TOP

Rencontre avec Anaëlle Mariat, TOP 12 au YAGP 2018 et danseuse au CNSMDL

À 18 ans, Anaëlle Mariat est étudiante en deuxième année dans le cursus danse classique du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon (CNSMDL). Cette saison, elle a réussi un très joli parcours au Youth America Grand Prix (YAGP), finissant dans le Top 12 Senior lors de la grande finale à New York, sur plusieurs centaines de filles présentes au début du concours. De la demi-finale à Paris à ses semaines new-yorkaises, elle revient sur cette riche expérience et nous explique de l’intérieur ce concours très particulier, l’un des plus importants du monde de la danse et véritable institution aux États-Unis, où se presse chaque année des milliers de jeunes danseurs et danseuses venu.e.s du monde entier.

Anaëlle Mariat lors de la finale du YAGP

 

La finale du YAGP a eu lieu en avril. Avec quelques semaines de recul, quel regard portez-vous sur cette expérience ?

C’est passé très vite ! Et j’en garde un beau souvenir. C’était une expérience très enrichissante et qui m’a fait beaucoup grandir, autant dans la danse que le reste. Je suis en fait restée un mois à New York, combinant la finale et un stage. Je suis partie seule et j’ai habité dans une famille d’accueil pendant trois semaines, avant que ma mère ne me rejoigne pour le concours.

 

Comment avez-vous eu envie de présenter le YAGP ? Avant la finale à New York, il faut passer par la demi-finale européenne qui a lieu à Paris.

Je n’ai jamais fait de concours. Je connais le YAGP depuis très longtemps et ça m’était toujours un peu resté dans la tête. En discutant avec deux autres filles de ma classe au CNSMDL, nous nous sommes rendu compte que nous avions toutes envie de tenter l’expérience. On en a parlé avec beaucoup de prudence, personne, je crois, n’avait jamais fait ce concours à Lyon. Je voulais tenter le YAGP pour l’expérience, pour travailler une variation du répertoire, la faire sur scène et en costume, rencontrer ces grands directeurs et directrices d’école, faire les master-class à l’École de Danse de l’Opéra. À aucun moment je ne me suis dit que j’irais peut-être à New York.

 

Qu’en ont pensé vos professeur.e.s ? Le CNSMDL présente peu d’élèves en concours, si ce n’est jamais.

Nous avons expliqué que nous ne faisons pas ça pour gagner la médaille d’or, mais pour l’opportunité, l’expérience. Notre nouveau directeur des études chorégraphiques Davy Brun a tout de suite donné son accord. La demi-finale européenne était en novembre, c’est ce qui a rythmé notre début d’année. Nous avons travaillé notre variation en cours avec notre professeure Marie-Françoise Géry. Nous avions chacune une variation, j’avais pour ma part choisi celle de La Belle au bois dormant.

Anaëlle Mariat

Pourquoi ce choix de variation ?

Je l’avais en tête depuis longtemps. La Belle au bois dormant me correspond d’un point de vue chorégraphique. Je ne suis pas une danseuse très technique, qui saute et tourne beaucoup. J’aime par contre tout le travail de pied, le style de la variation. Nous avons des cours de variation à Lyon, mais nous n’avions pas travaillé celle-là. Mais elle a un temps été souvent dansée au Prix de Lausanne, un concours que je suis beaucoup. Je me souviens avoir été en admiration devant ces filles qui dansaient si bien Aurore. J’avais envie de la travailler, de la faire à ma façon, je suis partie sur ça. Pour la demi-finale, nous n’avions qu’une variation classique, et une variation facultative contemporaine que j’ai choisie de ne pas faire.

 

Comment avez-vous travaillé cette variation ?

Je la passais pendant nos cours de variation, deux fois par semaine, avec Marie-Françoise Géry. Puis je réservais des studios au CNSMDL pour la travailler. Je l’ai aussi travaillée avec ma première professeure de danse à Meyzieu, dans la banlieue de Lyon, aussi au CRR de Lyon avec Nathalie Delassis. La demi-finale était juste après les vacances de la Toussaint. Ça a donc été un mix de travail personnel et de travail en cours, et ça a vraiment été un projet très abouti.

 

Sur quoi ont insisté vos professeures ?

Marie-Françoise Géry a beaucoup travaillé le style. Ce n’est pas juste une variation « gnangnan ». Aurore se marie, elle n’a plus 16 ans, elle devient une femme. Elle m’a beaucoup incité à imaginer tout un décor, mes parents roi et reine, le prince, la cour… On a travaillé toute cette qualité de mouvement à la française. J’ai vraiment essayé de miser là-dessus, notamment lors de la finale à New York, ce chic à la française, de ne pas être dans la démonstration mais de raconter une histoire.

 

D’où venait votre tutu ?

Le CNSMDL m’a prêté un tutu blanc tout simple que j’ai customisé avec l’aide de ma mère.  On a rajouté de la dentelle, des paillettes, ce genre de chose.

 

Comment se déroulent les quelques jours de la demi-finale à Paris ?

Ces 3-4 jours sont passés assez vite. J’avais une master-class par jour avec les autres filles de ma catégorie, les 17-19 ans, dans les locaux de l’École de Danse de l’Opéra de Paris, à Nanterre. Ce sont des cours donnés par les membres du jury, pas obligatoires mais fortement conseillés ! C’était la première fois que je mettais les pieds dans les locaux de Nanterre, c’était tout de même un rêve (sourire). Pour le passage en scène, il n’y avait pas de répétition au théâtre, on a juste eu le temps de placer la variation ¼ d’heure toutes ensembles. Nous passions notre variation une première fois, puis les sélectionnées la repassaient une seconde fois, ce que j’ai trouvé très agréable : on a le temps de s’habituer à la scène et on peut mieux se faire plaisir.

 

Comment est l’ambiance ? Il y a énormément de monde qui se présente à cette demi-finale.

Tout a commencé par une master-class à l’École de Danse… Et oui, il y a beaucoup de monde ! Rien qu’en cours, nous étions une trentaine. Mais on passe finalement peu de temps ensemble, c’est un peu « Je viens prendre la master-class et je repars ». J’ai donc peu vu les autres candidates, je suis surtout restée avec les deux autres filles du CNSMDL. Nous avions notre planning bien défini longtemps à l’avance et tout est très bien organisé, nous savions toutes à quelle heure arriver au théâtre, même si l’attente est parfois longue. Il y avait tout de même une bonne ambiance en coulisse, j’ai retrouvé des filles avec qui j’avais fait des stages d’été.

 

Qu’avez-vous pensé du niveau de cette demi-finale ?

Il y a tellement de monde, et qui viennent de partout, qu’il y avait vraiment de tout. Je n’ai pas vraiment regardé le concours, mais mes parents qui étaient dans la salle m’ont dit qu’il y avait de grosses différences de niveau, que l’on voyait bien les filles qui avaient plus ou moins d’heures de danse dans les jambes. Certaines aussi se remarquaient tout de suite, comme Aviva Gelfer-Mundl qui a fini première de cette demi-finale et qui a été récompensée à Lausanne.

Anaëlle Mariat lors de la demi-finale parisienne du YAGP

Quelles étaient vos ambitions ?

J’espérais vraiment accéder au deuxième tour à Paris, même si je n’ai pas été très contente de mon premier passage, j’ai un peu raté mon manège. Mais j’ai été sélectionnée et le deuxième tour s’est bien mieux passé. Finalement, j’ai été classée dans le Top 12 de cette demi-finale, j’ai gagné une bourse pour un stage de 15 jours à l’ABT JKO School et le stage de l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Au moment des résultats, je ne pensais pas partir pour la finale à New York. Le fait d’être dans le Top 12 ne suffit pas, il faut avoir au moins 95 points et je n’en avais que 93,5. Mais lorsque les résultats officiels ont été publiés dix jours plus tard, je faisais partie des sélectionné.e.s pour New York. C’est le jury qui choisit au final.

 

Vous avez d’ailleurs eu des commentaires du jury ?

Nous pouvons voir les appréciations. Forcément, j’ai eu des corrections sur mon manège que j’avais un peu raté la première fois. Le conseil de détendre la nuque revenait souvent. Cela reste néanmoins succinct car tous les candidats et candidates s’enchaînent très vite. Les membres du jury ne laissent parfois que deux ou trois mots, parfois seulement la note. Ils ont aussi de petites cases qu’ils peuvent cocher pour dire « Bien » ou mettre une croix pour « À travailler ». J’ai eu pas mal de « Bien » pour le travail de pied, la qualité de mouvement, etc.

 

Quel est votre sentiment en comprenant que vous êtes sélectionnée pour la finale à New York ?

J’étais déjà très contente d’avoir les bourses pour les stages, d’être dans le Top 12. C’était tout de même une surprise. Je savais que, dans ce genre de concours, il y aurait des bêtes de technique qui font 3-4 concours par an, qui sont très habituées à ça. Il y en a qui font le YAGP depuis l’âge de 9 ans, dans toutes les catégories. Moi, j’arrive, je n’ai jamais fait de concours, je viens pour l’expérience… Alors j’étais déjà très contente de ces quelques jours à Paris, j’en garde de très bons souvenirs. Apprendre que je suis sélectionnée pour New York… je ne m’y attendais pas du tout. Je ne savais d’ailleurs pas trop si j’allais y aller, parce que cela allait engendrer beaucoup de frais. Et question organisation, la finale était à New York en avril et je passais mon bac L en juin (ndlr : qu’Anaëlle Mariat a décroché avec mention Bien). Mais le CNSMDL m’a encouragée, m’a dit que c’était une opportunité. J’ai cherché des sponsors à Meyzieu, ma ville natale, j’ai lancé une cagnotte en ligne. Deux boutiques de danse lyonnaises (Repetto et Coppelia) m’ont aussi aidée matériellement. Et je suis partie à New York, un mois.

 

Comment vous êtes-vous préparée pour cette finale ? Il n’y a pas eu de lassitude à toujours travailler la même variation ?

J’avais un peu peur de ça mais au final, je voulais tellement bien maitriser cette variation que je n’ai pas eu le temps de me poser la question. J’ai recommencé à la travailler après notre spectacle, en février. Je l’ai reprise à fond. Contrairement à la demi-finale, j’étais cette fois-ci toute seule à la préparer, on n’allait donc pas passer les cours dessus. Mais je l’ai travaillée tous les jours avec Marie-Françoise Géry, pendant les pauses. D’autres professeurs du CNSMDL m’ont aidée, comme Stéphane Elizabé, Davy Brun, Benoît Caussé, ma professeure d’anatomie aussi qui m’a donné quelques petites pistes en plus. Pour la finale à New York, je devais aussi présenter une variation contemporaine. J’ai choisi un extrait de Light de Maurice Béjart, que j’ai travaillé avec Dominique Genevois. Avant de partir, j’ai fait une petite présentation en costume devant les élèves, pour me mettre dans le bain. Puis en arrivant à New York, j’ai pris des cours particuliers avec Isabelle Guérin et Karin Averty, que ma professeure Marie-Françoise Géry avait contactées.

 

Que vous ont apporté Isabelle Guérin et Karin Averty ?

J’ai vu Isabelle Guérin trois fois. Elle a beaucoup cherché à m’aider pour trouver des bras qui m’allaient au mieux. Elle m’a donné beaucoup de conseil pour ne pas paraître raide, de déliés dans les coudes, on a beaucoup cherché plein de petites choses qui allaient m’aider à me mettre en valeur le plus possible. Elle m’a beaucoup fait travailler toutes les intentions à mettre dans ma variation. J’ai vu Karin Averty une fois, juste avant le début du concours. On s’est penché sur le travail de pieds et mon manège qui parfois me pose des problèmes. J’ai aussi eu des cours avec elle lors de mon stage à l’ABT JKO School. Je les remercie beaucoup, c’était une sacrée chance de travailler avec elles.

 

Comment s’est déroulé ce mois à New York ?

J’ai d’abord démarré par un stage de deux semaines à l’ABT JKO School, que j’avais remporté lors de la demi-finale à Paris. Puis j’ai eu une semaine où j’ai pris des cours dans quelques centres de danse et mes cours particuliers. Puis ce fut la semaine du concours.

 

Comment s’est passé ce stage à l’ABT JKO School ?

J’étais dans le niveau Upper II, avec des filles de mon âge, et ça s’est très bien passé, j’étais ravie des 15 jours passés là-bas. Tout le monde était très accueillant, aussi bien les élèves que les équipes. Les élèves vont au lycée ou à l’université le matin, les cours de danse démarrent à 14h. Mes deux semaines là-bas tombaient pendant la préparation de leur spectacle, il y avait donc des répétitions à la place de certains cours secondaires. C’était assez impressionnant, j’avais parfois l’impression de m’incruster complètement dans leurs cours. Mais c’était vraiment bien. J’ai pu profiter un maximum, je n’étais pas du tout de côté, les professeur.e.s s’occupaient de moi.

Anaëlle Mariat dans les coulisses du YAGP à New York

Comment se déroule un cours de danse classique dans cette école ?

Le cours dure 1h45, donc un peu plus longtemps que chez nous. On a ainsi le temps de faire plus de sauts, plus de technique, trois exercices de dégagés s’il le faut. Mais les filles étaient très nombreuses en cours, elles étaient 16 et il y avait des absentes, alors que nous ne sommes que six filles dans notre classe au CNSMDL. La professeure n’a pas le temps de s’occuper de chaque fille, de donner des corrections personnelles. Il s’agit plus de corrections d’ensemble, cela fait ainsi plus training que cours. C’était un bon niveau, mais je n’ai pas non plus été dépassée, alors que j’avais un peu peur de ça. C’était quand même une très belle classe, mais on n’a pas de quoi rougir à Lyon !

 

Qu’est-ce qui vous a marqué chez les filles de votre classe ?

Elles avaient toutes une danse qui coule, très fluide, une façon de bouger très libérée, un très joli haut du corps. Et elles étaient toutes très ensemble. Elles ont le même style, la même façon de danser, les mêmes ports de bras. C’était assez impressionnant.

 

Place au YAGP et la finale à New York, qui dure sur une semaine. Comment se déroulent les épreuves ?

Le premier tour et les master-class se passent au Purchase College, un campus spécialisé dans les arts avec un théâtre assez éloigné du centre-ville. C’était compliqué d’y aller, mais les installations étaient superbes et il y avait beaucoup de studios. On avait une master-class par jour avec les filles de ma catégorie, et comme il y avait beaucoup de studio, 20 minutes par jour chacune dans une salle pour travailler notre variation. On pouvait aussi participer au Grand Défilé, mais les répétitions avaient lieu le soir et comme je voulais surtout me concentrer sur ma variation, j’ai choisi de ne pas le faire. Le troisième jour, nous avons passé notre variation contemporaine, le quatrième jour notre variation classique. Et les 25 sélectionné.e.s, dont je faisais partie, se sont retrouvé.e.s à la fin de la semaine pour la grande finale, au David H. Koch Theater du Lincoln Center de Manhattan, à New York.

 

Le niveau est bien différent de la demi-finale à Paris ?

Cela n’a rien à voir. Mon groupe avait un excellent niveau. Dès la première master-class, j’ai vu que toutes des filles avaient de beaux pieds, de belles jambes, une très belle danse l’ensemble. Je me suis même demandée si j’étais à ma place au milieu de toutes ces filles qui tournent, qui lèvent les jambes. Je me suis donc dit qu’il fallait que je joue ma carte du choix français, de la qualité, du style. D’autant plus que pour l’ultime tour, nous n’était plus que 25 filles de mon âge.

 

Le YAGP est un concours international. Il y a un petit côté « French team » qui se met en place entre tous les Français et Françaises ?

C’est drôle parce que ma première master-class au YAGP de New York était avec Muriel Hallé ! À New York, on était peu de candidat.e.s français.es, alors on se soutenait. Je partageai ma loge avec une autre Française, Florence Joffre. J’ai aussi croisé Thomas Brun qui est à l’ABT JKO School. On vient de la même petite école à Meyzieu, on a fait le CRR de Lyon ensemble, puis il est parti au CNSMDP et moi au CNSMDL. C’est drôle de se retrouver à New York !

Anaëlle Mariat lors de la finale du YAGP

Qu’avez-vous ressenti en apprenant que vous faisiez partie des 25 sélectionnées pour la grande finale, après le premier tour ?

J’étais vraiment très, très contente. Je suivais des filles sur les réseaux sociaux depuis pas mal d’années, que j’admirais beaucoup et qui n’ont pas forcément été sélectionnées. Nous étions plusieurs centaines de filles de mon âge lors des demi-finales organisées un peu partout dans le monde, nous n’étions plus que 94 à New York, et plus que 25 en finale. Et je faisais partie des 25. C’était génial d’être là.

 

Comment se déroule la finale ?

C’est presque comme un spectacle. Il y avait 25 juniors et 25 seniors, filles et garçons. Par rapport au reste de la semaine, cela ne faisait pas tant de candidat.e.s à voir pour le jury ! La veille, nous avons pu passer notre variation un.e par un.e sur scène et en costume.

 

Et qu’est-ce que cela fait de découvrir la salle du Lincoln Center ?

C’est une grande scène mais ce n’est pas le plus impressionnant. Le plus impressionnant, c’est la taille de la salle. Elle est immense. Quand on lève les yeux, on voit le lustre. Je n’ai jamais dansé dans une salle aussi grande, c’était incroyable. Et c’est aussi ce qui motive pour en profiter au maximum : danser devant une telle salle, cela n’arrivera pas une deuxième fois !

 

Comment gère-t-on le stresse d’une finale ?

J’ai forcément stressé parce que je voulais bien faire. Mais ça s’est très bien passé, Je voulais surtout profiter et prendre du plaisir. C’est d’ailleurs ce que nous a conseillé Larissa Saveliev, la directrice du YAGP, juste avant que la finale ne commence : « Enjoy !« .

 

Comment est l’ambiance d’une finale du YAGP ?

Le public est très réactif, bien plus qu’à Paris, et c’est impressionnant. Dès qu’un garçon se mettait à faire un saut impressionnant, une fille à faire quatre ou cinq tours, le public se mettait à hurler. Quand ton tour approche et que tu entends ça… J’ai donc essayé de jouer ma carte un peu différente. Au final, cela a dû plaire puisque j’étais dans le Top 12.

Anaëlle Mariat lors de la finale du YAGP

Comment sont annoncés les résultats ?

Deux jours plus tard. Le lendemain de la finale, nous sommes tous conviés au gala Stars of Today Meet the Stars of Tomorrow, après notre dernière master-class. Le surlendemain de la finale a lieu la cérémonie au Lincoln Center. Ça dure un certain temps. Il y a la présentation du jury, les discours, les remerciements aux sponsors. Ils appellent le Top 12 des 9-12 ans, puis celui des Juniors et enfin celui des Seniors. Il n’y a pas de classement dans le Top 12, ils annoncent dans l’ordre des numéros. On monte sur scène, ils nous donnent un diplôme et on salue. Puis ils donnent les trois premiers prix et les prix spéciaux, comme le Prix jeune espoir ou le Grand prix, qui n’a pas été attribué cette année. Il y a enfin l’annonce des bourses. Et tout se termine avec une grande fête, un buffet et de la musique, à l’américaine !

 

Vous avez pu aussi avoir des retours du jury ?

Nous n’avions pas spécialement de temps avec lui. Mais comme les master-class sont en général données par des membres du jury, ils ont déjà pu nous donner des corrections en cours. J’ai parlé avec Muriel Hallé, qui m’a dit que je pouvais oser plus dans les épaulements et que j’insiste sur le travail du haut. On a un peu discuté de la suite, elle m’a encouragée à tenter le Concours externe de l’Opéra de Paris.

 

Vous avez fait partie du Top 12, mais vous n’avez pas eu de bourse. Cela n’a pas été une déception ?

Quand j’ai entendu mon nom dans le Top 12, j’étais vraiment très contente. Il y a une vraie euphorie. Repartir sans rien, cela fait un peu bizarre car j’avais eu des bourses à Paris. Mais je m’étais préparée à ça pour ne pas être trop déçue. Et puis le YAGP n’est pas comme Lausanne où le but principal est de décrocher une bourse. Je me suis dit aussi que c’était peut-être mieux comme ça. Il me reste deux ans de cursus à Lyon. Je compte commencer à passer des auditions pour des compagnies professionnelles l’année prochaine. Est-ce que changer d’école à ce stade aurait été une bonne idée ? Et puis ce mois à New York m’a plutôt confirmée dans l’idée de danser en Europe. La façon de danser aux États-Unis me correspond peut-être moins. Moi, j’adore le style Opéra de Paris, l’école française, c’est ce qui me fait le plus rêver. Et puis j’ai l’impression que la vie en général est différente aux États-Unis qu’en Europe.

 

Que retenez-vous globalement de toute cette expérience au YAGP ?

J’ai appris à me faire confiance. Partir à New York un mois me faisait un peu peur, au final j’ai été capable de le faire. Ça m’a fait beaucoup progresser. Je n’aime pas me regarder en vidéo, mais quand je vois la façon dont je dansais ma variation au début de la saison, et ce que j’en ai fait, je me dis que, quand même, c’est super bien. Cela m’a mis en confiance pour la suite.

 

Après le YAGP, vous pensez au Prix de Lausanne ?

Je ne sais pas. Lausanne est un concours qui m’a beaucoup fait rêver, et qui me fait toujours rêver. J’y réfléchis. Lausanne, ça met des étoiles dans les yeux, mais je ne veux pas non plus rentrer dans ce monde de concours, je ne viens pas de ce genre de chose.

 

Où en êtes-vous de votre cursus au CNSMDL ?

Je rentre en 3e année en septembre, qui est une année assez importante avec notre Certificat d’interprétation. Cela fait beaucoup progresser car on a beaucoup de choses à passer : une variation classique imposée, une variation classique libre, une variation contemporaine, une création et un pas de deux. C’est donc une année assez chargée, mais j’aimerais bien commencer à passer des auditions pour des compagnies professionnelles.

Anaëlle Mariat dans les coulisses du YAGP à New York

Le CNSMDL a une image d’une formation plutôt néo-classique. Qu’en est-il dans la réalité ?

Nous sommes des élèves venant d’horizons différents et qui iront dans des horizons différents. Nous sommes très polyvalents, on fait beaucoup de styles différents. Le Jeune Ballet classique, qui correspond à la quatrième année, est surtout néo-classique. Mais les trois ans de formation avant sont très classiques. Au spectacle cette année, j’ai dansé Soir de fête, Suite en blanc l’année dernière. Le cursus danse contemporaine a un excellent niveau et il a un peu tendance à nous faire de l’ombre. Pourtant nous sommes là les classiques ! Et nous avons de super professeur.e.s.

 

Quels sont vos rêves dans votre vie professionnelle ?

J’aime beaucoup le Ballet de l’Opéra de Vienne, le Ballet de l’Opéra de Paris, le Royal Ballet de Londres, comme tout le monde ! Je suis aussi beaucoup le Birmingham Royal Ballet,  le Ballet de Bavière, le Ballet de Stuttgart, les compagnies françaises comme le Ballet de Bordeaux ou le Ballet du Capitole. Je suis beaucoup de compagnies dans l’ensemble, via les réseaux sociaux.

 

Poster un commentaire