprend les initiales et la dernière lettre du nom de Shantala Shivalingappa. Mais il  fait aussi référence à la signification anglaise, cendre qui apparaitra à un moment du spectacle. Dans un dispositif scénique à la géométrie impeccable, Aurélien Bory offre un écrin pertinent dans lequel Shantala Shivalingappa développe sa danse majuscule.

aSH d’Aurélien Bory – Shantala Shivalingappa

C’est en Allemagne, au hasard des coulisses d’un théâtre qu’Aurélien Bory a rencontré Shantala Shivalingappa. Et le chorégraphe a été immédiatement séduit et intrigué par son art composé de ses influences multiples. Née à Madras en Inde, élevée à Paris, Shantala Shivalingappa a dansé chez Pina Bausch et avec Sidi Larbi Cherkaoui, renouvelant le kuchipudi en le mixant avec d’autres influences. Mais il fallut dix ans pour que cette rencontre aboutisse et donne ce spectacle aSH, créé à Montpellier Danse 2018. Rencontre fructueuse où se conjugue les univers très différents de ces deux artistes. Shantala Shivalingappa en est le centre de gravité, occupant la scène  en solo plus d’une heure avec une danse haletante et ciselée. Fidèle à l’art du kuchipudi, elle développe un jeu de bras et de mains envoutant, toujours parfaitement accordé aux percussions jouées sur scène par Loïc Schild.

Mais le troisième acteur essentiel d’aSH, c’est cette scénographie active imaginée par Aurélien Bory, à la fois simple et sophistiquée comme il aime à les créer. Il s’agit essentiellement d’une immense toile accrochée en fond de scène  qui sert au début du spectacle d’écran géant où se projettent des colonnes – à moins que ce soit des arbres – qui se mettent à bouger, s’agiter comme emportés par le vent face à Shantala Shivalingappa. Elle ouvre ensuite son bal personnel, toute à son affaire, occupant l’espace avec une force incroyable et une précision de gestes jamais prise en défaut. Cette toile va aussi devenir un instrument de musique pour imiter le bruit du vent avant d’être mise en mouvement, devenant tout à coup une immense vague, presque un tsunami.

Shantala Shivalingappa dans aSH d’Aurélien Bory.

Le plus surprenant arrive avec une deuxième séquence dans laquelle Shantala Shivalingappa s’empare d’une brosse à peindre géante avec laquelle elle dessine sur la toile au sol des cercles concentriques de plus en plus larges. Puis à l’aide d’un tamis, elle refait le même parcours emplissant ses cercles de poudre blanche. C’est alors qu’elle pénètre à nouveau dans cet espace pour à son tour dessiner avec les pieds  des cercles dans les cercles. Une fois la toile couverte, elle remonte à la verticale, laissant paraitre une oeuvre géante d’où s’échappe cette poudre blanche qui soudain, comme par magie, se transforme en cendres. On reste médusé par la beauté du propos. Il n’est pas utile de raconter la fin du spectacle mais on peut regretter qu’Aurélien Bory ait ajouté comme un post-scriptum, dévoilant les secrets de sa scénographie avec un tetris lumineux géant qui au bout  du compte affadit le propos.

Cela ne  diminue en rien la puissance de ce spectacle, fusion réussie de cultures occidentale et asiatique, alliance idéale du théâtre et de la danse. Après Montpellier Danse, aSH part en tournée. Parions qu’il va se bonifier.

Shantala Shivalingappa dans aSH d’Aurélien bory.

 

aSH conçu par Aurélien Bory et interprété par Shantala Shivalingappa au hTH/Grammont, dans le cadre de Montpellier Danse. Jeudi 28 juin 2018. À voir en tournée en FranceMontpellier Danse continue jusqu’au 7 juillet.

 

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